Alors que la majorité présidentielle en exercice nous promet plus de travail non payé et de souffrances psychologiques – il s’agirait d’assumer la compétition entre établissements et de déployer encore plus de politiques d’évaluation déconnectées des enjeux de la recherche – nous dénonçons un mandat écoulé et un programme à venir sous le signe de la violence et de l’absurde au regard des enjeux scientifiques et politiques du XXIème siècle.Dans cette temporalité électorale présidentielle, malgré les réticences que chacun·e peut légitimement avoir vis-à-vis d’un régime pensé par une société politique qui n’est clairement plus la nôtre, nous soutenons la dynamique créée autour de l’Union populaire et les qualités du projet de société proposé par l’Avenir en commun : un programme qui prend en charge la profondeur des transformations sociales, écologiques et démocratiques nécessaires.
Le quinquennat passé a attaqué l’esprit scientifique et démocratique à de nombreux égards. La réforme de l’accès aux études supérieures a accru les difficultés que rencontrent les jeunes à trouver des chemins d’émancipation par le savoir. Elle s’est construite en niant le pouvoir des institutions représentatives de l’ESR. Elle est passée en force par la répression, la criminalisation et l’humiliation des mobilisations lycéennes, étudiantes et professionnelles. La majorité présidentielle a atteint le summum de sa caricature lorsqu’elle a participé à une cabale d’extrême-droite sur « l’islamo-gauchisme » alors que nos collègues et étudiants venaient grossir les rangs des millions de personnes qui ont recours à l’aide alimentaire.
L’invention de chimères conservatrices et islamophobes ne redirigera cependant pas la colère qui gronde parmi les précaires de l’ESR. Nous n’avons pas attendu les réformes antisociales de cette majorité pour nous organiser en collectifs, soutenir les mobilisations étudiantes, lancer des Universités Ouvertes afin d’échanger sur nos vies de jeunes chercheurs et discuter de modalités d’actions possibles. C’est dans cette continuité que nous appelons à unir nos voix pour desserrer l’étau qui nous enserre en utilisant les urnes pour reconquérir nos lieux d’enseignement et d’apprentissage, exercer enfin dans une Université publique, ouverte et accessible à tout·es.
La suppression de ParcoursSup, l’ouverture vers plus de titularisation et de contrats doctoraux, et l’allocation d’autonomie de 1063€ par mois pour l’ensemble des jeunes en formation sont salutaires et nécessaires pour retrouver la voie d’une société où les lieux dédiés à la connaissance ne sont pas le privilège des fortuné·es. Une augmentation des minimas sociaux qui augmentera substantiellement les revenus des actuels précaires de l’ESR – doctorant·es, docteur·es, vacataires et contractuel·les – qui nous mettra à l’abri du seuil de pauvreté, exigence basique d’une société démocratique, et pourtant si éloignée des ambitions de la droite radicalisée et de l’extrême-droite. L’avenir en commun propose une autonomie coopérative et émancipatrice, au cœur de l’idée même d’Université. Une politique contre la fausse « autonomie » néo-libérale qui ne valorise que la recherche avec et pour le marché, et transforme l’ESR en entreprise en l’enchaînant à des logiques financières rétrogrades !
Nous avons besoin d’une transformation globale, qui ne laisse personne sur le bord de la route : notre engagement fait écho aux nombreuses luttes portées ces dernières années au sein des hôpitaux, des métiers du travail social, des personnels d’entretien, de la fonction publique, des métiers du transport, des professions judiciaires, contre les Grands projets inutiles et imposés, des populations racisées dans les quartiers laissés pour compte, et bien sûr, des marches climat et des gilets jaunes.
Nous sommes convaincus que contre celles et ceux qui détruisent nos solidarités, nos milieux de vie et nos institutions démocratiques, le mouvement de l’Union populaire et le programme de l’avenir en commun sont les plus à même de porter un autre monde dans le contexte de l’élection présidentielle. La société de l’écologie populaire que nous voulons construire est déjà une réalité dans les villes, les champs, les forêts – les territoires du monde entier – : chaque élection est une occasion de la renforcer en lui faisant passer un cap supplémentaire. Il s’agit aussi de protéger nos services publics et nos communs des réactionnaires qui s’enrichissent de la misère et des crises.
Le projet que dessine l’avenir en commun, « d’harmonie des humains entre eux et avec la nature », favoriserait les conditions d’une émancipation de tout·es, ainsi que d’une recherche libre, interdisciplinaire, composée de toute sa diversité et en lien avec les autres institutions démocratiques de la vie sociale : la recherche dont notre siècle a besoin pour comprendre et apprendre des défis que nous traversons. Le Parlement de l’Union populaire concrétise le lien nécessaire entre les mouvements sociaux, les syndicats, les associations, les intellectuel·les et la vie populaire. Dans le cas d’une élection de Jean-Luc Mélenchon à la présidence de la République, ce ne serait qu’un début. En tant que jeunes chercheur·euses et personnel·les de l’ESR, nous avons hâte de contribuer au formidable élan que serait une refondation de notre vie sociale sur des bases égalitaires, féministes, anti-racistes et écologistes ! Ensemble, nous abattrons les discriminations et garantirons que les besoins écologiques essentiels deviennent des droits inaliénables au-delà des frontières !
Signé : un collectif de précaires de l'enseignement supérieur et de la recherche
Pour participer : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSflcH4dOZIwSAOVc-mJvjed8YNNRpOzJxTouhsZFTWJ6K2WWA/viewform