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Billet de blog 16 juin 2009

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RACISME - Et si on "ennoblissait" le mot ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je viens de lire un excellent article qui traite du sombre passé de l'humanité. Je vous en donne l'adresse. C'est sur Mediapart.

http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-fayollat/251008/le-retour-de-la-terreur-est-il-a-craindre#comment-176007

Toutefois, on y retrouve plusieurs fois le mot "racisme". Et je comprend l'embarras de l'écrivain. La langue française est pauvre sur ce sujet.

La langue française, curieusement, n'a pas beaucoup de synonymes sur le mot "racisme". En fait, elle n'en a pas du tout, puisque si on interroge le dictionnaire, on a pour réponse haine et xénophobie.

Or haine et xénophobie ont des sens complètement différents. La haine est le moteur des actes de violence, mais n'en est pas l'origine. Donc exit "haine".
Reste "Xénophobie". Là, je crois qu'on se rapproche le plus du vrai sens. Elle est au-delà du "racial". Elle englobe tout ce qui nous fait penser que l'autre est un danger, une répulsion. La xénophobie englobe le racial, mais pas seulement. Toute différence culturelle, par exemple, peut suffire à générer la haine.
On peut même encore aller plus loin :
Dans l'absolu, et puisqu'il n'y a pas d'autre mot dans la langue française, on pourrait même dire que le racisme est synonyme d'identité. Il peut être aussi la simple constatation que quelqu'un est de race différente. Sans plus. Sans haine. Je pense à Aimé Cézaire, notre penseur martiniquais, qui revendiquait avec une grande intelligence le mot "négritude". Pas seulement par provocation mais aussi, tout simplement, comme revendication de sa différence raciale, ni plus, ni moins. Et revendiquant par là la reconnaissance de sa différence. Et reconnaître une différence en tant que telle, c'est tordre le cou à la xénophobie.
Et on peut encore aller plus loin : Reconnaître quelqu'un dans sa particularité, quelle qu'elle soit, d'ailleurs (les infirmes, les miséreux, les SDF, les homosexuels, etc.) est un grand pas vers la paix. Car un des moteurs de la haine, c'est la non-reconnaissance de soi par rapport aux autres. N'être pas reconnu tel que l'on est peut-être insupportable. Ne pas reconnaître l'autre est un signe de mépris.
Et c'est précisément le MEPRIS qui est à l'origine de tout. Et consécutivement, l'HUMILIATION.
Rien n'est pire que l'humiliation.
En résumé, la xénophobie est un sentiment de mépris qui nourrit la haine, laquelle génère la violence. En retour, le mépris reçu engendre l'humiliation, qui génère le désire de vengeance et de réparation, lequel génère de la haine, et donc de la violence. Et la boucle est bouclé, le cercle vicieux est enclenché, et ne s'arrêtera que par la mort des combattants.
OUF !
Je voulais juste écrire deux mots et me voilà lancé.
Peut-être que certains jugeront que j'ai écrit pour ne rien dire, mais ça me semble important de préciser cela. Car, à comprendre l'origine des pulsions générant les monstruosités qui ont eu lieu (et auront lieu), nous auront peut-être les clés pour refermer à double tour la porte des tabous, et des vieux démons.

Dans tous les cas, rien ne vaut le dialogue pour annihiler les xénophobies. Encore faut-il que les protagonistes l'acceptent. Sinon nous avons des antagonistes humiliés... et c'est repartit !

Pour en revenir au mot "racisme", et si nous ennoblissions le mot ? Comme Aimé Cézaire, donnons lui le sens de "reconnaissance de son identité".

Inventons la "racism attitude" ! (en anglais, ça fait plus chic ;o)

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