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Billet de blog 30 novembre 2010

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Mon pote l'éboueur, c'était mon patron et je ne le savais pas

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans un reality show diffusé par RMC, des patrons américains «s’infiltrent» dans leur entreprise et mettent les mains dans le cambouis en se faisant passer pour de nouvelles recrues. Révolutionnaire ? Non. Le mythe du patron de proximité a la vie dure. Paternaliste un jour, paternaliste toujours ?

Pour des millions d’Américains, Larry O’Donnel, PDG d’une entreprise américaine spécialisée dans la collecte et le tri de déchets, est un type formidable. Pas nécessairement à cause des performances de Waste Management, mais parce-que Larry, revêtu de l’uniforme maison, casquette verte, chemisette verte estampillée WM, s’est fait passer pour un nouvelle recrue et a vidé les poubelles avec ses nouveaux copains de travail. Tout ça dans l’anonymat le plus total.

Malgré les caméras (cachées) d’ « Undercover Boss » (Le patron infiltré), un reality show qui cartonne en ce moment ? Il semble que oui. Jusqu’au happy end, où le bon Larry, ayant retrouvé son costume de DG, a félicité les employés méritants et promis quelques primes.

Mais en termes d’image, tout le bénéfice est pour Waste Management. Les patrons de grandes entreprises décident de se mettre les mains dans le cambouis, ne répugnant pas aux tâches les plus humbles pour mieux comprendre les problèmes de leurs salariés ? Incroyable, mais vrai ! Il fallait oser, et Larry l’a fait. Tant pis si quelques ingrats, rejoints par un quarteron de bilieux, se répandent sur Radio Parano en disant que c’est surtout un bon moyen d’espionner le personnel.

Il semblerait que l’art du reality show n’en demande pas tant. En tout cas RMC s’est jetée sur le marché en rachetant brut de décoffrage les droits de l’émission made in USA et en diffusant un premier épisode début novembre. M6, elle, compte réaliser bientôt une version purement française en infiltrant des patrons de nos grandes entreprises. Notons au passage que le dirigeant d’une PME aurait du mal à ne pas être reconnu. A moins de travailler avec une fausse barbe, ce qui peut diminuer le rendement.

Mais Carlos Ghosn à l’atelier de soudure des Mégane ou François Pinault au rayon parfumerie du Printemps, on ne demande qu’à voir. Et à constater que ces actes de foi contribuent à redresser l’emploi, ou au moins à faire oublier les récentes et sombres histoires de parachutes dorés et de retraites chapeau de quelques Pdg en fin de parcours.

Donc, une sacrée révolution culturelle en marche ? Pas tout à fait, et même loin de là. Le mythe du patron de proximité a lui aussi une vieille barbe. Nombre d’entreprises ont instauré une journée au cours de laquelle le boss prend la place du chef des ventes, le chef des ventes celle de l’assistante, l’assistante celle du DRH, etc. S’il a la chance d’avoir organisé puis debriefé cette journée échangiste, un bon consultant peut aisément consolider son chiffre d’affaires mensuel…

On ne compte pas non plus les dynasties familiales dans lesquelles le gentil dauphin est obligé de faire ses classes dans les différents services du groupe. Mais là, on est à visage découvert. Cela a été le cas d’Arnaud Lagardère et avant lui de Paul Berliet. Lequel a raconté un jour à l’auteur de ces lignes qu’en prime, chaque dimanche après la messe, le jeune Paul et toute la famille, père, mère et enfants (aux impeccables socquettes blanches), se promenaient dans les allées de l’usine de camions. Et, le long des bâtiments sociaux, serraient la main des ouvriers, qui mettaient casquette basse.

Jean-Pierre Robert

Article également paru sur Jobetic

www.jobetic.net

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