Mediapartiens voilà le premier billet d'une serie d'un grand discours fondateur de notre République. Il est important parfois de revenir aux sources de nos libertés, aux racines de nos valeurs pour comprendre et mettre en perspective les luttes rendu parfois nécessaires par les hommes médiocres qui exploitent honteusement notre oubli. Ce discours sera publié en plusieurs partie je surlignerais les passages qui me semble particuliérement savoureux par rapport à l'actualité. Ce texte a été rédigé par un homme que je tiens personnellement comme un bienfaiteur de l'humanité. Je vous laisse deviner son nom car cela n'est pas bien difficile pour ceux qui savent dominer les idées reçues.
Messieurs, Après la faculté de penser, celle de communiquer ses pensées à ses semblables, est l’attribut le plus frappant qui distingue l’homme de la brute. Elle est tout-à-la-fois le signe de la vocation immortelle de l’homme à l’état social, le lien, l’âme, l’instrument de la société, le moyen unique de la perfectionner, d’atteindre le degré de puissance, de lumières et de bonheur dont il est susceptible.Qu’il les communique par la parole, par l’écriture ou par l’usage de cet art heureux qui a reculé si loin les bornes de son intelligence, et qui assure à chaque homme les moyens de s’entretenir avec le genre humain tout entier, le droit qu’il exerce est toujours le même, et la liberté de la presse ne peut être distinguée de la liberté de la parole ; l’une et l’autre est sacrée comme la nature ; elle est nécessaire comme la société elle-même.Par quelle fatalité les lois se sont-elles donc presque partout appliquées à la violer ? C’est que les lois étaient l’ouvrage des despotes, et que la liberté de la presse est le plus redoutable fléau du despotisme. Comment expliquer en effet le prodige de plusieurs millions d’hommes opprimés par un seul, si ce n’est par la profonde ignorance et par la stupide léthargie où ils sont plongés ? Mais que tout homme qui a conservé le sentiment de dignité puisse dévoiler les vues perfides et la marche tortueuse de la tyrannie ; qu’il puisse opposer sans cesse les droits de l’humanité aux attentats qui les violent, la souveraineté des peuples à leur avilissement et à leur misère ; que l’innocence opprimée puisse faire entendre impunément sa voix redoutable et touchante, et la vérité rallier tous les esprits et tous les coeurs, aux noms sacrés de liberté et de patrie ; alors l’ambition trouve partout des obstacles, et le despotisme est contraint de reculer à chaque pas ou de venir se briser contre la force invincible de l'opinion publique et de la volonté générale. Aussi voyez avec quelle artificieuse politique les despotes se sont ligués contre la liberté de parler et d’écrire ; voyez le farouche inquisiteur la poursuivre au nom du ciel, et les princes au nom des lois qu’ils ont faites eux-mêmes pour protéger leurs crimes. Secouons le joug des préjugés auxquels ils nous ont asservis, et apprenons d’eux à connaître tout le prix de la liberté de la presse.Quelle doit en être la mesure ? un grand peuple, illustre par la conquête récente de la liberté, répond à cette question par son exemple.Le droit de communiquer ses pensées, par la parole, par l’écriture ou par l’impression, ne peut être gêné ni limité en aucune manière ; voilà les termes de la loi que les Etats-Unis d’Amérique ont faite sur la liberté de la presse, et j’avoue que je suis bien aise de pouvoir présenter mon opinion, sous de pareils auspices, à ceux qui auraient été tentés de la trouver extraordinaire ou exagérée.La liberté de la presse doit être entière et indéfinie, ou elle n’existe pas. Je ne vois que deux moyens de la modifier, l’un d’en assujétir l’usage à de certaines restrictions et à de certaines formalités, l’autre d’en réprimer l’abus par des lois pénales ; l’un et l’autre de ces deux objets exige la plus sérieuse attention.D’abord il est évident que le premier est inadmissible, car chacun sait que les lois sont faites pour assurer à l’homme le libre développement de ses facultés, et non pour les enchaîner ; que leur pouvoir se borne à défendre à chacun de nuire aux droits d’autrui, sans lui interdire l’exercice des siens. Il n’est plus nécessaire aujourd’hui de répondre à ceux qui voudraient donner des entraves à la presse, sous le prétexte de prévenir les abus qu’elle peut produire. Priver un homme des moyens que la nature et l’art ont mis en son pouvoir de communiquer ses sentiments et ses idées, pour empêcher qu’il n’en fasse un mauvais usage, ou bien enchaîner sa langue de peur qu’il ne calomnie, ou lier ses bras de peur qu’il ne les tourne contre ses semblables, tout le monde voit que ce sont là des absurdités du même genre, que cette méthode est tout simplement le secret du despotisme qui, pour rendre les hommes sages et paisibles, ne connaît pas de meilleur moyens que d’en faire des instruments passifs ou de vils automates. Eh ! quelles seraient les formalités auxquelles vous soumettriez le droit de manifester ses pensées ? Défendrez-vous aux citoyens de posséder des presses, pour faire un bienfait commun à l’humanité entière, le patrimoine de quelques mercenaires ? donnerez-vous ou vendrez-vous aux uns le privilège exclusif de disserter périodiquement sur des objets de littérature, aux autres celui de parler de politique et des événements publics ? Décrèterez-vous que les hommes ne peuvent donner l’essor à leurs opinions, si elles n’ont obtenu le passeport d’un officier de police, ou qu’ils ne penseront qu’avec l’approbation d’un censeur, et par permission du gouvernement ? tels sont en effet les chefs d’œuvres qu’enfanta l’absurde manie de donner des lois à la presse ; mais l’opinion publique et la volonté générale de la nation ont proscrit, depuis long-temps, ces infâmes usages. Je ne vois en ce genre qu’une idée qui semble avoir surnagé : c’est celle de proscrire toute espèce d’écrit qui ne porterait point le nom de l’auteur ou de l’imprimeur, et de rendre ceux-ci responsables ; mais comme cette question est liée à la seconde partie de notre discussion, c’est-à-dire à la théorie des lois pénales sur la presse, elle se trouvera résolue par les principes que nous allons établir sur ce point.Peut-on établir des peines contre ce qu’on appelle l’abus de la presse ? dans quels cas ces peines pourraient-elles avoir lieu ? Voilà de grandes questions qu’il faut résoudre, et peut-être la partie la plus importante de notre code constitutionnel.Billet de blog 29 décembre 2008
Citoyens la presse est en danger - 1er volet
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