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Billet de blog 13 octobre 2016

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LA RELIGION D'HENRI GUILLEMIN

Le sujet, à lui seul, mériterait de bien plus amples développements. Mais, parmi les commentaires suscités par l'annonce d'un prochain colloque consacré à Henri Guillemin et la Commune, certains sont tellement approximatifs (pour ne pas employer des termes plus désobligeants) qu'une mise au point est nécessaire.

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Guillemin a vécu son enfance entre une mère très pieuse et un père républicain rigoureusement athée. Sa mère obtint qu'il reçût une éducation religieuse mais Guillemin raconte qu'il s'est senti écartelé entre des visions du monde à ce point divergentes jusqu'à ce qu'il découvre, grâce à sa rencontre avec Marc Sangnier, qu'il était possible d'être catholique et de gauche, voire d'extrême-gauche. Il s'efforça, tout au long de sa vie, de rester fidèle à cette exigence.

Cela eut pour conséquence, dans son travail, une critique très sévère de l'institution ecclésiale. Depuis un article de 1937 intitulé Par notre faute ( republié par Patrick Berthier dans le Cas Guillemin, Gallimard, 1979) dans lequel il dénonçait la responsabilité de l'Eglise et de son histoire dans la déchristianisation contemporaine, jusqu'à Malheureuse Eglise (Le Seuil, 1992, peu avant sa mort) où il dressait un constat sans concession de l'écart qui s'était creusé, au fil des siècles, entre l'Eglise et la Bonne Nouvelle du Christ. Avec, entre ces deux livres, une Histoire, qui n'est pas tendre, des catholiques français au XIX° siècle (Utovie, 2014) d'où n'émergent que les figures lumineuses de Lacordaire et d'Ozanam, défenseurs de ces pauvres au côté desquels Guillemin n'a cessé d'être, et l'Affaire Jésus (Utovie, 2014) qui entreprenait de faire le point sur l'homme Jésus, à la lumière des travaux les plus récents des exégètes.

N'en déplaise à ceux qui sont convaincus (et qui, de surcroît, n'ont jamais lu Guillemin) qu'un catholique ne peut être au mieux qu'un conservateur, au pire un fanatique séduit pas tous les totalitarismes, sans s'apercevoir qu'ils ne font qu'opposer un dogmatisme à celui même qu'ils critiquent, la catégorie "catholique de gauche" existe et n'a pas à rougir des engagements que ceux qui s'y reconnaissent ont manifesté dans tous les combats pour un monde plus juste (du Front populaire à la Résistance, des prêtres ouvriers aux théologiens de la libération).

Le seul reproche que l'on puisse faire à Guillemin c'est d'avoir voulu baptiser tous ceux chez qui il voyait, par leur comportement et par leurs idées, un souci de justice et de vérité, au prix, parfois, de quelques exaltations et distorsions qui peuvent prêter à sourire.

Mais, c'est un péché véniel ! Au moins est-il sensible à cette étincelle qui peut persister chez les plus sombres. Ce qui est bien la seule façon de ne pas rester coincé dans des archaïsmes pleins de ressentiment et d'aigreur, comme on en voit dans certains commentaires, et de s'ouvrir à un avenir.

Pour connaître le programme du colloque et s'inscrire au colloque c'est sur www.henriguillemin.org.  Toutes les informations sur le colloque sont en page d'accueil.

Patrick RÖDEL

Association Les Ami(e)s d'Henri Guillemin (LAHG)

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