Tant de choses, tant de mots, tant d'idées, d'images dans la tête qu'il me faut un temps, long, très long pour y mettre de l'ordre. Tant de craintes et de rage qu'il me faut mettre tout cela par écrit (sur papier et au stylo-plume, oui j'en suis encore là) avant de taper ce billet.
En bas, la télé (la 2) déverse sa logorrhée et je n'en peux plus de les entendre, de subir l'assaut de leurs informations bidouillées pour "people" anesthésiés du cerveau ( car il faut laisser le moins de temps possible à la réflexion).
Hier soir, j'ai regardé "Oscar" avec de Funès : quitte à voir une pantalonnade, autant qu'elle soit de qualité et pouvoir rire sans arrière-pensée.
Cette nuit je n'ai trouvé le sommeil qu'à quatre heures du matin. Trop de choses dans la tête...D'abord, la rage : Le Pen en 3e position, la honte de la France. Et les commentateurs (journalistes ou politiciens) de nous dire qu'il s'agit d'un vote de protestation, de désespoir ! Non. Ces électeurs du FN ne sont pas des désespérés ; ils savent très bien pour qui et pour quoi ils votent. C'est un vote xénophobe, islamophobe, homophobe, isolationniste, ant-culturel et mortifère. Ils savent ce qu'ils veulent en laissant tomber un tel bulletin dans l'urne. Ou alors ce sont des imbéciles, ce que mon respect du citoyen électeur, toute opinion cofondue, m'interdit de penser.
Soyons clair, ce succès de l'extrème droite est le résultat du savoir-faire de Marine Le pen, d'une bienveillance des médias (dont son père n'a pas profité) et surtout d'une surenchère sécuritaire hystérique de l'aile extrème de l'UMP, une espèce de croisade dont la marionette Sarkozy a brandi la bannière. Le discours de Président-candidat s'est dévoilé, incohérent, raccoleur, à des années-lumière des vrais problèmes, tirant tous azimuts pour faire du bruit et occuper l'espace, au risque de tomber dans le grotesque (la viande Hallal et le permis de conduire).
Je relève d'ailleurs ce réjouissant dédoublement de personnalité du "Président-candidat" qui brouille allègrement le discours et embrûme les idées de l'auditeur. Qui parle ? De qui ? De quoi ? Et au nom de qui ? Qui apparait à l'écran ? Le Président ? Le candidat ? Et quand le candidat parle que fait le Président ? Le labytinthe de miroirs peut se révéler mortel.
Hollande sera probablement élu président. Quel sera le jeu des alliances ? De quelle couleur sera l'arc-en-ciel de l'hémicycle législatif ?
Si par malheur (le mot est pesé) Sarkozy reprenait le pouvoir, je n'ose imaginer la couleur embrunie du Palais Bourbon !
Qui, et comment, déserrera l'étau de la Finance Internationale dont le seul objectif est l'apauvrissement des peuples par la destruction des acquis sociaux, la baisse des rémunérations,, des protections sociales et la précarisation ("flexibilité" disent-ils) de l'emploi. Pour la Finance il s'agit de mettre le monde du travail européen au niveau du chinois, ce qui garanti un maximum de profits. Les loups de la City et de Wall Street sont embusqués. Le gouvernement actuel leur a déboisé le terrain et a savonné la planche au gouvernement prochain. Ce sont des renégats.
Certains mots me hérissent : "populisme", mot vulgaire qui ressemble à un crachat à la face du peuple ; "nationalisme" qui m'évoque l'image du bulot qui ferme son opercule et se love dans sa coquille ; "modernité" qui, dans la bouche de libéraux, sonne comme "asservissement".