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Billet de blog 14 mai 2023

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Les élections turques : reflet des angoisses de l'Occident sur sa démocratie ?

Aujourd'hui 14 mai 2023 toute la planète attends avec effervescence les résultats des élections présidentielles turques. Le peuple turc vote pour choisir entre réélire son président actuel Recep Tayyip Erdoğan ou pour le remplacer par une coalition. Un regard particulier nous intéresse : celui de la majeure partie des médias occidentaux,

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Aujourd'hui 14 mai 2023 tous les regards de la planète sont tournés vers l'organisation des élections présidentielles et législatives en Turquie et tous les pays attendent avec effervescence les résultats. 
Le peuple turc vote aujourd'hui pour choisir entre la réélection d'un président qui veut continuer à réformer la constitution du pays en accordant de plus en plus de pouvoir au président et une coalition qui y est opposée, souhaite revenir à un régime parlementaire et renouer et prioriser ses relations avec l'Occident. Il est évident que l'issue de ces élections auront des répercutions dans les relations mondiales puisque la Turquie se trouve à une carrefour stratégique entre le Moyen Orient, l'Europe, l'Asie et la Russie et contrôle le détroit du Bosphore.

Un regard particulier nous intéresse : celui de la majeure partie de nos médias occidentaux : ils sont en très grande majorité contre la réélection du président Actuel Recep Tayyip Erdoğan. Pour quelles raisons ?
Conflits d'intérêt géostratégique avec l'Occident (Etats-Unis et Europe) ? Conflits idéologiques ? Refus d'alignement de la Turquie avec la vision de l'Occident sur les conflits au Moyen Orient ? Recherche d'autonomie stratégique ? Les médias occidentaux diabolisent le président turc et expriment le souhait à peine voilé de le voir échouer aux élections.
Mais sont-ce les seules raisons de cette unanimité quasi dogmatique des médias occidentaux contre le président Erdogan ?
Ou peut-être que la vrai raison est plus profonde et serait liée au nouveau modèle politique voir civilisationnel que l'Occident recherche ?

Il y a objectivement une crise profonde de notre modèle démocratique en Occident : crise des gilets jaunes, manque de confiance envers les institutions, imposition de directives européennes, baisse du taux de participation aux élections, mesures anti-démocratique pour faire passer des lois en force, etc


Revenons un peu en arrière. Après la chute du communisme en 1989, l'Occident a porté le modèle démocratique comme un étendard et une période évangélisation tout azimut débuta. Reconnaissons après 3 décennies ce modèle a non seulement échoué à être exporté mais il est aussi arrivé à bout de souffle en Occident. Un modèle qui apparaissait, un temps, être la panacée et devait par la force de la raison, pour le « bien de l'humanité » , devenir le modèle ultime pour tous les pays du monde. Nous connaissons aujourd'hui le résultat du « re-design » du Moyen Orient par les Etats-Unis et de l'Afrique par la France et ses alliés. Deux projets idéologique qui ont échoué car aucun des 2 pays ne comprenait - ou ne voulait comprendre - le fonctionnement de ces peuples ni leur véritable problèmes.
Le printemps arabe fût un dernier sursaut d'espoir pour redonner de la vie à la démocratie occidental désormais en crise et les médias n'ont cessés de percoler dans les esprits un « désir profond de démocratie des Arabes » alors que le problème de fond était d'abord économique : la flambé du prix du pain à cause des spéculateurs.

Où en est la démocratie en Occident, en 2023 ?
En janvier 2023 dans note paisible pays, la Belgique, la RTBF et le journal Le Soir  publiaient une enquête sur la société belge nommée « Noir Jaune Blues » et la tendance  marquante se trouve résumé dans cet article de la chaîne d'état la RTBF  : « Noir Jaune Blues, cinq ans après : un Belge sur deux souhaite une gouvernance autoritaire »,
Comment « autoritaire » ? Dans ce pays qui accueille les institutions européennes et l'OTAN. Les Belges plébisciteraient donc un régime avec un « seul chef qui décide de tout » ? Où les débats sont limités à de la consultation, où les décisions sont prises rapidement et où les conflits de régime n'existent plus puisque il n'y a plus de contre-pouvoir...Du moins jusqu'aux élections suivantes.
Cela ne vous rappelle rien ?

De plus en plus de pays tendent vers ce modèle, pas seulement en Russie, au Moyen Orient, en Afrique mais aussi en Amérique du Sud, en Europe, en Asie et même une tentative des Etats-Unis durant la législature précédente.

Il y a en définitive une concurrence de modèle et si le président turc gagne ces élections cela donnera un message principale à l'Occident : des grands pays comme la Turquie qui après avoir opté pour la démocratie veulent changer de modèle pacifiquement pour avoir « un seul chef qui décide de tout pour les intérêts du pays ». Si ce modèle se répands ce serait une révolution civilisationnel dans un Occident libéral, cela induira, à terme, la dislocation de l'Union européenne, voir des Etats-Unis.

Voici donc, à mon humble avis, et au delà de toute considération de relation internationale la crainte principale qui mobilise les médias occidentaux, vent debout contre la réélection du président turc,  non pas pour son conservatisme, son autoritarisme ou pour le droit des Kurdes mais parce qu'ils savent que désormais les peuple occidentaux observent ces élections turques avec attention et finiront par en tirer les leçons pour leur propre avenir politique.

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