Camus vs Robespierre (III) De l'homme révolté à l'homme révolutionnaire
2 Camus, le tourment de l’amour dans la tempête de la guerre, le choix de la vie.Camus, le gamin pauvre du quartier Belcourt, à Alger ...Camus repéré par son instituteur M. Germain, dont la famille très modeste, l’a accompagné avec respect, vers la voie qu’il s’est tracé, de l’écriture et de la pensée.Camus philosophe, qui lorsqu’ il rend hommage à son professeur de lycée, jean Grenier, parle d’un homme qui lui a appris à sentir plus qu’ à penser. Cela non sans humour, ni malice puisque sa sensualité imprègne son œuvre.Camus, gardien de but, fils du peuple, agile dans son corps, qui restera amoureux toute sa vie de la profondeur du ciel azuré d’Afrique: “ On ne sort pas du ciel qui nous contient.”Camus, homme devenu, diminué par la maladie qui lui ronge les poumons mais qui jamaisne négligera le plaisir sensuel d’être là et d’exister.Camus, qui parle de cette jeunesse comme d’une innocence, “ c’est-à-dire avec pas d’idées du tout.”Camus l’homme qui demeure éternellement jeune et dont l’œuvre inachevée semble comme lui à l’aube de sa maturité. Arrêté brutalement dans son élan alors qu’il ébauchait le Premier Homme, qui peut être aurait abouti par sa beauté et sa simplicité à illustrer l’amour qu’ il portait à la vie.Camus, homme déchiré par la tragédie de la guerre, celle du monde, puis celle d’Algérie.A première vue, sa pensée paraît limpide, transparente. Certains diront trop simple. Son style littéraire n’en serait pas un et sa pensée serait dénuée de concepts. Sa morale distante de toutes idéologies politiques et de toutes croyances provoque des interrogations. Y a-t-il une impasse morale et des dilemmes éthiques de la pensée camusienne ?
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
2 Camus, le tourment de l’amour dans la tempête de la guerre, le choix de la vie.
Camus, le gamin pauvre du quartier Belcourt, à Alger ...Camus repéré par son instituteur M. Germain, dont la famille très modeste, l’a accompagné avec respect, vers la voie qu’il s’est tracé, de l’écriture et de la pensée.Camus philosophe, qui lorsqu’ il rend hommage à son professeur de lycée, jean Grenier, parle d’un homme qui lui a appris à sentir plus qu’ à penser. Cela non sans humour, ni malice puisque sa sensualité imprègne son œuvre.Camus, gardien de but, fils du peuple, agile dans son corps, qui restera amoureux toute sa vie de la profondeur du ciel azuré d’Afrique: “ On ne sort pas du ciel qui nous contient.”Camus, homme devenu, diminué par la maladie qui lui ronge les poumons mais qui jamaisne négligera le plaisir sensuel d’être là et d’exister.Camus, qui parle de cette jeunesse comme d’une innocence, “ c’est-à-dire avec pas d’idées du tout.”Camus l’homme qui demeure éternellement jeune et dont l’œuvre inachevée semble comme lui à l’aube de sa maturité. Arrêté brutalement dans son élan alors qu’il ébauchait le Premier Homme, qui peut être aurait abouti par sa beauté et sa simplicité à illustrer l’amour qu’ il portait à la vie.Camus, homme déchiré par la tragédie de la guerre, celle du monde, puis celle d’Algérie.A première vue, sa pensée paraît limpide, transparente. Certains diront trop simple. Son style littéraire n’en serait pas un et sa pensée serait dénuée de concepts. Sa morale distante de toutes idéologies politiques et de toutes croyances provoque des interrogations. Y a-t-il une impasse morale et des dilemmes éthiques de la pensée camusienne ?Pourquoi alors célébrer, aujourd‘hui le cinquantième anniversaire de sa disparition si ce n’ est pour réécouter avec attention ces réflexions humanistes.La symphonie sensorielle qu’il ne cessera d’écouter ne doit pas nous faire oublier la démarche qui l’accompagne.S’il connaît le tourment, c’est celui de l’homme déçu par le monde et qui tente une réconciliation.Mon choix, pour parler de ce tourment de l’amour dans la tempête de la guerre part de la lecture attentive de son discours de Stockholm, en 1957 lorsqu’il obtient le prix Nobel de la paix.Mes réflexions s’appuient aussi sur une analyse d’autres discours donnés à la fi n de la seconde guerre mondiale, qui dénoncent déjà la crise de l’homme, son cycle de l’absurde et le lien avec des sentiments très personnels d’un rapport à la mort.Enfin, puisqu’il s’agit d’articuler le sentiment de révolte à une éthique qu’il faut comprendre, pour peut être penser notre monde d’aujourd’hui; je ne finirai pas sans parler de l’homme Révolté et de l’éclat tout camusien à peine ébauché dans le cycle de l’Amour, d’une éthique de la puissance de l’Etre.Lorsqu’il reçoit le prix Nobel, Camus avec l’élégance d’un grand seigneur dit « C’est Malraux qui aurait dû l’avoir.» Son œuvre loin d’être achevée, il souffre de la tragédie Algérienne, de problèmes personnels importants qui le font osciller entre le désespoir et la rage secrète de celui qui veut toujours rester disponible pour le bonheur.Dans l’affaire algérienne, Camus comme pied-noir refuse de s’exclure de l’histoire de son temps. C’est ce qui le conduit à penser, dès l’apparition du terrorisme et de la répression qu’une certaine forme d’engagement s’impose. Toute dénonciation de la barbarie de l’un encourage celle de l’autre. Or il refusera toujours que le revanche puisse tenir lieu de justice, que le mal réponde au mal, que la violence soit encore accoucheuse d’histoire et que même Auschwitz puisse jamais justifier Hiroshima.Il faut prendre partie. C’est ce que Camus a fait dans la résistance pendant l’occupation contre les nazis et du goulag dans les pays de l’Est.Son discours de 1946, à l’université de Columbia, sur la Crise de l’Homme pose les jalons d’une morale d’action qui se fonde sur la révolte de toute une génération contre la mort, l’injustice et la terreur.Les caractéristiques de cette crise résident dans une volonté de puissance, selon le principe hégélien de la raison du plus fort, qui s’exerce par la terreur et remplace l’homme réel par l’homme politique et historique. Le règne de l’abstraction et de la fatalité plonge l’homme contemporain dans une profonde solitude et un grand désespoir.Camus propose, à tous ceux qui ne l’acceptent pas, de devoir :- Apprendre à bien penser pour ne pas être complice passif des crimes de l’humanité- De lutter contre la terreur pour libérer la pensée;- De replacer la politique à sa juste place;- De concilier à une pensée pessimiste une action optimiste;- Enfin de créer un universalisme où tous les hommes de bonne volonté pourront se retrouver.Venons-en à son discours de Stockholm, quand il dénonce cette violence qui enténèbre la raison et endeuille la justice et crée un pessimisme ambiant.En cette période caractérisée par la barbarie (nous sommes en 1957), loin le contexte révolutionnaire qui tourmentait tant le vertueux Robespierre, notre Camus ne s’y trompe pas, dans son souvenir encore vivace le nazisme et la montée du totalitarisme soviétique; il n’assimile pas la révolution française avec la «violence révolutionnaire» comme finalité pour asseoir une dictature.Devant cette menace, une position s’impose, dans le verbe, qu’il ne renie pas mais qu’il affirme, lui le petit gamin de Belcourt, face à l’intelligentsia parisienne.Camus dit aussi, dans son discours de Stockholm que lui qui voulait changer le monde, se trouve désormais invité à la conserver, paradoxe assumé d’une pensée de midi.Venons-en au cycle de l’absurde, parce qu’il englobe dans une démarche spiralaire, la tension camusienne de la recherche du bonheur et de la certitude de la mort qui projette dans la dérision toutes les justifications de n’importe quelle transcendance. Le personnage de Meursault, dans la peste incarne cette indifférence face à cette mort.Suit, le cycle de la révolte, durant lequel il publiât l’Homme Révolté, dix ans avant sa fin tragique et prématurée. Il défi nit la révolte non comme négation, refus ou destruction mais comme constat d’un rapport de dominant/dominé qui aboutit dans l’affirmation, à se battre pour des valeurs collectives. Il oppose la révolte condition nécessaire mais non suffi sante, à la Révolution. Dans le phénomène révolutionnaire tel qu’il le décrit, l’homme est à un moment clé de son histoire où il conteste l’idée de valeurs supérieures.Comme figure métonymique, le roi incarnation du droit divin finit guillotiné. Ce n’est pas l’homme qui est tué, c’est son symbole. La première déclaration des droits de l’homme illustre la naissance de la nation démocratique, la naissance de l’athéisme et l’immanence suprême de l’être.La révolution s’incarne donc avec l’idée d’un basculement dans l’histoire que Robespierre ne pouvait pas prévoir, mais qu’il a ensuite complètement épousé, jusqu’ à assumer la terreur.Le choix de la vie, Camus l’incarne en permanence. Loin d’être moraliste, il a la modestie de celui qui dénonce le meurtre à travers toutes les formes de complicités qui poussent à l’oppression et à la terreur, même s’il peut comprendre sa portée symbolique.Surtout, il replace l’homme au centre et se fait le porte parole des petites gens dont le destin commun est jalonné de bonheurs fugaces.Nos révoltes aujourd’hui, quelles sont-elles?Quelles seraient celles de Camus?Avait-il pressenti notre monde, nos crises?Notre indifférence est-elle insondable, comme Meursault dans l’Etranger? Cet absurde nous habite-t-il encore?Ou sommes-nous devenus complètement cyniques?Aujourd’hui quel sens donnerions-nous à la mort face à un engagement supérieur?La vertu de Camus réside dans sa morale.
Il a pressenti la fi n de toute révolution politique
.Peut-être s’apitoierait-il de constater comme nous confondons nos petites révoltes avec de grandes causes qui inhibent le sentiment collectif.Le retour des monstres, qui faiblement indigne...De la corruption qui affaiblit la démocratie ...De la domination du pouvoir économique au détriment du politique ...
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