Extrait de "Le temps de l'échange" à paraître un jour...Peut-être
- Notre terre est un ensemble fini et régi par des lois qui nous dépassent : le temps, l'espace et la matière.
- loi fondamentale de la physique sur la matière connue à ce jour (hors réaction nucléaire) : Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.
Le temps de l'équilibre de l'échange
L'argent est un système d'échange, voilà tout !
Vous le saviez ? Bien ! C'est déjà ça...
Oui, l'argent est bel et bien un système d'échange entre les humains. Et seulement les humains car il n'existe pas pour les animaux, les plantes ou toute autre entité habitant notre planète. Seulement les humains.
L'échange est un lien entre les Hommes et donc l'argent est un lien entre les Hommes. Nous vivons dans un système social et l'échange est une base fondamentale de notre existence. Parce que Robinson Crusoë, sur son île, se sentait bien seul jusqu'à en devenir presque fou, il fallut bien admettre que l'être humain était fait pour vivre en société et que l'arrivée de Vendredi avait quand même bien arrangé les choses. Ainsi, nous devons échanger puisque c'est le principe même d'une société.
Mais certaines choses ne s'échangent pas. Une donnée importante régit notre monde. C'est une donnée que l'homme ne maîtrise pas (ou du moins pas encore) car il ne peut la contenir dans un espace fini. Il ne peut donc pas l'échanger. Cette composante fondamentale, c'est LE TEMPS.
A réfléchir et à essayer de comprendre l'argent et par extension, nos échanges, je me suis rapidement rendu compte que cette donnée était un des points clés de la compréhension. Pour définir l'argent, il faut inscrire l'échange dans le temps qui, lui, n'est pas échangeable. Ainsi, la définition la plus juste et la plus synthétique que j'ai trouvé de l'argent est celle-ci :
L’argent est la traduction du déséquilibre de l’échange pendant le temps de celui-ci.Essayons d'expliquer cela en l'illustrant au travers d'un exemple d'échange basique.
Prenons deux humains voulant échanger de la matière, c'est-à-dire quelque chose de physique. Le premier a, par exemple, une paire de chaussure qu'il vient de confectionner et le deuxième, un sac de pomme de terre (1kg) qu'il vient de ramasser et nos deux humains souhaitent chacun acquérir le bien de l'autre. Un échange idéal puisque l'on se trouve ici, dans un cas où il y a consentement mutuel. L'échange peut s'opérer instantanément (c'est ce que l'on appelle un troc). L'échange est équilibré et soldé instantanément par le contentement de chacun. Les deux humains repartent chacun de leur côté, contents. L'échange est terminé. Ce principe d'échange, très basique, s'équilibre sans l'intervention du temps.
Maintenant, admettons que les chaussures valent plus que les pommes de terre, c'est-à-dire que par exemple, nos deux humains se sont mis d'accord sur le fait qu'une paire de chaussure ne vaut pas 1 sac de pomme de terre mais 10 sacs de pomme de terre. Il manque alors 9 sacs de pommes de terre pour équilibrer l'échange et celui-ci ne peut donc pas se faire avant que les 10 sacs de pommes de terre soient réunis. Dans ce cas là, soit l'échange est reporté à plus tard, soit l'échange est déséquilibré. L'argent, introduit au sein de l'échange, va équilibrer "virtuellement" cet échange en y introduisant le temps. Où plutôt, c'est l'équilibre réel de l'échange qui va être différé dans le temps. Une dette est créée, tout simplement. L'un des deux humains est redevable à l'autre de 9 sacs de pomme de terre. L'argent est la matérialisation de cette dette : « bon pour 9 sacs de pommes de terre à valoir chez Monsieur Untel ». Et voilà comment notre homme, en échange de sa paire de chaussure, repart non pas avec 1 sac de pomme de terre mais bien 10 sacs de pommes de terre. 1 vrai sac qui existe maintenant et 9 sacs qui existeront dans un délai plus ou moins proche en échange de l'argent. Le délai à l'équilibre de l'échange vient d'être créé et ce n'est qu'une fois que les 9 sacs de pommes de terre auront été échangés à nouveau contre la dette, que l'échange aura trouvé son équilibre. Ainsi, dans le temps où la dette existe, l'échange est déséquilibré. Si la dette est remboursée ou même supprimée, alors l'échange à été équilibré.
Maintenant, prenons un échange plus complexe comprenant une troisième personne. Cette troisième personne possède une paire de lunette.
Nous avons l'Humain 1 qui possède une paire de chaussure, l'Humain 2, un sac de pomme de terre et l'Humain 3 qui possède une paire de lunette.
L'Humain 1 souhaite acquérir un sac de pomme de terre, l'Humain 2 souhaite une paire de lunette et l'Humain 3 souhaite la paire de chaussure. Une fois de plus, l'on se trouve dans un cercle fermé d'échange idéal ou chaque souhait peut être satisfait.
1ère hypothèse :
Les 3 Humains se sont mis d'accord sur le fait que 1 paire de chaussure = 1 paire de lunette = 1 sac de pomme de terre et nos 3 personnes sont au même endroit. C'est le cas idéal, l'échange s'opère et s'équilibre instantanément par la satisfaction de chacun (c'est un troc).
2ème hypothèse :
Les 3 Humains se sont mis d'accord sur le fait que 1 paire de chaussure = 1 paire de lunette = 1 sac de pomme de terre mais l'un d'eux (H3) se trouve à 100km des 2 autres (H1 et H2).
L'échange logique se passe alors en 2 temps :
1er temps dans le premier lieu
H2 donne son sac de pomme de terre à H1.
H1 confie sa paire de chaussure à H2 qu'il donnera ensuite à H3.
A la fin de ce premier temps H1 est satisfait mais H2 et H3 ne le sont pas encore.
2ème temps dans le deuxième lieu :
H2 donne la paire de chaussure à H3
H3 donne la paire de lunette à H2
L'échange est équilibré H3 et H2 sont satisfaits.
Entre le premier et le deuxième temps, l'échange est déséquilibré car H2 et H3 ne sont pas encore satisfaits. L'équilibre repose sur la confiance qu'a H2 en H1 car H2 donne son bien mais ne reçois pas en échange le bien qu'il souhaite. H1 doit certifier à H2 qu'il pourra échanger la paire de chaussure contre la paire de lunette qu'il désire. C'est la condition pour que le premier temps de l'échange s'effectue. Cette confiance pourrait être remplacée aisément par de l'argent donnant un gage de confiance. Ici, elle pourrait être traduite par « certifie qu'une paire de lunette existe et pourra être échangé par cette paire de chaussure ». Ainsi, la valeur de la paire de chaussure a été certifiée par l'argent pendant le temps du déséquilibre. L'argent contribue, ainsi, comme précédemment à l'équilibre "virtuel" de l'échange pendant le temps de son déséquilibre. Le temps qu'il a fallut à l'échange pour s'équilibrer est le temps qu'il a fallu à la matière pour voyager dans l'espace. Le temps d'existence nécessaire de l'argent est le temps nécessaire pour parcourir les 100km (soit dans un sens, soit dans l'autre, soit dans les 2).
3ème hypothèse :
Les 3 humains se sont mis d'accord sur le fait qu' 1 paires de lunettes = 2 paires de chaussures = 20 sacs de pommes de terre et comme dans l'exemple précédent, une distance sépare les 2 premiers Hommes du 3ème.
Il va donc falloir résoudre 2 problèmes consécutifs pour équilibrer l'échange à savoir : le temps qu'il faut à l'ensemble de la matière pour exister et le temps qu'il faut à la matière existante pour voyager (je rappelle que seuls 1 paire de lunette, 1 paire de chaussure et 1 sac de pomme de terre existent aujourd'hui).
1er temps dans le premier lieu
H2 donne son sac de pomme de terre à H1 et lui donne un « bon pour 19 sacs de pommes de terre ».
H1 confie sa paire de chaussure à H2 ainsi qu'un « bon pour une paire de chaussure » qu'il donnera ensuite à H3.
2ème temps dans le deuxième lieu :
H2 donne la paire de chaussure et le « bon pour une paire de chaussure » à H3
H3 donne la paire de lunette à H2.
Regardons maintenant ou en sommes-nous vis-à-vis de l'équilibre de l'échange et du monde réel ?
H1 a 1 sac de pomme de terre + 1 « bon pour 19 sacs de pommes de terres »
H2 a une paire de lunette.
H3 a une paire de chaussure et un « bon pour une paire de chaussure »
Il va donc encore falloir attendre pour que l'échange trouve son équilibre dans le monde réel. Attendre que les 19 sacs de pommes de terres et que la paire de chaussure existent et soient échangés contre les « bons pour ».
Regardons maintenant ce que peut donner cet exemple en le simplifiant avec un système monétaire (prenons une unité en euros par exemple).
L'équivalence des valeurs pourrait nous donner :
- - 1 Paire de lunette = 100 euros
- - 1 paire de chaussure = 50 euros
- - 1 sac de pomme de terre = 5 euros
L'échange peut alors s'effectuer si chacun des humains détient une somme d'argent suffisante (du temps en quelque sorte...) :
H2 donne son sac de pomme de terre à H1 qui lui donne en échange 5€ (satisfaction de H1 et H2), H2 parcours la distance qui le sépare de H3, confiant, et lui donne 100€ en échange de sa paire de lunette (satisfaction de H2 et H3), H3 parcours la distance qui le sépare de H1, confiant, et lui donne 50 euros en échange de la paire de chaussure (satisfaction de H1 et H3).
A chaque étape de l'échange, les 2 parties trouvent l'échange équitable car l'argent leur donne le gage de cette équité.
L'illusion est donc parfaite. Nos trois humains sont satisfaits. Cependant, l'équilibre n'existe pas dans le monde présent ! Une dette subsiste et seul la volonté humaine pourra décider de son effacement. Ce déséquilibre se traduit par la différence d'argent que chacun détient une fois l'échange effectué.
Ici :
H1 : 50-5 = + 45 €
H2 : 5-100 = - 95 €
H3 : 100-50 = 50 €
Premier enseignement : La somme des trois comptes, égale à 0, représente l’équilibre futur de l’échange mais la seule présence de l’argent représente, elle, son déséquilibre dans le présent. Il nous dit que l’échange n’est pas terminé.
Deuxième enseignement, et non des moindres : H1 et H2 ont un solde positif ce qui signifie qu’ils sont tous deux, en mesure de réclamer leur dû et H3 à un solde négatif, il est redevable d’une dette envers les 2 autres.
Troisième enseignement : Comment traduire la possibilité que le solde soit positif ou négatif et non plus égal à 0 (ce qui semblerai être le cas dans notre monde) ?
En introduisant l'argent au sein d'un échange, d'un simple revers de mains, nous repoussons à plus tard la clôture et l'équilibre de l'échange. Et encore plus fort, nous créons du même coup une dette, donnant ainsi au détenteur d'argent un pouvoir sur le non détenteur. L'argent est ainsi né, il a simplifié l'échange en créant un délai à son équilibre.
Mais alors qu'advient-il de l'échange initial si la dette continu de circuler et que les sacs de pomme de terre ne sont jamais réclamés ? Le déséquilibre de l'échange existera tant qu'existera la dette.
Maintenant, il y a deux uniques solutions pour équilibrer l'échange : Aller chercher les 19 sacs de pomme de terre dus et détruire la dette ou détruire la dette sans aller chercher les 19 sacs de pomme de terre! Dans tous les cas, il faut détruire la dette.
C'est ainsi que je me permets ici d'écrire et d'affirmer :
L'argent ne peut exister indéfiniment, mais dans le temps qu'il faut à un échange pour s'équilibrer. Après, il doit disparaître à jamais ou c'est le monde entier qu'il déséquilibre.
Le troc est un équilibre instantané de l'échange contrairement à l'argent qui introduit un délai à l'équilibre de cet échange.
Nous reviendrons plus tard sur la dette que nous connaissons plus communément dans le cadre d'un prêt mais qui intervient aussi, pour très grande partie dans la création monétaire (tiens donc ?). Cependant, il est fondamental, pour la compréhension de la suite, d'assimiler le fait que l'argent n'est ni plus ni moins qu'une dette à solder.