On croit que cela va s'arrêter mais, non, cela semble être sans fin.
Après un été consacré par le gouvernement et des élus de droite à désigner les groupes de population considérés comme nuisibles, contre qui il va falloir faire la guerre, voici qu'un député de l'UMP propose de ne plus remettre aux familles l'allocation de rentrée scolaire sous forme d'argent (environ 300 euros), mais de leur donner des... bons d'achat à utiliser dans les magasins.
La raison d'être de cette proposition est simple et non dissimulée : Non seulement les pauvres ont le tort d'être pauvres, mais en plus les pauvres sont des gens en qui on ne peut jamais avoir confiance. Sous-entendu, les parents vont détourner à leur profit l'argent supposé être consacré aux besoins des enfants en vue de la reprise de l'école, par exemple en achetant des biens de consommation ou en allant boire la somme remise au bistrot. Et peu importe que s'ils bénéficient de matériels scolaire par d'autres biais, ils cherchent grâce à ces quelques euros à faire un petit plaisir à la famille avant une nouvelle année qui pourrait être encore douloureuse.
Quand on lit ceci, ce n'est pas la colère qui vient en premier à l'esprit. Pourtant, en présence d'un tel mépris envers ceux d'entre nous qui ont rencontré trop d'obstacles (séparation de couple, perte d'emploi, accident physique..), on voudrait pouvoir dire combien il est insupportable d'assimiler globalement pauvreté et déviance, combien on a envie de hurler en imaginant bientôt les pauvres une étoile accrochée sur le devant de leur vêtement. Ou une crécelle à la main, comme autrefois les lépreux. Et prochainement on va nous dire qu'il faut les éviter, et, par exemple, exiger des enseignants de faire en sorte que nos enfants, en classe, ne soient jamais assis à côté des enfants de familles pauvres, tant le risque de contagion semble grand.
Non, ce qui monte à la tête, c'est la honte. La honte de voir un responsable politique exprimer publiquement à quel point il méprise et déteste les familles en difficultés financières. Et la honte de savoir que cet élu est un "représentant du peuple".
Dans un précédent billet, rédigé voici quelques heures, j'indiquais me douter que la liste des parias allait régulièrement s'allonger. Je ne pensais pas que raison me serait donnée si vite.
Après les arabes, les noirs, les français "d'origine étrangère", les jeunes "des banlieues", les "gens du voyage", voici une nouvelle catégorie de citoyens de seconde zone : les pauvres, forcément voleurs et tricheurs.
Ce gouvernement, et ceux qui lui sont proches, veulent-ils vraiment nous emporter tout au fond du gouffre, la où plus rien ne nous éclaire, là où tout est noir ?
Billet de blog 15 août 2010
POUR LE GOUVERNEMENT, LES PAUVRES SONT NUISIBLES
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