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Billet de blog 8 octobre 2024

Un mois de grèves et de luttes : Septembre 2024

Chaque mois, nous vous proposerons une brève présentation des conflits qui se déroulent ou se sont déroulés dans la période en question, en France mais aussi à l’international.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous savons parfaitement que la liste qui suit n’est que partielle. Eh oui ! L’information sur les grèves et les luttes n’est pas la mieux partagée par les médias, il faut aller la chercher. Et pourtant, des grèves, il y en a ! En France, et ailleurs  dans le monde, y compris dans des pays que les médias mainstream nous présentent comme les modèles à suivre, États-Unis ou Allemagne, car les salarié.e.s y seraient dociles, pas comme les salarié.e.s français.es "réfractaires"!

Nous commencerons d'ailleurs par ces deux pays, qui ont connu en septembre des grèves inédites de par leur ampleur, leurs modalités et le rapport de force imposé à leurs patronats et  gouvernements respectifs.

Si vous avez des informations à nous transmettre à propos de votre grève ou d’une grève dont vous avez connaissance, n’hésitez pas à nous en faire part en nous écrivant à netournonspaslapage@gmail.com

QUELQUES FAITS NOTABLES A L'INTERNATIONAL

Des grèves massives aux Etats-Unis

Vague de grèves dans le secteur hôtelier de certaines villes, touchant plus de 10 000 salarié.es (grooms, femmes de chambre, employé.es de cuisine, réceptionnistes, etc.) pour des augmentations de salaires et des embauches. Cette vague pourrait se prolonger dans les prochains mois.

Lutte pour de vraies augmentations salariales de quelque 30 000 salarié.es chez Boeing, engagé.es dans un long conflit.

Ailleurs à l’étranger :

Révoltes ouvrières chez Volkswagen Audi : manifestation de colère à Bruxelles, contre un projet dévastateur pour l’emploi, avec pneus incendiés ; un mouvement qui s’est déjà étendu au Mexique et en Allemagne pour défendre les moyens de subsistance des ouvriers, et contre toutes les attaques de la direction.

Grève de centaines de salarié.es d’une usine d’électroménager de Samsung en Inde, pour des hausses de salaires et le temps de travail.

En Turquie, plus de 75 jours de grève de sidérurgistes du Hatay, bien soutenus par la population locale, pour défendre leurs salaires réels en cette phase d’inflation.

Dans les DOM :

Guadeloupe, grève chez EDF, suite à la non-application des accords signés suite à la longue grève de 2023, conduisant à des coupures d’électricité touchant plusieurs dizaines de milliers de foyers.

En Martinique, des grèves notamment dans les secteurs portuaire, aéroportuaire et les transports routiers. Puis une grève générale de 24h, renouvelable, contre la vie chère (revendications de hausse du salaire minimum, des retraites et minima sociaux à 2000 euros nets par mois, indexation des salaires, pensions et minima sociaux, contrôle des prix de première nécessité). Paralysation de nombreux secteurs malgré une forte répression. La cherté de la vie a aussi causé plusieurs nuits d’émeutes. Couvre-feu mis en place dans certains secteurs.

A la Réunion, grève massive et illimitée à partir du 23 septembre dans le traitement des déchets à l’entreprise RVE (Réunion Valorisation Environnement) pour l’emploi et les conditions de travail, contre le rachat de la boite par le groupe Suez.

EN FRANCE

Deux longues luttes qui se poursuivent :

Chez MA France à Aulnay-sous-Bois (93), équipementier automobile sous-traitant de Stellantis : le 20 septembre, un rassemblement de soutien était organisé, avec visite du site etc. Cela faisait 157 jours (depuis le 16 avril) que les salarié.es de la boite étaient en grève et occupaient l’usine, pour lutter contre une direction qui veut fermer l’usine malgré un carnet de commande plein. Le 13 mai, la liquidation judiciaire de la boite a été décidée, mettant 280 salarié.es sur le carreau. A présent, la direction prétend récupérer le bâtiment et liquider les machines.

Chez Onela (aide à la personne), à Boulogne-Billancourt (92): en grève depuis février 2024, pour dénoncer des conditions de travail déplorables (local minuscule et insalubre, sous-effectif, travail dissimulé, faibles salaires sans augmentation depuis des années, absence de formation, manque de moyens…). Les grévistes appelaient à un rassemblement de soutien à leur lutte le 19 septembre devant le siège de la boite.

Dans les transports

Courte grève au port de Calais début septembre, avec blocage du trafic.

Plusieurs grèves dans les transports urbains chez Keolis : à Rennes le 12 septembre contre le management répressif et le flicage dans la boite ; grève reconductible à Lisieux contre la trop grande amplitude horaire, le mode de remboursement des frais kilométriques et pour obtenir la démission du directeur ; et à Keolis Méditerranée, au moins 6 semaines de grève (avec interruption pendant les vacances) pour la paye, bien suivie à Sète et Agde, et un fort impact régional.

Grève dans le RER B le 24 septembre, à l’appel de 4 syndicats et ayant causé d’importantes perturbations, pour dénoncer le contrôle trop musclé d’un conducteur par des agents de sûreté.

Grève à Easyjet mi-septembre (appel à un mouvement illimité) pour contester la fermeture de la base de Toulouse et le transfert de 125 salarié.es.

A Marseille-Fos, grève de 24 heures le 16 septembre des dockers et portuaires, à l’appel de la CGT, contre la « transition écologique punitive » de Macron et ses gouvernements, et les menaces pesant sur une centaine d’emplois suite à la liquidation en décembre de la société Carfos Sea Invest.

Dans l’éducation, une mobilisation inégale selon les endroits depuis la rentrée. Parmi de nombreux autres cas on peut relever notamment :

Grève au collège Pissarro à St Maur (94) contre le manque de moyens

Grève et manifestations le 10 septembre appelées nationalement, mais mieux suivies dans certains endroits (par exemple le 93et le 95), pour le refus des évaluations nationales et le « choc des savoirs » (et les groupes de niveaux), pour des créations de postes et la revalorisation des salaires. Cette grève le 10 a été plutôt en demi-teinte dans le 1er degré et les maternelles.

Le manque d’un plan d’action national se fait cruellement sentir, globalement mais aussi notamment face au « choc des savoirs ».

Dernière semaine de septembre, grèves et mobilisations avec les parents dans le 94 (Ivry, Vitry, Arcueil) contre le manque de moyens et pour l’amélioration des conditions d’étude (primaire et secondaire)

Fin septembre aussi, grève de plusieurs lycées en banlieue lyonnaise (Villeurbanne, Vénissieux, Vaux en Velin…) suite à l’agression violente d’un professeur : exigence de plus de moyens, alors que des postes sont supprimés.

Périscolaire :

Agents d’animation de Clichy (92) en grève illimitée début septembre : pas de cantine ni de centre de loisirs dans les écoles de la ville.

Grève à fort impact aussi à Paris dans le périscolaire le 5 septembre pour des primes, les conditions de formation, un calendrier de négociations.

Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) :

Pour la troisième fois en un mois, grève intersyndicale le 19 septembre contre le non-renouvellement de quelque 500 contractuels, avec ses conséquences déjà perceptibles : « augmentation de la charge de travail, tension dans les relations professionnelles, allongement des listes d’attente, priorisation des prises en charge »…

Hôtellerie :

Grève des femmes de chambre début septembre, chez Louvre Hôtel dans les hôtels Campanile et 1ère classe à Suresnes (92), pour l’indexation des salaires sur les prix, une prime et la réintégration d’une collègue licenciée

Grève fin septembre au Sofitel Scribe Opéra à Paris : des salarié.es se battent pour obtenir une prime JO après avoir travaillé pendant l’été.

Nettoyage :

Gare de Marseille St Charles. L’entreprise Laser Propreté a vu ses contrats de nettoyage résiliés par la SNCF et la RTM, pour pratiques frauduleuses. Les salarié.es de la boite, laissé.es dans le flou, luttent pour leur emploi. Depuis le 2 septembre, ils et elles sont en grève. Face à l’amoncellement des détritus, la préfecture a réquisitionné d’autres sociétés pour briser la grève à la gare et dans le métro, qui s’est poursuivie malgré ces réquisitions.

Université de Paris Dauphine : grève reconductible décidée mi-septembre par les travailleurs/ses de l’entreprise OMS Synergie (sous-traitance nettoyage) contre la répression patronale et le licenciement de 10 personnes

Autres :

Grève début septembre à l’entreprise Spider, un studio de jeux vidéo, pour de meilleures conditions de travail.

Grève chez Stéris (géant US du matériel médico-dentaire) en Gironde, contre le licenciement prévu de 96 des 246 salarié.es de l’usine.

Grève à Wittenheim (Haut-Rhin) dans l’entreprise d’insertion (pour travailleurs/ses handicapé.es) Les Papillons Blancs, sous-traitant de Stellantis, contre la suppression de nombreux acquis sociaux et notamment la baisse de 10% des salaires décidée par l’employeur. Une lutte soutenue par la seule CGT.

Grève FTM CGT dans la sidérurgie le 13 septembre, notamment dans l’ensemble des sites Arcelor Mittal pour exiger de gros investissements dans la filière.

Débrayage massif chez Thalès Alenia Space à Toulouse le 17 septembre, contre la suppression prévue de plus de 1200 postes. Cela vient après une première journée en juin.

Grève (CGT, CFDT, Sud) les 19 et 26 septembre au Samu social de Paris pour 10% d’augmentation de salaires, le 13e mois et le versement de la « prime Ségur ».

Pour le versement de la « prime Ségur » aussi, grève le 27 septembre du secteur médico-social dans la Sarthe (agent.es travaillant auprès des personnes âgées ou handicapées) : pour obtenir près de 200 euros de hausse de salaire : cette journée a obtenu une promesse de négociations avant la fin de l’année dans ce département.

Dans le secteur de l’emballage, grève reconductible, notamment à Carhaix (29) des salarié.es de la cartonnerie DS Smith lancé par une intersyndicale, pour une prime de partage des bénéfices à hauteur de 2500 euros et une réévaluation de la classification des métiers.

Ateliers de Joigny (appartenant à VTG Group, loueur allemand de wagons) : grève à Artix (Pyrénées Atlantiques) des travailleurs/ses de la maintenance des wagons et composants ferroviaires, pour obtenir des primes sur les interventions en déplacement.

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