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C’est en chantant "À poil les patrons" que les responsables du stand naturiste de la Fête de l’Huma 2016, emballés par l’air d’insoumission qui soufflait sur la Courneuve le week-end dernier, ont déambulé nus dans les allées de la Fête. « La nudité, c’est un symbole de liberté… comme le communisme », a même clamé le vertueux Vice-président de l’Association de promotion du naturisme en liberté (Apnel).
Le seul regret des responsables associatifs a été de ne pouvoir assister au concert de Michel Polnareff sur la grande scène. Le chanteur est néanmoins venu exhiber son derrière au stand. « Je crois qu'il faut qu'on montre ce qu'on a de plus beau. » a-t-il déclaré, s’asseyant sur l’excommunication envoyée sur fessesbook par Christine Boutin.
Le Premier ministre, qui encourage toujours la chasse au burkini sur les plages, a publié un communiqué affirmant que le nokini dans les allées n’était pas conforme aux valeurs de la République. Il est question également que les nageurs en combinaison de plongée, les porteurs de turban et les masseurs naturistes soient interdits au bord des rivières.
Les responsables de l’Apnel, eux, peuvent être satisfaits. L’association a doublé son nombre d’adhérents en trois jours, ce qui a fait quelques envieux dans les partis politiques.
Mais c’est le nombre de candidats à l’élection présidentielle ayant défilé sur le stand naturiste qui a ravi l’association. Une sorte de course à l’échalote pour ceux se réclamant de la gauche digne de ce nom. Autant dire qu’on s’est bien poilé. Passant à toute vitesse devant le stand en construction, Philippe Poutou (NPA) a clamé : « La nue-propriété, c’est le vol. » Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), qui avait pris une option et un créneau il y a plusieurs mois, s’y était installé dès l’aube du samedi, dépouillé de ses fringues (l’austérité…), une cravate rouge en guise de périzonium. Très à l’aise, évitant de rhabiller Hollande pour l’hiver et la nième fois, il a tonné : « Nous sommes des femmes et des hommes libres destinés à construire un avenir et un front commun. Je suis un sans-culotte comme vous, qui tend la main aux nudistes, aux communistes et aux conudistes.» Un appel du pied parvenu à de nombreuses oreilles.
Pierre Laurent (PCF) est, lui, venu faire ami-ami le samedi après-midi sur le stand. « Dans le plus simple appareil naturellement. Ce qu’il me reste, je le préserve. » a précisé le secrétaire national. Hésitant dans son choix, il a proposé une séance de body-painting1 pour départager les candidats. Cécile Duflot (EELV) est venue en vélo et en solo, sans chemise et sans pantalon. « Les politiques, c’est comme les habits, on les choisit », a justifié la candidate à la primaire écologique. En pleine opération séduction pour 2022, Benoît Hamon (PS) s’est déloqué progressivement aux côtés d’Arnaud Montebourg (PS) présentant dans ses seules tongs sa proposition culte « d’attribution de 80 % des marchés publics aux PME pendant une période de huit ans, le temps que la France se rhabille. » Autant dire que les capitalistes cousus d’or ne sont pas près d’être dépouillés.
* Philippe Stierlin
Paru dans Cerises n°298 , 16 septembre 2016
1peintures corporelles.