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Billet de blog 29 novembre 2022

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4 raisons pour lesquelles l'espéranto doit être dans tous les programmes de gauche

La langue internationale espéranto a été absente des programmes de la gauche lors des dernières élections. Or, selon moi, le projet de l'espéranto est tout à fait cohérent avec les valeurs portées par l'ensemble des partis de gauche. Voici quatre raisons pour convaincre tous les gauchistes de se battre pour que l'espéranto devienne la langue internationale auxiliaire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Introduction : C’est quoi l’espéranto

Commençons par rappeler ce qu’est l’espéranto. L’espéranto est une langue créée artificiellement, inventée en 1887 par Louis-Lazare Zamenhof, ophtalmologue polonais. Elle a toujours eu le même but, servir de langue internationale auxiliaire, c’est-à-dire de langue pour la communication entre les personnes qui n’ont aucune autre langue en commun. Vous pourriez considérer que l’anglais remplit très bien cette fonction et que l’espéranto n’a donc aucune utilité. Mais l’espéranto a plusieurs avantages majeurs : il est extrêmement facile à apprendre (environ 10 fois plus rapide que l’anglais) et il n’appartient à personne, donc permet une égalité renforcée entre les individus et entre les peuples. De plus, cette langue est déjà parlée par 2 millions de personnes dans le monde. Je ne peux que vous conseiller de regarder cette très bonne vidéo sur l’histoire de l’Espéranto : www.youtube.com/watch?v=LDUszgj24ww

1. La lutte contre l’impérialisme ne peut pas exclure la question de l’impérialisme linguistique

Les Etats-Unis exercent leur puissance dans le monde entier, renforçant un ressentiment contre les pays occidentaux. La langue anglaise est un des outils de cette domination. En effet, si les œuvres culturelles américaines et britanniques sont hégémoniques c’est en partie grâce à leur langue, la plus parlée dans le monde et apprise dans presque toute les écoles. On sait aussi qu’être un locuteur natif de l’anglais est un grand avantage dans les négociations internationales.

Les luttes décoloniales et altermondialistes sont au cœur du projet de la gauche. Or, elles ne peuvent pas ignorer la question linguistique, qui est au cœur des mécanismes de domination à l’internationale. La seule alternative à cette hégémonie linguistique des anglophones, c’est l’espéranto. L’espéranto n’est la langue maternelle de (presque) personne, et elle est accessible à toute l’humanité, car bien plus facile à apprendre que l’anglais, surtout pour les gens ayant une langue non-européenne. Pour résumer : c’est la langue de personne, donc de tout le monde.

2. L’espéranto est un projet d’ouverture, face aux idées nationalistes et xénophobes

En France, l’extrême droite prospère et se rapproche chaque année du pouvoir. Dans le même temps, leurs idées racistes et xénophobes infusent les autres partis, avec la quasi-victoire de Ciotti à la primaire de la droite, la phrase de Pécresse sur le grand remplacement, et Darmanin qui trouve Marine Le Pen trop molle à propos de l’Islam. La prospérité de leurs idées et de leurs partis se fondent sur le rejet, la peur et la haine des gens considérés comme différents.

Or pour lutter contre ces idées, il faut proposer une alternative, basée sur les valeurs d’ouverture sur le monde, d’échange, d’universalité, d’égalité, de fraternité. L’espéranto est totalement dans cette lignée.

3. L’espéranto est un moyen de réduire les inégalités à l’école et dans le monde du travail

 Dans une bonne partie du monde du travail, notamment dans les métiers les mieux valorisés et payés, un bon niveau en anglais est souvent obligatoire, or l’anglais est loin d’être maîtrisé par la majorité des Français, malgré presque un millier d’heure d’enseignement pour chaque élève. Ne pas avoir le niveau requis peut-être humiliant, surtout lorsqu’on nous dit qu’apprendre l’anglais serait extrêmement facile. L’espéranto donnera l’accès à la langue internationale auxiliaire à toute la population : c’est un projet de progrès social !

4. Espéranto et Europe : une alternative au projet néolibéral

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, pour éviter toute nouvelle guerre en Europe, furent créées des alliances économiques et politiques, d’abord la Communauté économique européenne puis l’Union européenne. L’idée était de rendre les économies si interdépendantes que toute guerre au sein de l’Union serait impossible. L’Union européenne est donc, jusque dans ses textes fondateurs, fondée sur le productivisme, le libéralisme économique et le marché unique. Le vote « oui » ou « non » à la constitution européenne en 2005 a scindé la gauche en deux. La question européenne a été le point de tension programmatique central lors de la création de la NUPES.

Si nous voulons sortir de ce dilemme contre-productif, nous devons admettre qu’il faut pouvoir désobéir aux traités européens pour changer l’Europe et permettre une transition écologique et solidaire. Mais il faut aussi avoir un discours positif sur ce que pourrait apporter une Europe dirigée par la gauche. L’espéranto peut-être un élément clé dans une Europe écosocialiste. Elle peut-être une manière de réunir les peuples européens par une langue commune, et donc aussi une culture commune.

Epilogue : Réponse aux arguments souvent opposée à l’espéranto

L’espéranto est trop européen/occidental, il ne peut/doit pas devenir une langue internationale auxiliaire :

Il est vrai que l’espéranto tire une très grande partie de son vocabulaire des langues indo-européennes, mais ce choix n’a pas été fait que par eurocentrisme. Prenons par exemple le mot « patro », père, cette racine est compréhensible par des milliards de personnes notamment grâce aux anglophones, hispanophones et francophones : les langues indoeuropéenne sont parlés beaucoup et dans le monde entier.

Et l’espéranto est proche des langues occidentales uniquement sur le vocabulaire. En effet, sur certain point, la langue peut ressembler plus à une langue isolante comme le chinois. De plus, il n’y a pas de genre grammatical, il y a deux cas grammaticaux. L’espéranto est beaucoup plus universel qu’il semble au premier regard !

L’espéranto n’a pas marché, donc ne marchera jamais, faut passer à autre chose :

Ce genre de discours défaitiste arrive régulièrement sur tous les sujets, qu’ils soient économiques, écologiques, sociales. Mais quelle est l’intérêt de faire de la politique si on ne croit pas qu’on peut changer les choses ! D’autant plus que jamais aucun gouvernement n’a fait de l’espéranto un objectif central.

En plus, lorsqu’on voit le regain d’intérêt pour l’espéranto depuis Internet et la montée d’une géopolitique multilatérale, de moins en moins dominée par des hyperpuissances, il y a de très bonne raison d’être optimiste pour l’avenir de l’espéranto.

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