Ces extraits de L’avènement de Monsieur Thiers montrent à la fois le style littéraire Guillemin, direct, clair, et surtout une façon originale d’aller droit au but des enjeux politiques, créant ainsi chez le lecteur comme un brusque courant d’air frais, une secousse, qu’on pourra rejeter, par confort, mais qui laissera des traces, tellement le coeur des choses a été atteint.
"Avant d'avoir conduit la présente enquête, j'ai longtemps cru Thiers responsable de la tragédie [de la Commune]. Ma conviction est faite, maintenant : Thiers n'a pas désiré la guerre civile; il a essayé de l'éviter. Pourquoi ? Par humanité, horreur du sang répandu ? Évidemment non. Ces faiblesses ne sont pas dans son caractère. Il joue contre la majorité un jeu difficile, et c'est dans l'intérêt de ses desseins qu'il redoute un peu ce conflit armé que la majorité royaliste attend, souhaite, exige. (...) M. Thiers n'est pas royaliste, il est thiériste, thiériste et républicain, persuadé que le régime dont il rêve, une "République conservatrice", est le meilleur qui se puisse concevoir pour faire face aux dangers du siècle."
"Le grand danger vient des pauvres, ces esclaves qui doivent demeurer des esclaves dans une société bien organisée. La République conservatrice est, à ses yeux, très supérieure à la monarchie pour le maintien de l'ordre (...) Dans une république, le pouvoir est l'émanation de la volonté générale, laquelle, dans la réalité, est celle de la majorité des citoyens. Plus d'insurrection, dès lors, qui se puisse faire, théoriquement, au nom de la liberté puisque c'est la liberté elle-même, dans une démocratie, qui fait la loi et désigne le pouvoir. Une insurrection, sous la République, est un attentat contre la République. Prodigieux avantage. Il suffit donc de bien mener, chose facile, le suffrage universel pour disposer, grâce à lui, d'une puissance plénière de commandement (...). Une république occupée, dirigée par les conservateurs est infiniment mieux armée et plus efficace qu'une monarchie pour la protection des possédants.".
"Dès Sedan et la chute - ce n'est pas trop tôt ! - de l'Empire, Thiers a la réaction saine de tous les "honnêtes gens" : la paix, la paix tout de suite, sous peine des plus lourds périls d'ordre social. Il se félicite de l'action virile menée par les Jules en faveur des "intérêts" sacrés, mais il se garde, en dépit de leurs supplications, d'entrer dans l'équipe gouvernementale. C'est là un commando sacrifié, providentiellement surgi, mais il ne lui convient pas d'associer sa fortune (enfin va sonner l'heure de son avènement) à celle des Favre et autres Picard qui ne peuvent manquer de se couler, nationalement, dans l'indispensable mais fâcheux travail dont ils ont le bon esprit de se charger. Il leur donne sa bénédiction, il les aidera, cela va sans dire, tant est capital ce qu'ils ont à faire, mais il ne se laissera pas confondre avec eux."
Mettre au grand jour des vérités cachées au nom d'intérêts bien connus, sera le fil rouge du colloque sur le thème "Henri Guillemin et la Commune - le moment du peuple ?" le 19 novembre 2016 à l'Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 à Censier.
Pour s'inscrire dès maintenant au colloque, bénéficier du tarif préférentiel de 12€ (au lieu de 25€ sur place le jour du colloque) et connaître le programme, c'est sur www.henriguillemin.org. Toutes les informations sur le colloque sont en page d'accueil.
Site de l’association Les ami(e)s d’Henri Guillemin : www.henriguillemin.org