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Billet de blog 16 novembre 2013

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Le Général et les Colonels : 40 ans de fortunes militaires diverses

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Bien sûr et en dehors de quelques farfelus asociaux et de deux ou trois (impénitents) défenseurs d'interminables altercations entre voisins, amis, frères, cousins ou associés, parce que, quoi qu'il arrive, l'harmonie les rend nauséeux, bien sûr donc, disions-nous, l'immense majorité de la population terrestre n'aspire en secret qu'à vivre en bonne entente avec son prochain.

Les petits conflits du quotidien sont certes l'apanage de la nature humaine, sur fond de jalousies souvent irraisonnées et non exemptes de disproportion injustifiée mais, globalement, mis à part quelques incurables mauvais, vicieux, immoraux ou défectueux du lobe, la plupart d'entre nous, sans pour autant se sentir dans l'obligation de tomber amoureux de tout un chacun qu'elle croise, souhaite pouvoir évoluer dans un monde apaisé.

Sauf que monde apaisé signifie population épanouie. Or l'épanouissement est improductif. Donc pas rentable.

Et c'est bien là que le bât blesse.

Les immoraux, vicieux et défectueux du lobe qui se succèdent aux gouvernements du Monde depuis au moins 2500 ans et la démocratie athénienne, ont bien compris que, dans la durée, l'épanouissement apaisé des populations qui ne produit rien d'autre que la satisfaction de sa propre condition d'épanoui, ne sert en rien et surtout pas en quantité suffisante leurs appétits d'insatiables voraces. Ils ont aussi parfaitement compris que leurs intérêts particuliers ne peuvent être servis avec un profit maximal que si la discorde est semée, les dissensions entretenues, les rancoeurs cultivées et les antagonismes soignés. D'où l'édification de la compétition, la mise en place de la concurrence, l'alimentation des idéologies. Depuis le milieu du XIXème siècle et la Révolution industrielle, ce commerce de l'entretien des rivalités est d'ailleurs des plus florissants. Le XXème siècle et sa Guerre Froide l'ont vu prospérer comme jamais. La dictature financière le fait, en ce début de XXIème, culminer à un vertigineux apogée.

Une question se pose : faut-il voir une fatalité à ce destin conduit des Hommes ?

En novembre 1973, après six ans d'une dictature vassale accomplie des Etats-Unis d'Amérique dans le contexte géo-politique que tout le monde sait, six années durant lesquelles le pouvoir établi chercha par tous les moyens à empêcher toute opposition et toute contestation, multipliant les persécutions, les déportations et les tortures, le 17 de ce mois, les étudiants de l'Ecole Polytechnique d'Exarcheia, suivis par le peuple grec dans une large diversité de ses composantes, se dressèrent contre les chars envoyés par la junte à l'Université. Première étape d'une réelle fragilisation du régime illégitime que la crise chypriote de l'été 74 acheva de destituer.

Cette même année 1973, en septembre, les mêmes Etats-Unis d'Amérique dans ce même contexte géo-politique connu de tous, favorisèrent la venue au pouvoir d'une autre junte militaire commandée, celle-là, par le sinistre Pinochet qui, dix-huit longues années durant, s'employa avec une férocité acharnée à éliminer, souvent physiquement, tout opposant et tout contestataire.

Les oppositions grecques et chiliennes (fidèle en cela au dernier discours, d'une force exceptionnelle, prononcé par Allende depuis le Palais de la Moneda) ne se sont pourtant jamais tues. Depuis leurs pays respectifs, au prix d'un courage difficilement quantifiable, ou depuis l'étranger, elles n'ont cessé de dénoncer, d'alerter et de condamner les félons, usurpateurs avides d'un pouvoir qui ne leur revenait d'aucun droit.

L'esprit humain étant supérieur en ceci à tous les autres qu'il est capable, une fois qu'il a fini de se résigner, de fabriquer de l'espoir mais aussi de la révolte, les exemples grecs et chiliens dont nous célébrons cette année les 40 ans de l'élévation ou des débuts de l'élévation contre l'arbitraire cynique anti-populaire et anti-démocratique, sont les preuves historiquement concrètes qu'il ne peut y avoir de soumission ou d'abdication qui tienne.

Qu'il n'est point de fatalité au destin conduit des Hommes par des vicieux, des immoraux, des défectueux du lobe.

Aube Dorée en Grèce ne peut pas être plus fatale que le furent les Colonels.

Goldman Sachs et JP Morgan, les Pinochet du Monde, ne peuvent pas être considérés comme les fatals vainqueurs d'une indépassable soumission populaire.

Peuples de la Terre, souvenez-vous que, unis, vous êtes plus forts !

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