Le point de départ de ma réflexion concrète sur l'argent fait suite au visionnage d'un film assez révolutionnaire dans son genre et qui avait eu un joli succès sur Internet fin 2008. « Money as debt » un film d'animation d'un parfait inconnu (artiste Canadien), nommé Paul Grignon qui explique le plus simplement du monde comment et par qui est fabriqué notre argent aujourd'hui. Ce film est encore largement disponible librement sur Internet (en français). J'ai ensuite dû recouper les informations pour m'assurer que tout ceci était bien vrai. Et donc :
Pour fabriquer de l'argent, il faut créer une dette.
N'ayant pas fait d'étude en économie C'est à force d'essayer de comprendre comment notre système monétaire fonctionnait que je suis tombé sur cette vérité qui, je dois l'avouer, m'a laissé sans voix. Remonter la filière en suivant l'argent. Là était ma quête pour comprendre comment, qui et à partir de quoi fabrique-t-on l'argent ?
Ainsi, chaque crédit souscrit auprès d'une banque (privée qui plus est) est instantanément associé à de la création de monnaie. Pour faire court, si une banque vous prête 100 000 €, elle ne les possède pas. Elle les crée. Attention, pas la somme entière. Elle est tout de même dans l'obligation de détenir environ 10% de cette somme pour pouvoir les prêter (ouf...quand même). Ensuite, au fur et à mesure du remboursement du prêt, l'argent est détruit (ouf encore....), voilà qui semble assez logique. Et voilà aussi que cela semble coller avec mes explications précédentes : L'argent est une dette.
Bien que le film de Grignon n'aille pas assez loin dans la définition de l'argent lui-même, il n'en est pas moins pertinent sur le principe de sa création et de la spirale infernale dans laquelle le système tout entier nous entraîne. Essayons d'y voir plus clair et essayons de suivre ces fameux 100 000 € (un prêt immobilier par exemple).
Donc au début, l'emprunteur n'a pas d'argent. La banque détient, elle, (par obligation) 10 % de cette somme soit 10 000 €. Il y a donc 10 000 € dans le monde réel. Le prêt est souscrit et 90 000 € sont créés, inventés de toute pièce. Il y a donc maintenant dans le monde réel 100 000 € qui vont servir à acheter des choses réelles dans ce même monde (un appartement par exemple). OK. L'argent est donc parti un peu partout, il devient difficile de le suivre...Mais, oh miracle ! Le revoilà qui revient puisqu'il faut maintenant rembourser le prêt. 100 000 € remboursés en 180 fois soit 15 ans (c'est long quand même...). Cela correspond à des mensualités de 555.55 €. Donc, petit à petit, voilà que notre argent va disparaître en revenant à son point de départ (la banque). Et tout est bien qui finit bien....la boucle est bouclée.
Quoi, les intérêts ? Quels intérêts ?.... Ah, oui, les intérêts... 100 000 € empruntés à un taux de 5% par an, remboursés en 180 mois correspond à des mensualités de 790.79 € et rapportent donc à la banque 42 342.85 €. Ben quoi ? Faut bien vivre, Non ? Banquier est un métier honorable... Sans commentaire... Interrogeons-nous plutôt pour savoir d'où viennent ces 42 342,85 €. Ils ont bien été créés un jour ou l'autre...Oui, par une banque, lors de la souscription d'un ou de plusieurs autres prêts ! Mais alors, il aura donc fallu que ces 42 342.85 € parviennent à la banque initiale (celle qui a prêté les 100 000 €) avant qu'ils ne soient détruits lors du remboursement des autres prêts. Et alors, si les 42 342.85 € n'existent plus parce que les autres prêts auront étés remboursés avant. Comment va-t-on faire pour payer la banque de ses intérêts ?
Il s'agit bien là d'une course sans fin à l'endettement associé à une croissance infinie pour que le système puisse fonctionner. L'endettement, comme base de création monétaire peut-il réguler, à lui seul la quantité d'argent en circulation ? Permettez-moi d'en douter. Plus il y a d'encours de dette et plus il y a d'argent et plus la banque s'enrichit.
Mais le problème me semble également bien plus grave d'un autre point de vue. Toujours dans un souci de rapprocher notre système d'échange au monde réel qui nous entoure, on remarque ici que l'argent se crée proportionnellement à une autre masse d'argent. Les intérêts d'emprunts sont créés à partir de l'argent lui-même. Mais comment diable l'argent peut-il s'auto multiplier ? Par quelle magie et sur quelle base fondamentale ? En fait quand on y réfléchi bien, l'argent des intérêts n'est jamais créé ! Les intérêts jouent avec le temps et parient sur l'avenir. Une bonne vieille croissance économique est créatrice d'endettement et donc de monnaie. Le secret réside dans l'illusion que le volume total est suffisant pour tout payer et tout solder. FAUX ! La dette n'est pas remboursable car la quantité d'argent nécessaire pour la rembourser n'existe pas ! NOUS SOMMES CONDAMNES A UNE CROISSANCE INFINIE POUR QUE DURE L'ILLUSION !
Un système permettant une surmultiplication d'argent à partir d'argent, sans aucune autre valeur d'échange du monde, apparaît non seulement comme un aspect non conforme au concept original de la monnaie mais surtout comme la plus grande des absurdités que l'on puisse imaginer. Et c'est surtout la plus grosse arnaque de tous les temps !
Nous sommes aujourd'hui dépendant de nos banques qui sont un passage obligé de notre argent. Il est, bien sur, rassurant de penser que celui-ci est bien gardé au sein des « disques durs » de ces mêmes banques. Cependant, l'homme nous a montré, à bien des reprises, que sa capacité à garder ses esprits et son sang froid lorsqu'il se trouvait en situation de pouvoir et de monopole n'était pas dans sa nature profonde. Il est à craindre, malheureusement, que les banques soient précisément, aujourd'hui dans cette situation de pouvoir et de monopole. Tout ceci est d'autant plus inquiétant que ce monopole n'est pas celui de l'état, seul garant de l'équilibre et de l'égalité entre ses habitants.
L'article 104 du traité de Maastricht et repris dans notre cher Traité de Lisbonne n'autorise plus les états, à emprunter aux banques centrales sans intérêt mais à emprunter à des banques privées avec intérêts. Ainsi, les états s'endettent sans compter au bénéfice des banques qui elles, s'enrichissent. Nous pourrions penser, naïvement que l'état, protecteur du peuple, est aussi régulateur de sa monnaie et donc du moyen d'échange entre les citoyens. Il n'en est rien. Mais le plus alarmant est, à mon sens, le transfert de pouvoir par la détention des créances de l'état et l'enrichissement d'une sphère privée au détriment de la collectivité.
Pour exemple :
L'état français a emprunté aux banques ces 10 dernières années environ 1 247 000 000 000 € (1247 milliards €) pour combler ses déficits budgétaires. N'ayant pas le détail de ces emprunts, je suppose ici les données suivantes : Si l'on part sur un taux moyen de 4% par an, les intérêts avoisineraient donc au terme du remboursement de ces prêts environ 270 000 000 000 sur 10 ans (270 milliards €) ou 567 000 000 000 (567 milliards €) sur 20 ans et nous sommes là certainement en dessous de la réalité.
De l'argent gagné sans rien faire...Car il y a bien là, enrichissement des banques par le paiement des intérêts (...nos impôts). L'achat de la dette de l'état se fait au plus offrant, après appel d'offre puis l'on voit celui-ci se balader de mains en mains, sur les marchés boursiers mondiaux. C'est ainsi que, dans un registre sensiblement identique, un pays comme la Chine, se retrouve détenteur d'une très grosse partie de la dette publique américaine.
De la même manière, à notre échelle de simple citoyen (consommateur), les mêmes effets découlent de nos nombreux prêts contractés.
Les gains ainsi obtenus par les banques sont ensuite utilisés pour la rémunération des clients épargnants par le biais de multiples produits financiers vantant les mérites d'un argent facilement gagné. Dans ce système, seul l'argent appelle l'argent et le crédit appelle le crédit. Heureux les détenteurs d'argent, et malheureux, les débiteurs.
Je ne vois dans cette démarche, aucune notion d'égalité, de redistribution, ou d'échange équitable. Il n'y a dans ce système qu'un interminable cercle vicieux ou les gains créés par cet acte de crédit (les intérêts) ne sont jamais introduit dans le circuit d'échange et restent au point de départ (la banque) qui, par ce biais crée l'argent qu'elle gagne. Libre ensuite, à elle d'en redistribuer une partie, ou pas...
Nous avons donc devant nous, deux questions fondamentales auxquelles il nous est indispensable de répondre aujourd'hui, si l'on veut redéfinir un système équilibré et non basé sur l'illusion et la cupidité :
Qui peut créer de l'argent ?
Comment et sur quelle base doit-on créer de l'argent ?