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Billet de blog 10 avril 2025

Comment ça va chez nous?

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Lettre ouverte à Emmanuel Macron, Président de la République française, 10 avril 2025

Monsieur le Président, Que faut-il penser, lorsque depuis plusieurs années des citoyens, toujours plus nombreux et dans un nombre de villes grandissant, s'alarment et alertent en vain au sujet d'enfants laissés à la rue par l'État ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Monsieur le Président,

Que faut-il penser, lorsque depuis plusieurs années des citoyens, toujours plus nombreux et dans un nombre de villes grandissant, s'alarment et alertent en vain au sujet d'enfants laissés à la rue par l'État ?

Que faut-il penser lorsqu’un Préfet donne l'ordre à sa police d'intimider des enseignants parce qu'ils ont abrité dans un établissement scolaire des dizaines d'élèves et leurs parents victimes des fermetures de places d'hébergement d'urgence qui surviennent avec le printemps? 

Que peut-on penser lorsque ce préfet qui n'a pas exclu le recours à la brutalité dans ses consignes éprouve le sentiment de fierté du devoir accompli ? Etait-ce bien là son devoir ?

Monsieur le Président, 

Que doit-on penser lorsque les lois qui depuis plus de quarante années garantissent le droit au logement pour tous, sont quotidiennement bafouées par ceux-là mêmes qui sont censés en être les garants?

Que doit-on penser lorsque la Convention Internationale des Droits de l'Enfant est méprisée sans plus de remords par l'État français qui en est pourtant signataire ?

Que reste-t-il à penser lorsque le Sénat adopte à l'unanimité une résolution pour lutter contre le sans-abrisme des enfants mais que dans le même temps aucune mesure n'est adoptée pour y remédier ?

Que reste-t-il à penser lorsque un président fraîchement élu déclare vaillamment que plus personne ne dormira à la rue dans notre pays et que la situation sept ans plus tard est plus catastrophique que jamais ?

Faut-il penser que ces enfants-là et leurs familles n'ont pas leur place dans notre pays ? Qu'ils n'ont pas vocation à y rester ? Qu'ils n'ont rien à en attendre et rien à lui donner ?

Faut-il vraiment penser cela ?

Parce qu'il s'agit, bien sûr, pour la plupart, d'enfants étrangers, de "migrants". Faut-il alors oublier que les migrations sont constitutives de l'histoire de France comme de celle de l'humanité toute entière ? Que les humains ont toujours migré et continueront à le faire tant qu'ils seront sur Terre? 

Faut-il considérer que la France qui figure parmi les plus grandes puissances mondiales n'a pas les moyens de protéger des enfants de l'horreur absolue de se coucher la nuit dans la rue pour dormir?

Monsieur le Président,

Nous sommes nombreux à penser que si des hommes, des femmes, des jeunes gens et des enfants sont contraints de dormir à la rue dans notre France d'aujourd'hui, ce n'est dû ni à l'impuissance ni à la fatalité mais que c'est le résultat d'une volonté politique qui ne respecte ni les lois de la République, ni les droits de l'Homme ni la simple raison humaniste. C'est le résultat d'une volonté politique cynique et dangereuse qui broie des vies et entraîne la société toute entière dans les périls qui naîtront de cette violence aveugle.

Monsieur le Président,

Il y a pourtant tellement de possibilités d'agir autrement, pour le bien de tous... Nous sommes nombreux à le penser, à le savoir, et à le dire. Mais rien ne change et la situation empire...

Monsieur le Président,

Dès lors,

Que reste-t-il à faire ?

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