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Billet de blog 10 octobre 2024

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Raphaël Glucksmann : modernisateur ou traitre ?

Avec Place Publique, Raphaël Glucksmann tente de se repositionner comme une alternative politique à LFI et Renaissance, rénovant la social-démocratie et rejetant les extrêmes. Mais cette modernisation est-elle une réponse aux défis contemporains ou un glissement vers la droite ? Cette évolution suscite débat et division aussi à gauche qu’au centre de l’échiquier politique.

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Depuis plusieurs mois, le repositionnement stratégique de Raphaël Glucksmann, figure émergente de la scène politique française, suscite des interrogations et divise les observateurs. Cherchant à se démarquer des clivages traditionnels, il semble vouloir devenir une alternative sérieuse, capable de rassembler un large éventail d'électeurs au-delà des étiquettes classiques de la gauche centriste, radicale ou modérée.

Depuis les élections européennes, la formation du NFP et la purge des Insoumis, j’observe les mouvements opérés discrètement avant d’être rendus publics, en m’interrogeant : où tout cela pourrait-il nous mener ?

Trahison ou modernisation ?

En prônant un compromis entre équité sociale et efficacité économique, l'homme politique cherche à moderniser la gauche. Cependant, certains estiment qu'il s’éloigne des fondements égalitaires pour se rapprocher des logiques du libéralisme économique. Beaucoup y voient un recentrage vers la droite modérée, où les discours de responsabilité individuelle priment sur la solidarité collective. Ce recentrage serait-il la seule façon pour la social-démocratie de survivre dans un paysage politique polarisé, ou une réduction de son ambition historique ? (source : Le Nouvel Observateur).

L'essayiste bénéficie du soutien de personnalités politiques influentes à gauche, mais ô combien défavorables à Olivier Faure. Tout d’abord, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, qui voit en lui un acteur de la modernisation de la gauche. De même, Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen, a publiquement affirmé son soutien, estimant que sa vision permettrait de réunir les énergies progressistes autour d'un projet ambitieux et pragmatique. Ou encore Anne Hidalgo, l’actuelle maire de Paris, qui "se reconnaît dans les idées social-démocrates portées par Raphaël Glucksmann".
Par ailleurs, son approche a également été saluée par des figures du centre, telles que Jean-Christophe Lagarde, qui a souligné la nécessité d'une alternative modérée face à la polarisation actuelle.

Une  distanciation qui divise

Le compagnon de Léa Salamé ne cache pas sa critique des extrêmes politiques, qu'ils soient de droite ou de gauche. En affirmant qu'il faut "tourner la page Macron et Mélenchon", il rejette deux figures emblématiques du paysage politique français, présentées comme deux faces d’une même pièce qui paralyse le débat public (source : Le Point).

Pour les partisans d'une gauche unie, le refus de s'allier avec des forces telles que La France Insoumise constitue une trahison des valeurs de lutte et de transformation sociale. Plutôt que de s'engager aux côtés de ceux qui défendent des politiques anticapitalistes, il préfère une voie plus modérée, parfois perçue comme trop consensuelle, qui semble n’avoir d’autre ambition que de "dédramatiser" le débat politique. Mais peut-on vraiment résoudre les problèmes actuels sans s’engager fermement ? Cette approche suscite de vives critiques, notamment chez ceux et celles qui estiment que l’opposition devrait porter le conflit social, et non chercher à l’apaiser.

Pragmatisme politique

L’insistance sur l’évidence d’agir avec "efficacité" et de ne pas tomber dans une social-démocratie "mollassonne" peut masquer une accélération vers des valeurs historiquement associées à la droite, telles que la responsabilité économique, la sécurité, l’immigration ou la rigueur budgétaire. En prônant cette ligne, l'essayiste ne fait-il pas le jeu de ceux qui valorisent avant tout la discipline et la restriction, au détriment des plus fragiles ?

Pour certains observateurs, cette approche pragmatique s'apparente à un abandon des principes fondamentaux de la gauche : la lutte contre les inégalités, la répartition équitable des richesses, et la priorité donnée aux services publics. En tentant de répondre à des problèmes concrets sans se laisser prendre par l'idéalisme, il donne l'impression de se rapprocher des positions de la droite modérée. Mais n'est-ce pas là aussi une façon de répondre aux attentes d'un électorat fatigué des promesses non tenues, des législatives au résultat "trouble" et des utopies sans lendemain ?

Un  choix qui interpelle

Le député européen semble vouloir jouer la carte du recentrage, se présentant comme une position rationnelle et rassembleuse dans un paysage politique de plus en plus polarisé. Sa volonté de rénover la social-démocratie et son rejet des extrêmes montrent un choix assumé de sortir du cadre traditionnel de la gauche. Mais ce choix est-il un pari risqué ? En tentant de réconcilier des valeurs opposées, ne risque-t-il pas de se perdre en chemin, au risque de décevoir ceux qui attendent un engagement fort et sans concession ?
Le débat est ouvert, et la question reste posée : peut-on vraiment être au centre sans jamais pencher d’un côté ou de l’autre ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.