Dans l’épisode précédent…
Dans notre précédent tract, nous avons synthétisé de multiples grèves ainsi que plusieurs attaques en cours :
- la destruction du Code du Travail et sa prétendue simplification
- la destruction du statut de fonctionnaire DONC des services publics (Loi Guérini)
- les 10 milliards de coupes budgétaires dans les services publics : un choix politique
- la remise en cause du droit de grève
Il y a bien d’autres attaques à suivre, et elles font système : le rouleau compresseur ne s’arrêtera que si nous le stoppons !
Suite des attaques : notre veille continue
Des offensives majeures s’ajoutent à notre première synthèse :
- celle d’Attal contre l’assurance chômage : ce serait la 4ème réforme sous la présidence de Macron. Mais cette fois le premier ministre annonce « une vraie réforme globale de l’assurance-chômage » (propos du 27 mars). Quelques pistes sont données comme la réduction « de plusieurs mois » de la durée d’indemnisation ; une augmentation de la durée d’affiliation ; ou encore une baisse du niveau d’indemnisation. Les détails ne seront donnés que dans plusieurs semaines… Afin de laisser passer les élections européennes et de ne surtout pas perturber les Jeux Olympiques et Paralympiques (J.O.P.) !
- celle, plus générale, contre la solidarité collective et le principe de redistribution. Bruno Le Maire a déclaré vouloir « reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable » et a ajouté « La gratuité de tout, pour tous, tout le temps : c’est intenable ». Ce mot de « gratuité » est scandaleux car il efface tout le système de solidarité construit depuis l’après-guerre. Les prestations sociales ne sont pas dues à la charité généreuse d’un État déraisonnable, mais sont le fruit des cotisations issues de notre travail.
- S’y ajoute une énorme attaque sur le droit de grève dans les transports avec une proposition de loi au Sénat discutée et votée le 9 avril. Il s’agit d’interdire les grèves 30 jours par an, à répartir par le gouvernement à sa guise, de supprimer les grèves de 59 minutes, de limiter les préavis à un mois, d’augmenter le préavis de déclaration de 48 à 72h et de réquisitionner les grévistes après 3 jours de grève.
Pour imposer tout cela la répression devient de plus en plus un mode de gouvernement. Particulièrement contre la jeunesse stigmatisée et promise à des mesures de plus en plus réactionnaires. Et aussi contre les syndicalistes, comme Jean-Paul Delescaut, secrétaire de la fédération CGT du Nord ou Olivier Cuzon cosecrétaire de l'Union interprofessionnelle Solidaires 29.
Pour une vision d’ensemble
Ces attaques font système car elles visent l’abaissement progressif de toute la pyramide du travail : chaque étage est abaissé pour détruire l’ensemble. En haut de cette pyramide se trouve le statut le plus protecteur, celui de fonctionnaire, et la base en est le « statut » de lycéen.n.e en lycée professionnel ou d’apprenti.e. Entre les deux se trouvent les divers statuts du privés, et les statuts les plus précaires (intermittent.e.s, privé.e.s d’emploi). S’y ajoutent les travailleur.euses sans-papiers, qui pour beaucoup, cotisent en n’ayant aucune protection. Les attaques contre l’assurance-chômage tirent vers le bas l’ensemble de cette pyramide.
Nous le voyons tous les jours : des grèves ont lieu par dizaines pour arracher de meilleurs salaires, mais elles se font de façon dispersée, sans médiatisation conséquente. Elles sont donc vouées à des victoires très relatives et à l’épuisement.
Au-delà du seul « pouvoir d’achat », terme capitaliste, nous préférons exiger, pour toutes et tous, un salaire décent, capable de satisfaire les besoins essentiels. Nous voulons poser collectivement la question du sens du travail : comment faut-il travailler ? Pour qui ? Que faut-il produire ? Il faut aussi selon nous, non pas seulement une lutte contre les régressions sociales, mais une lutte pour un projet de société qui repense le travail et les richesses qu’il produit, la solidarité et l’émancipation, contre le capitalisme et sa soif de profit au détriment du vivant (ce sera d’ailleurs l’objet de notre prochain matériel de diffusion).
Quelles perspectives de réflexion et d’action ?
Il nous semble qu’il faut médiatiser toutes les grèves en cours, ce que nous nous efforçons de faire (voir tract n°1 de 2024). Il faut les coordonner pour leur donner toute leur force face à un (grand)patronat et à un gouvernement qui organisent l’isolement et la répression des luttes. Les organisations syndicales les plus offensives, unies, doivent proposer, en lien avec les mobilisations de terrain, un plan de bataille, comme cela se fait dans le 93 et d’autres départements. Les luttes sont vivantes quand elles sont organisées par les travailleurs -ses elleux mêmes (salarié.e.s, précaires, sans-papiers…). Mais on ne peut espérer un rapport de force suffisant pour gagner qu’avec le soutien logistique et financier et la centralisation des luttes -sans récupération- des directions syndicales. Nous pouvons collectivement et chacun.e de notre côté, exiger des directions syndicales une telle stratégie et la leur imposer.
Lors du mouvement des retraites de l’an dernier, l’Intersyndicale a prétendu chercher une progressivité de la lutte, mais s’est contentée de journées de mobilisation isolées et éloignées. Il faut trouver cette progressivité, monter en puissance dans le rapport de force, mais être aussi capables de saisir l’étincelle (si une insurrection comparable à celle des Gilets Jaunes revenait, par exemple).
Dans l’Éducation, la réforme dite du « Choc des savoirs » promise pour la rentrée 2024, fait naître de fortes résistances car elle formalise l’école comme outil de tri social et de mise au pas. Parents, élèves et professionnel.le.s de l’éducation discutent de la poursuite de la grève, de reconductibles, de boycott des examens en juin...et évoquent des grèves à la rentrée de septembre. En parallèle, les J.O.P. et la future réforme de l’assurance chômage incitent à nous insurger et à résister : faisons-le ensemble !