Article premier: La pipe de Tati Jacques, cinéaste et comédien (1907-1982) lui sera rendue à titre posthume.
Article 2: Malraux André , écrivain et ancien ministre (1901-1976), Gainsbourg Serge, auteur, compositeur, interprête ( 1928-1991) Luke Lucky (cow boy solitaire (1946-...) seront de nouveau autorisés à fumer sur tout portrait, photo, timbre poste, statue, etc, les représentant.
Evidemment, la proposition de loi que Didier Mathus, député socialiste de Saône et Loire, vient de déposer à l'Assemblée, ne sera pas rédigée de cette façon. Mais elle a bien été déposée au nom du groupe PS et approuvée à l'unanimité par celui-ci. Elle vise, selon le site du Nouvel Observateur , "à obtenir un aménagement de la loi (qui interdit la publicité en faveur du tabac) afin d’arrêter «de falsifier l’histoire au nom de la vertu sanitaire.»
Voilà qui est bien dit. Même si ça ne va pas régler le problème du chomage ni celui des dérives sécuritaires ambiantes. Mais cela prouve quand même que le PS s'intéresse au monde dans lequel on vit. Ecoutons le député : "La loi Evin a donné lieu à un concours d’absurdités. Effacer la Boyard de Sartre, gommer le mégot de Malraux ou de Gainsbourg, remplacer la pipe de Monsieur Hulot par un ridicule moulin à vent, sont autant de réinterprétations grotesques, de falsifications de l’histoire. C’est pourquoi, je propose d’ajouter une dérogation à celles déjà contenues dans la loi Evin, qui s’appliquerait aux œuvres de l’esprit, à l’exception de celles qui seraient financées par l’industrie du tabac."
La plupart des anticlopes vont lui tomber dessus. Mais les grands polémistes de la taille de Xavier Bertrand (actuel ministre de la Santé), peuvent s'abstenir de ricaner en disant, par exemple, que les socialistes tirent sur un des leurs, Claude Evin. En 2009, celui-ci avait qualifié de «ridicule» la manipulation sur les documents de l'exposition consacrée à Tati et ses "Vacances de M. Hulot." , des "artistes" de la retouche numérique ayant remplacé la célèbre bouffarde par un grotesque joujou d'enfant aux ailes de moulin à vent.
En réalité, Didier Mathus et ses amis politiques n'ont aucune illusion. Leur proposition n'a que peu ou pas de chances d'aboutir.Déjà pour la bonne raison qu'elle n'est pas du tout dans la ligne du punir plutôt que prévenir et ne contient pas les mots clés nécessaires pour se faire entendre dans le sarkosystème (inadmissible, détermination sans faille, etc...)
Et si polémique il doit y avoir, place aux chiffres.Les derniers de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), indiquent que "plus de quatre jeunes de 17 ans sur dix (41 %) déclarent avoir consommé du tabac au cours des trente derniers jours." Ce qui tendrait à relativiser les résultats des fameuses ligues de "vertu sanitaire" exigeant que l'on retouche, à la manière soviétique, les clichés de Malraux, Tati ou Sartre.
Et d'ailleurs, avez-vous déjà rencontré un(e) ado qui proclame : "depuis que Gainsbourg ne fume plus sur les photos, j'ai arrêté moi-aussi"?
Jean-Pierre Robert.