Comédies humaines (avatar)

Comédies humaines

Observateur-rice d'(in-)humanités

Abonné·e de Mediapart

19 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 décembre 2010

Comédies humaines (avatar)

Comédies humaines

Observateur-rice d'(in-)humanités

Abonné·e de Mediapart

Le Malien mort qui tenait un marteau

Comédies humaines (avatar)

Comédies humaines

Observateur-rice d'(in-)humanités

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au commencement étaient les faits. Nuit du 29 au 30 novembre 2010. Colombes. Un homme Malien de 38 ans inquiète son colocataire. Celui-ci pense qu’il a "pété les plombs". Prévenue, la police arrive. L’homme tient un marteau. Il reçoit deux décharges de Taser. Il meurt.

Ensuite viennent les questions. L’interprétation qui suit (elle n’engage que son auteur), ne peut évidemment satisfaire la famille ou les amis de la première victime dans le cadre de l'utilisation du Taser en France. Unmort "en situation irrégulière" dans ce pays, comme il est précisé partout.

Aussi dangereux qu'irrégulier, d'ailleurs. Alors là, chapeau, les policiers. Ce forcené était presque aussi bien armé que Pancho Villa, le terrible révolutionnaire Mexicain de la chanson de Gainsbourg. ("Deux fusils quatre pistolets et un couteau à cran d’arrêt..." Un marteau, ce n’est pas la même chanson. Un marteau, ça peut faire de gros dégâts au sein des forces de l’ordre.

Au fait, combien étaient-ils au juste, ces policiers ? Deux, quatre, plus ? L’enquête de l’IGS (Inspection générale des services) le dira et on nous le dira peut-être. Quel que soit leur nombre, leur expérience, leur entraînement, ils ont déclaré s’être sentis menacés. Selon eux, un, ou même plusieurs fonctionnaires, ont été frappés à coups de marteau.

D’où les deux coups de Taser précédés de l'utilisation de gaz lacrymogène pendant une course poursuite. Les policiers n’ont donc pas employé l’une des autres manières possibles: Ou bien, « Monsieur on se calme ». Ou bien, si le Monsieur fait le sourd, Pif !Paf ! Boum… menottes.

Mais est-ce que le Taser, ce ne serait quand même pas …moins pire que l’intervention du Raid ou du GIGN avec leurs camionnettes blindées bourrées de tireurs d’élite ? Pour le sommeil des riverains, certainement. Côté résultats, un doute s’insinue…

L’enquête va suivre son cours et pendant ce temps, RAIDH (Réseau d’Alerte et d’intervention pour les Droits de l’Homme) continue son combat contre l’usage irraisonné du Taser. Dans un communiqué, le réseau, "qui mène campagne en faveur d’une régulation des conditions d’usage et de dotation de cette arme qui adresse une décharge de 50 000 volts, ne peut que regretter la surdité des pouvoirs publics face à nos multiples alertes quant aux dangers du Taser X26 dont sont équipés plus de 4000 policiers et gendarmes en France."

En septembre 2009, RAIDH avait été suivi par le Conseil d'Etat qui avait annulé un décret autorisant les policiers municipaux à être dotés de Taser. De son côté, droit dans son rôle, Brice Hortefeux justifie sans enquête préalable les policiers qui, "face à l'agressivité de cette personne" ont été "contraints d'utiliser le pistolet à impulsions électriques."

Hortefeux, infatigable mère poule des poulets. On n'a rien fait de mieux depuis le bon M. Marcellin sous de Gaulle et Pompidou. Si on peut se permettre, Monsieur le Ministre.

Jean-Pierre Robert.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.