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Billet de blog 27 mars 2023

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Radicalisons la démocratie

Aujourd’hui, tout le monde se revendique de la démocratie, des partis sociaux-démocrates dans le monde entier, jusqu’aux Démocrates de Suède, un parti d’extrême droite, en passant par la CDU allemande. Il nous faut donc choisir une définition claire et radicale de la démocratie, qui pourrait servir de boussole politique pour toute la gauche : l'égalité dans le pouvoir.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La démocratie est un terme qui a été tellement utilisé par toutes les forces politiques qu’il en a perdu son sens. Pour illustrer le flou artistique dans lequel on se trouve lorsqu’on parle de démocratie, citons l’abbé Sieyès, révolutionnaire de 1789 :

« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. »

Ici, Sieyès oppose très clairement la démocratie, c’est-à-dire le pouvoir par le peuple, et la représentation, c’est-à-dire le pouvoir par les représentants élus par le peuple. Or, le pouvoir exercé par les représentants de peuples, c’est ce qu’on appelle communément la démocratie. 

Pour essayer de sortir de ce brouillard sémantique nous devons nous diriger vers une définition claire et radicale de la démocratie : l’égalité dans le pouvoir.

Cette définition implique plusieurs choses importantes à noter. Tout d’abord, il n’y a pas « les démocraties » d’un côté, et « les dictatures » de l’autre. Il y a une multitude de sociétés différentes plus ou moins démocratiques, plus ou moins égalitaires dans le pouvoir.

Ensuite, le peuple doit concrètement pouvoir contrôler l’État. Cela passe par plus de démocratie directe (conventions citoyennes munies de vrais pouvoirs, votation, communes fonctionnant en démocratie directe), la lutte contre la corruption et les lobbys, contre la confiscation du débat public par des médias contrôlés par les classes dominants, des choix de scrutins plus démocratiques (proportionnel, jugement majoritaire) et la représentativité sociale des élus. Sans oublier de se séparer de certaines aberrations comme l’absence de droit de vote des étrangers, qui sont tout autant capable de prendre de bonne décision, et tout autant concernés par les conséquences de ces décisions.

Enfin, l’idée dont il faut vraiment se débarrasser, c’est que la démocratie s’arrêterait au contrôle de l’État par le peuple : la démocratie doit s’étendre aussi dans l’entreprise, dans l’école, dans la famille et dans tous les autres secteurs de la société. Concrètement, la démocratie dans l’entreprise cela veut dire se battre pour soutenir le modèle des SCOP et renforcer le pouvoir des syndicats au sein de chaque entreprise. La démocratie dans l’école, c’est la grande idée de l’éducation populaire, qui s’oppose à une éducation bourgeoise oppressive et discriminante. La démocratie dans la famille, c’est en même temps la protection des enfants, dans leur individualité et leur volonté propre, et la lutte contre le patriarcat, qui déséquilibre les rapports de forces au sein des couples. La démocratie a aussi un volet géopolitique, par la lutte contre les néocolonialismes, les impérialismes et les états oppressifs qui tentent empêcher les peuples à exercer leur droit à l’autodétermination.

La lutte pour cette démocratie radicale recoupe donc les luttes sociales, féministes, décoloniales, altermondialistes, et bien d’autres. 

Mais la démocratie doit aussi être un cap qui permet de prévenir certaines dérives de la gauche. Par exemple, l’erreur fondamentale des Soviétiques en 1917 a été, pour se prémunir de la contre-révolution, de concentrer tous les pouvoirs dans la main d’un petit groupe de membres du parti. Ce faisant, au lieu de faire une dictature du prolétariat, ils ont fait une dictature tout court. L’échec de l’URSS peut se comprendre par cet oubli de la démocratie.

Faisons de la démocratie l’idéal fondateur de toute la gauche ! Affirmons que la révolution française n’était que le germe d’une vraie démocratie populaire que nous devons construire ensemble ! Revendiquons donc une définition radicale de la démocratie : l'égalité dans le pouvoir !

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