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Billet de blog 9 novembre 2012

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Ces juges qui nous gouvernent

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si le juge peut tout, la loi ne vaut rien. Si le juge peut tout, alors la démocratie n'est qu'une illusion, les politiques des pantins et nous-mêmes les dindons de la farce.

L’indépendance des juges, dont il a été tout récemment question dans l’actualité, est-elle la permission aveugle qui leur serait donnée de n’en faire qu’à leur tête ou qu’à la tête du justiciable ?

Nous élisons nos politiques. Nos politiques votent les lois. Mais si les juges et leurs auxiliaires peuvent violer la loi, à quoi servent les politiques ? A quoi servent nos votes ?

Si la souveraineté du juge est totale, à quoi sert la loi ? Et quand le juge transgresse la loi, qui pour le juger ?

Quand on a un litige avec un garagiste qui sait mieux encaisser les chèques que changer les bougies, avec un chirurgien qui confond hachoir et bistouri, avec un vendeur indélicat ou une tante ingrate, on peut confier la tâche à l’arbitrage et – nous l’espérons – à la sagesse du juge.

Mais quand on a un litige avec un juge, que fait-on ?

Quand on a un litige avec un avocat, un avoué, un procureur, un avocat au conseil, que fait-on ?

La triste réalité, c’est qu’on ne peut rien faire. Parce que les autorités se retranchent derrière l’indépendance du système judiciaire et que certains juges, gonflés de leur toute-puissance, abusent sans vergogne de leur pouvoir.

La triste réalité, c’est qu’on ne peut rien faire car les avocats, les avoués, les procureurs, les avocats au conseil sont systématiquement protégés par leurs chefs qui couvrent les erreurs de leurs petits. Et les erreurs – si tant est qu’on ait l’indulgence de les considérer comme telles – deviennent des fautes. Et les fautes enflent au fur et à mesure que l’on gravit les étages du système.

Les gens de justice, tout affairés à se protéger les uns les autres, font alors la cuisine à leur sauce et la sauce de l’injustice est tout sauf digeste.

L’histoire a commencé gentiment avec un huissier qui m’a lésée de 1 000 euros en parfaite violation de la loi.

J’ai rappelé la loi à l’huissier.

J’ai rappelé la loi à mon avocate du moment.

J’ai rappelé la loi à la Chambre des huissiers.

J’ai rappelé la loi au procureur.

Tous ces gens, gardiens de la loi, m’ont expliqué – quand ils ont pris la peine de me répondre – que je me méprenais sur le sens de la loi et qu’il n’y avait pas d’erreur.

Il a fallu l’intervention du médiateur de la République, reconnaissant que la loi n’avait pas été appliquée, pour que l’huissier revienne dans le droit chemin.

On pourrait dire que c’est une broutille et – je vous le concède – au regard de la suite ubuesque de mes mésaventures, c’est une broutille. Mais elle est symptomatique du reste. Elle montre comment les gardiens de la loi déforment, manipulent, violent la loi pour la plier à leur volonté ou à leurs besoins.

A la question que l’on m’a maintes fois jetée à la figure comme une insulte à peine voilée : « Combien d’années de droit avez-vous fait ? », je réponds : « La bonne question est : combien d’années de droit ont-ils fait ? ».

Ce que j’ai vécu avec l’huissier n’était malheureusement qu’une mise en bouche. Je dirais que la suite est tragique, si je ne m’étais pas fait la promesse de résister aux formules emphatiques.

Plus je gravis les étages, plus le préjudice est grand, plus la faute est grave. Et quand la gangrène de ces agissements sordides atteint la Cour de cassation elle-même, alors c’est la République tout entière qui est en danger.

Mon histoire est à ce titre exemplaire car tous ont failli, n’hésitant pas à commettre des fautes toujours plus grandes pour couvrir leurs prédécesseurs ou leurs confrères dans la grande chaîne des petits arrangements entre amis.

Le seul qui ne m’a pas lâchée dans la tourmente, c’est mon avocat.

Le prix de sa loyauté ? On lui fait un procès !

Voilà comment le juste est récompensé. J’espère qu’il se trouvera parmi les gens de justice beaucoup d’autres justes qui viendront exprimer leur dégoût des injustices orchestrées.

Puisque la justice ou l'injustice est rendue au nom du peuple, nous avons tous notre mot à dire.

Lire la suite sur www.aunomdupeuple.com.

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