
Le projet d'académie web du journalisme porté par le site allemand CORRECTIV et quelques mécènes rassemble sur un portail unique toutes les compétences nécessaires à un journaliste moderne sous forme de thèmes. Il y a par exemple: écrire de manière passionnante, comment monter une vidéo ou bien l'art de poser les bonnes questions pour ne citer que quelques rubriques. Chacune fait l'objet d'un cours complet. C'est à dire un enchainement de vidéos et de questions de compréhension. Les contenus sont soit gratuits, soit disponibles pour une somme qui se veut raisonnable de 25 euros maximum.
La raison d'être de ce projet.
Cette plateforme doit être la boîte à outils des journalistes et des citoyens au sens large, à l'heure où il est très facile de se retourver confronté à de fausses-nouvelles. La dernière preuve en date est à l´heure d'écriture de ces lignes la proposition trumpienne d'utiliser du désinfectant pour traiter les malades atteints du COVID 19. A cela s'ajoute le boulversement du web 2.0, qui fait facilement de chaque lecteur un contributeur à part entière. Dès lors il faut que chacun.e.s soit en mesure de défendre sont point de vue, d´écouter, de mettre en forme etc.... L'objectif de cette initiative est donc de faire gagner de la qualité au débat politique puisque chacun.e des participant.e.s aux cours aura reçu une vue d' ensemble complète mais pas exhaustive du domaine traité et aura fait un bon pas avant dans sa manière de créer mais aussi analyser l'information. Cela aide entre autres à percevoir la complexité de certaines situations ou phénomènes.
Cet objectif d'éducation populaire même si le terme est un peu connoté en français, est décliné de plusieurs manières par CORRECTIV. D'abord oui le fait que beaucoup de contenus du site Reportefabrik soient accessibles gratuitement augmente mécaniquement leur portée sociétale. Les contenus créés ne sont néanmoins pas fait au rabais. Chaque intervenant est un expert ou une experte dans son domaine. On a donc au final une université, une "Webakademie" puisque c'est son nom qui propose du contenu très varié et de qualité au plus grand nombre. On ne s'arrête pas à la transmission du savoir horizontal comme s'est parfois le cas. Il y a en amont l'idée chcun-e des apprenant.e.s sera co-constructeur d'ici peu grâce aux savoirs transmis. C'est ce qui rend cette initiative très particulière et intéressante-
De meilleurs outils pour une communication apaisée
Devant le bel effort d'Aufklärung permis par cette plateforme c'est à dire d' éducation dans un but d' émancipation, je ne peux m' empêcher de penser à la période que nous vivons actuellement. D' un côté la France dont le président et ses compères abreuvent la "peuple"d'injonctions contradictoires et autres mensonges pour cacher une certaines impréparation. De l'autre la classe politique allemande agit en sachant qu'aujourd' hui les citoyens sont en mesure de savoir beaucoup si il le veulent. Ils peuvent en revanche tomber sur une information tronquée ou non correcte qui sera de fait source de problèmes La meilleure startégie pour les politiques est donc l'honnêté devant les électeurs qui comme les participants à la plateforme Reporterfabrik co-construisent quelque chose avec leurs élus. l
La Reporterfabrik, un modèle transposable en France?
Les objectifs de ce projet me semblent vraiment en ligne avec l'ADN de Médiapart. A la fois la recherche de plus d'horizontalité et d'échange sans pour autant sacrifier la qualité de l'information produite et échangée, Par ailleurs le FPL ou Fonds Pour une Presse Libre dont les premiers projets sont en discussion pourrait soutenir la mise en oeuvre d'une plateforme de ce type.
Les bénéfices seraient multiples:
Créer un point ressources accessible au plus grand nombre pour qui veut se former au journalisme et à la mise en forme de données en tout genre
Fournir aux journalistes qui sont parfois en situation précaire une moyen de valoriser leurs compétences via la plateforme.
Redonner de la valeur à l'information. En effet si tout un chacun s'exerce á écrire, monter ou interviewer alors, il y a fort à parier que certain.e.s comprendrons que cela est un travail fatiguant mais Ô combien nécessaire.