vous lui pouvez bâtir un temple ou un tombeau des mêmes pierres. »
ALBERT CAMUS - L'homme révolté
Il peut sembler étrange à beaucoup d'entre vous de vouloir rapprocher deux figures de notre histoire qui semblent si éloignées. L'un est homme du nord et l'autre homme du sud. L'un, incarnation intellectuelle et politique de la Révolution Française, est considéré communément comme l'artisan de la Terreur et reste vilipendé et détesté, et l'autre, aujourd'hui admiré, est en voie de canonisation républicaine. De cette opposition apparente il me semble pourtant apparaitre un fond commun, une tension partagée, une réflexion puissante portée par ces deux êtres au delà des temps qui les séparaient. Cette réflexion est l'articulation entre l'action et l'idéal, entre la terreur etla vertu, entre la fin et les moyens. C'est la grande question de l'atteinte de l'idéal humaniste et du chemin à emprunter que se sont posée ces deux hommes, et in fi ne, dans leur propre rapport à la mort la question de l'impuissance et de l'absurde.
Est ce que l'on peut changer le monde de façon radicale, c'est à dire faire une révolution, sans user de la terreur ? Peut on user de la terreur dans le but de la justice sans commetre l'injustice et décrédibiliser son idée même ?
Est ce que la révolte seule est suffisante ou n'est t'elle qu'un humanisme impuissant, beau et moral, tolérant et vertueux mais stérile pour transformer la société ?
Comment concilier le changement collectif sans, en partie, nier l'individu et sa liberté ?
Si la fin ne justifie jamais les moyens, sommes nous condamné à être un spectateur engagé et révolté, mais peut t'on alors réaliser une révolution ?
Camus est t'il le philosophe de l'éthique et de l'impuissance et Robespierre le paradoxe incarné déchiré entre le moyen et le but ?
Par les questions qu'ils soulèvent, Maximilien Robespierre et Albert Camus sont les révélateurs de nos consciences, de nos paradoxes et de nos contradictions. Il est évident que tout homme de bonne volonté est confronté un jour ou l'autre au cours de son travail à ces questions. Elles ne sont pas simples et je ne prétendrais pas les trancher ce soir, mais je vous propose d'essayer, en compagnie de ces deux grands compatriotes de réfléchir et d'ouvrir le débat en une série de billet.