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Le collectif des anciens salariés licenciés abusivement par CGLU Afrique

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Billet de blog 12 août 2025

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Le collectif des anciens salariés licenciés abusivement par CGLU Afrique

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Supplique à SM le Roi Mohammed VI par les anciens salariés de CGLU Afrique

Supplique à Sa Majesté par le collectif d’anciens salariés, composé de marocains et de subsahariens victimes d’un licenciement abusif, rétroactif et sans versement intégral des sommes dues par l’organisation CGLU Afrique, bénéficiaire de subventions du ministère marocain de l’Intérieur. Basée à Rabat, l’organisation refuse d’honorer ses engagements et viole les dispositions du Code du travail.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

À Sa Majesté le Roi Mohammed VI,
Souverain du Royaume du Maroc, que Dieu Le glorifie,

Votre Majesté,

C’est le cœur lourd que nous nous adressons à Vous concernant l’injustice flagrante qui nous ronge depuis plus d’un an et demi. Nous, collectif d’anciens salariés composé de marocains et de subsahariens, sommes victimes d’un licenciement abusif, rétroactif et sans versement intégral des sommes qui nous sont dues par l’organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique), bénéficiaire de subventions du ministère marocain de l’Intérieur et basée à Rabat. Aujourd’hui, l’organisation refuse d’honorer ses engagements et viole les dispositions du Code du travail.

Section africaine de l’organisation mondiale CGLU, son leadership politique est un comité exécutif composé de quinze élus locaux, et de trois membres ex-officio, à savoir, la Présidente du Réseau des Femmes Élues Locales d’Afrique (REFELA), qui est la Commission Permanente pour l’Égalité des Genres de CGLU Afrique ; le Président du Forum des Régions d’Afrique (FORAF) et le Président du Réseau des Jeunes Élus Locaux d’Afrique (YELO). Cette organisation bénéficie d’un statut diplomatique octroyé par le Royaume du Maroc, pays hôte depuis 2008.

Nous avons travaillé avec dévouement pendant plusieurs années sous l’autorité du Secrétaire général Jean Pierre Elong Mbassi. Pourtant, nos conditions de travail ne furent pas appropriées : non-paiement de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) ni de l’impôt sur le revenu (IR), prise en charge irrégulière de l’assurance maladie complémentaire, et pour les travailleurs étrangers, des contrats non visés par le ministère de l’Emploi comme l’exige la réglementation marocaine. Malgré cela, nous avons persévéré dans l’intérêt de l’Afrique locale.

Début 2024, la situation a atteint son paroxysme. Nous avions été informés que les comptes étaient vides, et la suspension annoncée des financements par les deux principaux bailleurs de fonds de CGLU Afrique, l’Union Européenne et le Royaume du Maroc, a plongé l’organisation dans une crise profonde. Nous avons vécu un véritable calvaire : pendant un an, voire plus pour certains d’entre nous, nous n’avions plus de salaire pour faire vivre nos familles, pas de couverture sociale pour nous soigner, et vivons encore aujourd’hui sous la menace constante de poursuites de la Direction Générale des Impôts.

Laissés dans le flou, puis humiliés, nous avons multiplié les démarches :

  • Pétition adressée à Mme Fatimetou Abdel Malick, présidente de CGLU Afrique et dirigeante de la région de Nouakchott (Mauritanie)
  • Signalement aux institutions nationales : le ministère de l’Intérieur et sa Direction Générale des Collectivités Territoriales (DGCT), ministère public, ministère de la Justice, Conseil National des Droits de l’Homme…
  • Négociations officielles avec le Secrétaire général en présence de l’inspectrice du travail

Malgré nos efforts, peu a changé.

Votre Majesté, permettez nous de relater les faits. Le 26 août 2024, nous avons été convoqués à une réunion par le Secrétaire général. Il nous a annoncé la création d’un comité Ad Hoc pour gérer la crise financière. Deux de ses membres étaient présents : M. Mounir Lymouri, maire de Tanger (Maroc), et M. Oumar Ba, maire de Ndiob (Sénégal). Ces derniers nous ont annoncé qu’il était nécessaire de licencier la moitié des effectifs à travers une restructuration pour remédier à la crise.

Nous avons subi un processus de restructuration mené par le cabinet LMS ORH. Celui-ci a débouché, le 3 janvier 2025, sur un licenciement entaché de vices de consentement, dont la notification écrite était assortie d’un procès-verbal de conciliation frauduleux, prétendument établi par l’inspection du travail. Ce document visait à nous contraindre à accepter moins de neuf mois de salaire, sans indemnités ni dommages et intérêts, et supprimait notre droit de recours en cas de signature dans le délai imposé d’une semaine. Etonnamment, nous avons découvert dans nos lettres de licenciement datant de janvier 2025, que nos contrats à durée indéterminée (CDI) auraient pris fin en septembre 2024.

Suite à notre demande d’explication, le Secrétaire général de CGLU Afrique, M. Jean Pierre Elong Mbassi, nous a informés que ces décisions ont été prises par les Comités Exécutif et Ad Hoc de CGLU Afrique, sous les conseils du cabinet LMS ORH (rémunéré), et que la supervision de l’exécution de ces décisions était confiée au maire de Tanger, M. Mounir Lymouri.

Nous avons contesté cette décision et nous avons lutté dans un contexte de harcèlement psychologique et de grande vulnérabilité. Nous avons obtenu la maigre compensation que nous proposait CGLU Afrique, et nous avons pu établir, le 29 janvier 2025, avec la véritable inspectrice du travail en charge des organisations internationales et le Secrétaire général de CGLU Afrique, un procès-verbal fidèle aux faits. Nous avons également exigé des reconnaissances de dettes couvrant le reste des arriérés de salaires impayés, indemnités et dommages et intérêts. C’est ainsi que ces reconnaissances de dettes assorties d’échéanciers ont été signées et légalisées auprès des autorités compétentes avec notre ancien employeur et représentant légal de CGLU Afrique, M. Jean Pierre Elong Mbassi.

Nos droits bafoués pendant que CGLU Afrique reçoit des fonds publics

Le premier échéancier, datant du 30 juin 2025, n’a pas été honoré, en dépit des reconnaissances de dettes signées et des engagements exprimés par le Secrétaire général. Ensuite, M. Jean Pierre Elong Mbassi nous a annoncé par écrit, le 31 juillet 2025, que le comité exécutif a décidé que nous n’aurons pas nos arriérés de salaires, et qu’il fallait attendre le mois de décembre 2025 pour l’examen des « sommes complémentaires » négociées.

Or, la suspension des financements par le ministère de l’Intérieur marocain a été levée, et CGLU Afrique a récemment bénéficié de deux versements de fonds publics, entre autres. Nos appels et messages auprès du maire de Tanger et président de l'Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC), désigné cosignataire des décaissements des fonds marocains lors de la crise, restent sans réponse.

Nous avons consenti de grands efforts pour éviter une procédure judiciaire, dans un esprit de dialogue et de responsabilité. Nous avons subi de plein fouet une crise que nous n’avons pas causée. Pendant une année et plus, nous avons enduré cette situation sans salaire, ni CNSS pour le plan de retraite, ni Assurance Maladie Obligatoire (AMO) pour la prise en charge médicale. De bonne foi, nous avons souffert en silence, avec pour seul objectif de préserver une issue à l’amiable et qui préserve nos droits.

Pendant cette situation intenable, la réputation de CGLU Afrique s’est détériorée, et cela nous porte préjudice dans notre recherche d’emploi, et jette une ombre injuste sur le travail que nous avons abattu pour la cause de l’Afrique locale ainsi que sur notre parcours professionnel.

Appel à la Haute Bienveillance de Sa Majesté le Roi Mohammed VI

Aujourd’hui, nous sommes indignés par le mépris avec lequel notre dossier est traité, malgré la gravité des faits, la légitimité de nos droits et la patience dont nous avons fait preuve. Nous ne comprenons pas pourquoi nous continuons de souffrir alors que l’organisation reçoit des fonds publics marocains.

Nous saisissons cette occasion pour exprimer à Votre Majesté notre profonde gratitude pour Votre Bienveillance et Votre Sollicitude envers les citoyens marocains et la communauté africaine. Nous avons l’honneur et la fierté de vivre et d’exercer dans un pays que nous respectons profondément.

Votre vision d’un Maroc solidaire, ouvert et juste a inspiré nombre d’entre nous à œuvrer avec dévouement pour la coopération africaine. Il est d’autant plus douloureux d’avoir été abandonnés par une organisation pourtant abritée et soutenue par le Royaume du Maroc. Cette situation est par ailleurs complexe, par le statut diplomatique qui peut ralentir les recours judiciaires et compliquer toute saisie ou exécution de jugement.

Il n’empêche que le cadre juridique existe, il est solide et équitable. C’est ce qui fonde notre espoir. Nous croyons en l’État de Droit dont Votre Majesté est le Garant, en ses institutions, en la justice du Royaume et en son Code du travail. Mais face à cette situation d’impunité, où nos droits les plus élémentaires sont bafoués, nous nous tournons vers Votre Haute Bienveillance.

Convaincus de Vos Nobles Principes de justice et de Votre Souci de préserver à la Nation sa réputation d’État de Droit, nous implorons Votre Majesté de bien vouloir intervenir pour nous, anciens salariés injustement sacrifiés par une organisation internationale subventionnée par l’État marocain, pour qu’un terme juste et définitif soit mis à ce douloureux chapitre.

Avec la plus grande considération et le profond respect que nous portons à Votre Majesté,
Le collectif des anciens salariés licenciés abusivement par CGLU Afrique


Contact : sla.collectif@outlook.com

Accord de siège entre le Gouvernement du Royaume du Maroc et CGLU Afrique (Page 4 du bulletin officiel)  

Statuts de CGLU Afrique

Notre supplique en anglais


Nous avons choisi de publier cette lettre ici car c’est un espace libre d’expression accessible au public. Ce choix ne porte aucun objectif politique ni polémique : nous cherchons uniquement à faire entendre notre voix dans un silence qui nous étouffe.

Toute instrumentalisation, distorsion ou lecture idéologique du contenu de cette lettre serait contraire à l’intention de ses auteurs.

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