Une interview réalisée par Marie Astier (Reporterre) -

Edgar Morin : « Chacun est une parcelle d’une aventure gigantesque commencée à la préhistoire »
« Changeons de voie, changeons de vie » : c’est le titre de l’appel que le philosophe et sociologue Edgar Morin vient de lancer, incitant les alternatives à se fédérer. Coordonné par les organisations Les états généraux du pouvoir citoyen, Les Jours Heureux, Utopia et le Collectif Roosevelt, il rassemble déjà une quarantaine d’associations, collectifs, ou autres émanations de la société civile. A quelques mois de la présidentielle, ces organisations ont jugé que le moment était favorable à la mobilisation et à une « réappropriation citoyenne du politique ». Mais pour commencer, il fallait une vision commune. Edgar Morin, avec ses 95 ans de sagesse, fixe donc le cap, appelant notamment à l’éveil de notre conscience écologique.
Reporterre - Pourquoi avoir lancé cet appel aux initiatives, et alternatives ?
Edgar Morin - L’idée était de formuler un texte qui réponde à des aspirations très grandes et très profondes. Depuis pas mal de temps, je pensais qu’il fallait que se regroupent les initiatives citoyennes pour la solidarité, pour l’écologie, pour le mieux vivre. Elles sont multiples, mais dispersées. Pourquoi ne pas se confédérer pour créer une force qui serait à la fois infra-politique, dans le sens où elle ne se mêle pas de la politique traditionnelle, des élections, et supra-politique, dans le sens où elle donnerait des impulsions à la politique ? Elle constituerait une force sociale et humaine qui pourrait concurrencer tous les lobbys financiers et économiques qui pèsent sur les ministères et sur la vie du pays.
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