Comédies humaines (avatar)

Comédies humaines

Observateur-rice d'(in-)humanités

Abonné·e de Mediapart

19 Billets

0 Édition

Billet de blog 24 décembre 2010

Comédies humaines (avatar)

Comédies humaines

Observateur-rice d'(in-)humanités

Abonné·e de Mediapart

Traiter son patron de « hijo de puta » ne mérite pas licenciement…en Espagne

Comédies humaines (avatar)

Comédies humaines

Observateur-rice d'(in-)humanités

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Publié sur Jobetic

Dire à son chef que son génie illumine le secteur de la machine outil ou le marché de la sardine en boite est une flagornerie qui peut avoir du mal à passer. En revanche, lui faire savoir le plus souvent possible qu'on est de son avis ne devrait pas poser trop de problèmes. Mais le traiter publiquement de "hijo de puta" (traduction: "fils de pute"), comme l'a fait une salariée espagnole ? C'est la mise à la porte assurée... en principe.

Au moment où elle a ainsi injurié son patron, Bibiana travaillait dans une société madrilène de formation quand le chef d'entreprise a décidé de mettre ses collaborateurs au chômage technique et de réduire leurs salaires. Pour prix de sa robuste franchise, Biriana a été licenciée pour faute grave. C'était en 2008. Deux ans plus tard, la correspondante en Espagne de Rue89, Elodie Cuzin, révèle qu'un tribunal vient de donner tort à son ex-employeur.

Bibiana ne méritait pas d'être licenciée. Pourquoi? Parce que, explique Rue89, selon le juge, ces expressions "ne peuvent pas être comprises dans leur sens littéral (…) mais dans le contexte de la situation d'extrême tension et de conflit existant dans l'entreprise" (...) "De telles insultes méritent bien un blâme, mais pas un licenciement, la sanction la plus grave conçue dans le droit du travail".

La société a décidé de faire appel. Mais cette affaire n'est pas la seule et des cas similaires se sont produits récemment dans le pays. Notamment celui d'un salarié andalou qui avait esquissé un coup de pied façon karaté en direction de son supérieur, qu’il soupçonnait de vouloir se débarrasser de lui. Licenciement annulé là aussi.

Tout cela ne consolera pas les trois salariés d’Altea, à Boulogne-Billancourt, virés pour "incitation à la rébellion", via leur page Facebook personnelle, alimentée depuis leur domicile. Ils avaient été dénoncés par un excellent collègue. Les Prud’hommes ont, là, donné raison à l’entreprise. Licenciement confirmé.

Il fallait sans doute que leur cas soit gravissime. Auraient-ils traité leurs chefs de crapules staliniennes ? De chiens courants du capitalisme ? Pis encore ? Non. Ils avaient qualifié l’entreprise de "club des néfastes". Ce qui, convenez-en, est beaucoup plus choquant que ce bon vieil "hijo de puta".

Plus sérieusement, le juge espagnol s’est référé pour une part à la tension sociale qui règne dans le pays (taux de chômage, 20%), pour prôner la clémence et prendre en compte l’aspect humain de l’affaire.

De ce côté-ci des Pyrénées…cherchez le bug.

Jean-Pierre Robert.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.