Le billet d'avion à pas cher a ses dessous de tarmac. Le personnel au sol, à Nantes comme ailleurs, en fait les frais, son exploitation et la précarité forcée garantissant aux consommateurs des tarifs improbables de vols low cost. On est en plein air du temps.
Ça se passe sur le site de l'actuel aéroport de Nantes, géré par Vinci qui en a la concession depuis 2011, avant un nouvel aéroport à Notre Dame des landes qui ne sortira peut être jamais des prairies en bocage.
« La reprise de la concession de l’aéroport par le groupe Vinci en 2011 a changé beaucoup de choses » explique la CGT Aéroport Grand Ouest qui syndique les salariés des différentes entreprises intervenant sur le site de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique.
Le paradoxe, c'est que questions profits, le ciel est sans nuages. Le temps est au beau fixe. Aucun ruissellement, en théorie ou en pratique, ne distribue ces profits aux salarié·es.
Profits au beau fixe, emploi au beau souple
L'activité de cet aéroport de Nantes qui affiche 14 % de croissance en 2016, sans doute plus en 2017, est florissante. La société Vinci qui gère cette machine à profit a décidé d'investir depuis peu dans de nouveaux parkings avions, d'agrandir la zone de filtrage avant les salles d’embarquement et d'octroyer 200 m3 de stockage supplémentaire en augmentant la capacité de son dépôt de carburant. Si Vinci en tire de gros bénéfices, les entreprises implantées sur le site et qui font tourner le service aéroportuaire vont mal.
Outre les contrats précaires en pagaille et le turnover important qu'ils génèrent, on constate des cadences infernales suite à l’augmentation du trafic et l’implantation de multiples compagnies low cost. « Un billet d'avion à moins de 30 euros engendre des conditions de travail exécrables, des salaires au rabais, des employé·es jetables, un mal-être au travail, tout ça dans un silence assourdissant » rappelle le CGT AGO, qui se heurte à un mur, empêchée de discuter avec le grand donneur d'ordre du site, Vinci, qui refuse de rencontre les représentants des salarié·es « qui veulent simplement exprimer leurs difficultés au quotidien, et être entendu·es afin de travailler si possible dans des conditions décentes et dignes. »
Aviapartner dans le rouge, salarié·es dans le noir
Malgré la hausse de 14 % du trafic en 2016, Aviapartner, société d’assistance aéroportuaire dont le siège est à Zaventem, en Belgique et qui opère dans pas mal d'aéroports européens, est en difficultés. Aviapartner Nantes a réalisé près de 10 millions de chiffre d'affaire en 2016, mais son principal client, EasyJet, l'a lâchée pour aller chercher encore moins cher. Aviapartner emploie à Nantes quelques 180 bagagistes et hôtesses d'escale, aux comptoirs d'enregistrement et pour accompagner les passager au pied de l'avion. La société est en procédure de sauvegarde économique depuis décembre 2015. Un transfert de personnel est annoncé pour début novembre 2017, a priori au profit d’une autre compagnie d’assistance toujours plus low cost, avec donc des conditions de travail encore pires. Les conditions de transfert sont opaques pour les salarié·es.
Combien seront repris·es, à quelle conditions de salaire, quel indice d’ancienneté ? Mystère. Ils et elles seront pourtant légitimement en droit d’attendre des informations de la part de leur employeur dans son deal avec la société repreneuse.
Loi travail XXL avant l'heure
Si une chose est bien visible, c'est bien la politique répressive ciblant les syndicalistes. La direction d’Aviapartner veut licencier la secrétaire du CHSCT. Impossible a répondu l’inspection du travail qui a émis un avis défavorable. Peut importe cette étape pour l'employeur qui a introduit un recours au plus haut, auprès du ministère du travail. Muriel Pénicaud, ancienne DRH chez Danone et administratrice des Aéroports de Paris, mais aussi d'Orange et de la SNCF, devrait y prêter une oreille attentive.
Tant qu'a faire, lors de la réunion du prochain CHSCT à la fin du mois d'octobre, la direction d'Aviapartner a prévu de dénoncer tous les accords d’entreprise. Le ton, déjà bien donné, est plus que dans l'air du temps.
« Et si la direction de Vinci Airport de l'aéroport de Nantes fait la sourde oreille, malgré les sollicitations des syndicats, c'est bien qu'elle compte jouer la montre en espérant la mise ne place des ordonnances de la loi travil XXL », souligne la CGT AGO.
Voilà un exemple cinglant des conséquences de la loi El Khomri. Qu’en sera-t-il quand les ordonnances Macron et sa loi travail XXL seront applicables ? Les licenciements facilités, des syndicats muselés, des décisions arbitraires… Le fond de l'air effraie.