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Billet de blog 1 octobre 2013

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Interview de François Ruffin sur Ragemag

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"François Ruffin : « Hollande a fait le choix de la fidélité à l'Europe allemande. »"

Publié le 30 septembre 2013 par Paul Tantale

Extrait :

(...)

En 2011, tu as publié à ce sujet Leur grande trouille – journal intime de mes pulsions protectionnistes. Aujourd’hui tu étais aux États généraux de la douane. Tu appelles depuis un moment à oser crier : « Vive les douaniers ! » Pourquoi et quand la gauche française a-t-elle rejeté toute forme de barrière douanière ?

- On en fête le 30e anniversaire. C’est le 15 septembre 1983. Il faut parfois des dates clés comme ça. Le grand choix s’est opéré au printemps 1983. Jusque-là, Mitterrand a deux fers au feu. Il a un fer d’acceptation de l’Europe telle qu’elle est et un fer pour une autre politique, qui s’appuie sur un certain nombre de personnes, Riboud, Chevènement… et Fabius qui va basculer dans le camp adverse, celui de Camdessus, de Delors, d’Attali, le camp des tenants de la rigueur. Alors que les deux camps s’affrontent depuis 1982, Mitterrand a attendu le lendemain des municipales pour décider.

Au lendemain des municipales, Mitterrand convoque Mauroy dans son bureau et lui demande de faire l’autre politique, de penser la sortie du système monétaire européen. Mauroy répond : « Je ne serai pas l’homme de cette politique ». Et c’est ce refus de Mauroy qui fait que Mitterrand va faire le choix de la rigueur. Il fait ce choix, sans le proclamer haut et fort. Les décisions entrent dans les faits, on accepte le SME, on met en place une politique de rigueur. Mais c’est le 15 septembre 1983 que François Mitterrand va apparaître à la télévision, dans une émission qui s’appelle L’enjeu, animée par François de Closets. Là, le président dit que trop d’impôt tue l’impôt, que le profit n’est pas forcément négatif, que lui n’est pas là pour mener une guerre des classes. Il y a tout un aggiornamento politique, qui est déjà entré dans les faits depuis le printemps, qui est fait en direct à la télévision.

À partir du moment où le monarque, le président de la République, pose les choses comme ça, le mot protectionnisme devient un gros mot. Ce choix engage le Parti socialiste sur des décennies. Ils ont tous accompagné Mitterrand, ils ont tenu le même discours. Delors est à la pointe du mouvement. Dès l’élection de Mitterrand, il prône la rigueur, il a déjà les deux pieds sur le frein. Il fait l’éloge de Raymond Barre, le symbole de l’austérité dans les années 1970. Il ne cesse d’inciter au gel des mesures sociales. À l’intérieur du gouvernement, il incarne l’aile droite qui envoie des signaux en direction du patronat. C’est lui qui est à la manœuvre pour négocier le fait que la France reste dans le système monétaire européen. Delors aurait pu devenir premier ministre, mais il s’est cramé, en se montrant tellement à droite. Ça aurait été trop visible. Il fallait un homme neuf. Ce sera Fabius.

Finalement, Delors atterrit comme président de la Commission européenne. Il faut dire l’illusion que la France a donnée au reste de l’Europe, aux gauches européennes à ce moment-là. On a envoyé un signal : « Nous allons avoir un socialiste à la tête de la Commission européenne ». Les syndicats belges que j’ai rencontrés y ont cru, comme peut-être certains électeurs français. Jacques Delors explique dans une émission, La marche du siècle, au début des années 1990, comment il a fait l’Union européenne. Il y avait un livre blanc préparé par l’ERT (European Round Table), les 45 principaux industriels européens, sur le grand marché européen. Les patrons souhaitaient la monnaie unique, plus d’infrastructures de transport, la libéralisation du marché de l’éducation… Delors les assure avoir tout fait pour appliquer leur programme.

(...)

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