Sachez que l'homophobie dans les tribunes des stades de football n'existe pas. Vous avez dû rêver.
C'est en tout cas ce qu'affirme le président de l'association "Foot Ensemble", le 19 juin dernier sur X:
Réellement ; tout le milieu du foot le sait. L’homophobie n’est pas dans les tribunes, mais plutôt dans les vestiaires et dans les centres de formation … y a pas de comparaison…
— yoann lemaire (@LemaireYoann) June 19, 2025
Depuis des années, cette association partenaire de la Ligue de Football Professionnel (LFP), de la Fédération Française de Football (FFF) et des ministres des Sports successifs multiplie les interventions dans les médias pour soutenir systématiquement ses partenaires et leurs initiatives dans le champ de l'homophobie, avec le succès que l'on sait.
Et cela ne date pas d'hier.
Alors que l'ex-présidente de la LFP, Nathalie Boy de la Tour, provoque un scandale national en déclarant dans les colonnes du Parisien le 25 mars 2019 que l' "homophobie est le "folklore des supporters" en tribunes, le président de Foot Ensemble vole à son secours: « Non, Nathalie Boy de la Tour ne banalise pas l'homophobie dans les stades ! », "Je trouve que les attaques à l'encontre de Nathalie Boy de la Tour ne sont vraiment pas justifiées.", "Je suis persuadé que Nathalie Boy de la Tour n'a jamais eu la volonté de minimiser le problème de l'homophobie dans les stades." (Le Point, 28 mars 2019).
On a connu plus engagé dans la lutte contre l'homophobie, alors qu'un jeune LGBT+ se retrouve 2 à 7 fois plus exposé au risque de suicide qu'un jeune hétérosexuel du même âge.
Quant à la nécessité de sanctionner les chants homophobes en tribunes (volet logique et complémentaire à la prévention) Foot Ensemble ne ménage pas ses efforts pour s'y opposer et prend encore et encore (tiens tiens) la défense de la LFP: "Chants homophobes dans les stades de football : la LFP "ne peut pas faire grand-chose" contre, estime le président de l'association Foot Ensemble", "Je trouve que c'est inutile, ça ne sert à rien." (France info, 2 octobre 2023) ou encore: "Les sanctions financières ou disciplinaires ne servent à rien" (Le Parisien, 8 juin 2023).
On voudrait consolider la culture de l'impunité dont bénéficie l'homophobie dans le football et dégager la LFP de ses responsabilités, qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
Tout cela a fini par agacer, voire indigner, celles et ceux qui sont engagé·e·s sans compromission dans la lutte contre les violences homophobes, dont la puissante Fédération LGBTI+ qui représente l'ensemble des Centres LGBTI+ de France, et qui déclare dans un communiqué: "Dans un entretien à l’hebdomadaire le Point, le 4 octobre dernier, Yoann Lemaire (président de l’association Foot ensemble) préconise de « faire la pédagogie » et pointe le caractère « contre-productif » des sanctions destinées à punir l’homophobie dans les stades de football. Il réitère ainsi des propos tenus sur France Info le 2 octobre dernier. Ce positionnement ne correspond ni à celui majoritaire du mouvement LGBTI+ de France, ni à celui de la Fédération LGBTI+."
Et pourtant...
Et pourtant, l'association Foot Ensemble reste encore, en 2025, un interlocuteur privilégié du ministère des Sports dans la lutte contre l'homophobie dans le football, comme en atteste sa présence aux côtés de la ministre Marie Barsacq le 16 juin dernier:
Plaisir d'être convié à la réunion des associations de lutte pour la cause LGBT+ par la Ministre des Sports, Marie Barsacq, et en présence de Mathias Ott (DILCRAH). Un long moment d'échanges constructif sur les problématiques actuelles de l'homophobie dans le sport. @FFF @LFPfr pic.twitter.com/L2x13TAevm
— yoann lemaire (@LemaireYoann) June 16, 2025
Et pourtant, année après année, saison après saison du Championnat de France organisé par la LFP, nous alertons, nous donnons la preuve que les manifestations d'homophobie sont systématiques, décomplexées, confortées par la culture de l'impunité dans les tribunes:
Et tant d'autres exemples que nous consignons méthodiquement sur notre chaîne Youtube pour ne pas laisser prospérer le déni de réalité et l'inaction concernant l'homophobie dans les tribunes des stades de football: ici, là, ou bien ici, ou là, et encore ici, ou là, ou encore là, mais aussi ici, ou là, ou bien là, ou ici, encore là, et ici, sans oublier ici, et là, et là aussi, ici aussi, et puis là, et ici, ah oui ici aussi, et là, sans oublier ici, et là, ou encore là.
Ce déni grotesque, inadmissible doit cesser urgemment et ceux qui l'entretiennent doivent en répondre, dans un contexte où, “en 2024, près de 4 800 atteintes visant des personnes #LGBTQIA+ avaient été recensées en France, selon le ministère de l'Intérieur. Depuis 2016, ces violences augmentent en moyenne de 15 % par an.”
Ce déni doit cesser car il est totalement incompatible avec les annonces d'"intransigeance" contre les chants homophobes dans les tribunes, exprimées par le président de la Fédération Française de Football à l'occasion du premier Tournoi des Fiertés, le 18 mai dernier, en présence de la ministre des Sports.
Nous appelons Frédéric Thiriez, Président du Conseil d'Éthique de la Fédération Française de Football, à se saisir de cette affaire, à évaluer, à examiner de près et à se prononcer sur le bien-fondé et le reconduction du partenariat avec une association aussi décriée, et à prendre en conséquence les mesures nécessaires à la bonne conduite de la lutte contre l'homophobie dans les stades de football, en ce qui concerne l'enjeu fondamental des partenariats.