Chaque mois, nous vous proposerons une brève présentation des conflits qui se déroulent ou se sont déroulés dans la période en question, en France mais aussi à l’international.
Nous savons parfaitement que la liste qui suit n’est que partielle. Eh oui ! L’information sur les grèves et les luttes n’est pas la mieux partagée par les médias, il faut aller la chercher. Et pourtant, des grèves, il y en a ! En France, et ailleurs dans le monde, y compris dans des pays que les médias mainstream nous présentent comme les modèles à suivre, États-Unis ou Allemagne, car les salarié.e.s y seraient dociles, pas comme les salarié.e.s français.es "réfractaires"! Si vous avez des informations à nous transmettre à propos de votre grève ou d’une grève dont vous avez connaissance, n’hésitez pas à nous en faire part en nous écrivant à netournonspaslapage@gmail.com
Clôture rédactionnelle de cet article : mardi 8 juillet 2025
A L’INTERNATIONAL
Royaume Uni
A Birmingham, une grève des éboueurs a lieu contre un plan de restructuration voulu par la municipalité, ruineux pour les éboueurs. C’est une grève massive (à 97%) et déterminée, commencée en mars et reconduite en juin. Les grévistes se disent prêts à tenir jusqu’à Noël !
Espagne
25 000 travailleurs/ses sont parti.es en grève à Cadix à la mi-juin, à l’occasion de négociations de la convention collective de la métallurgie : pour des hausses de salaires, le passage de CDD en CDI et la reconnaissance du critère de risque, pénibilité et toxicité, qui signifie amélioration salariale et retraite plus tôt. Certain.es y ajoutent la fin des listes noires pour les éléments combatifs. Le syndicat UGT a signé un accord pourri mais une partie des grévistes a continué, notamment autour de la CGT et de la Coordination des Travailleurs du Métal. Cela leur a valu charges et arrestations de la police.
EN FRANCE
Journée CGT du 5/6
Appel CGT Etat à la grève le 5/6 pour interpeller les député.es pour l’abrogation de la réforme des retraites de 2023 à l’occasion de la niche parlementaire du PCF, alors que près de 70% des Français.es interrogé.es rejettent toujours cette réforme. Quatre organisations de jeunesse s’associaient à cette journée, avec 134 rassemblements et manifestations dans 94 départements du pays, visant à remobiliser avant la fin du Conclave.
Automobile :
Renault
Grève le 20/6 à l’appel de la CGT et de Sud, massivement suivie chez MCA (groupe Renault) à Maubeuge (59) contre les projets de la direction (baisse de la rémunération des heures de nuit et des heures sup’), alors que les rythmes de travail sont déjà épuisants.
Autres grèves dans l’automobile
JTEKT, équipementier qui appartient majoritairement à Toyota, veut supprimer près de 200 emplois (sur 1900) à Irigny (69) et Chevigny-St Sauveur (21). Face à cela, les salarié.es ont débrayé et fait ½ journée de grève en mai. A l’appel de CGT et CFDT, ils et elles se sont mis en grève les 4 et 5/6 contre tous les licenciements. Et face aux provocations de la direction, le 19/6, c’est une grève reconductible qui a été lancée par l’intersyndicale à Irigny.
Forvia Siedoubs d’Allenjoie, équipementier qui fait des sièges pour Stellantis, a vu une grève victorieuse le 12/6 à l’appel de la CGT. Alors que les réunions salariales ne donnaient rien, les grévistes ont gagné 6,1% de hausse rétroactive des salaires au 1/1/2025, plus 2600€ de prime exceptionnelle, plus +25% de prime de vacances, et les heures de grève seront payées.
Chimie, pétrochimie, pharmacie :
La grève à Cerexagri (fabrication de pesticides et autres produits agrochimiques) avait commencé le 20/5 face au plan de fermeture du site de Bassens (33). A partir du 2/6, le ton est monté avec un blocage de la production. 35 des 38 salarié.es doivent être mis à la porte. Un des mots d’ordre : « pas de PSE… il faut des embauches ! ».
A Domo Saint-Fons (69), après des débrayages depuis quelques semaines, contre 155 suppressions d’emplois, des rassemblements devant l’usine les 2 et 3/6 appelaient à durcir le mouvement. Les 5 et 6/6, les entrées du site étaient bloquées, une délégation allait au Medef. Les travailleurs/ses veulent une supra-légale au moins de 80 000€ en plus de la prime Domo.
Transports :
Aérien
Grève chez Transavia le 1/6, avec de nombreux vols annulés à Orly, du personnel navigant commercial, pour des revendications salariales et de l’organisation du temps de travail.
Quant aux contrôleurs aériens, un préavis de grève a été déposé les 3 et 4/7 par l’UNSA, deuxième syndicat du secteur, pour de meilleurs salaires et contre la flexibilité.
SNCF
Le préavis de la CGT les 4 et 5/6 visait à faire pression sur la direction dans les négociations. Le trafic a été normal sauf sur quelques lignes.
La grève reconductible des aiguilleurs du Bourget, pour s’opposer à la suppression d’un poste à Villemomble, s’est poursuivie en juin. Une grève contre la dégradation des conditions d’activité et pour la sécurité.
Les caténairistes à Montpellier ont lancé une grève reconductible il y a plus de 2 mois face à la dégradation des conditions de travail et la suppression de leurs indemnités de déplacement.
Transports lyonnais
Aux TCL (Transports en commun de Lyon) c’est contre le minable 1% d’augmentation et un coup de rabot sur les primes annoncés par Keolis qu’une grève très suivie a eu lieu le 23/6, à l’appel des syndicats.
Transports marseillais
A Marseille, c’est 3 jours qu’a duré une forte grève du métro contre la dégradation des conditions de travail et le mépris de la hiérarchie de la RTM.
Transports parisiens
20/6 : Grève sur plusieurs lignes RATP du métro parisien (13, 3, 3bis), appelée par FO, Solidaires, La Base, contre la dégradation des conditions de travail des conducteurs/trices.
Propreté nettoyage
Fin mai déjà, les agent.es des déchetteries et éboueurs d’Angoulême ont lancé une massive grève illimitée pour des hausses de primes et une reconnaissance, avec un piquet de grève de 150 personnes par jour, et la mise en place d’une caisse de grève.
Banques et assurances
Le 27/6, 3 syndicats (CFDT, CGT, CFTC) ont appelé à la grève les salarié.es de la Société Générale pour garder leur quota de jours de télétravail, que la direction veut diminuer.
La Poste
3/6 : grève majoritaire des postiers de l’ex-centre de tri de Fleury-les-Aubrais (45) contre une direction qui veut les faire travailler plus (un samedi sur deux, avec des semaines de six jours).
Santé-social
Social et médico-social
Le 26/6, un pas en avant a été franchi parmi les travailleurs/ses du secteur social de l’Hérault, avec un rassemblement, autour de l’association APS34, en grève contre 15 suppressions de postes, 35% de leur effectif. Une coordination est née autour d’APS34, pour lutter ensemble contre une austérité qui frappe partout, en particulier dans ce secteur.
Dans les hôpitaux
CHS Novillars (25), hôpital psychiatrique près de Besançon, la fermeture d’une unité a donné lieu à une grève le 10/6, face à l’avenir sombre, au management et au mépris de la hiérarchie.
Des grèves reconductibles ont récemment touché divers services du CHU de Toulouse. Le 17/6, un rassemblement était organisé devant la direction, à l’appel de la CGT.
Le 13/6 à Laval, les soignant.es de psychiatrie ont débrayé et se sont rassemblé.es à 150 face à la décision de fermeture du dernier service de séjour long de cet hôpital.
Fonction publique
France Télévisions
Face au projet voulu par Rachida Dati et le gouvernement, de rapprochement des entreprises de l’audiovisuel public, les syndicats ont appelé à une grève illimitée à partir du 30/6.
Collectivités territoriales
Chilly Mazarin (91)
Grève des agent.es du CCAS de la ville à l’appel de CGT et UNSA avec manif devant la Cité administrative, contre la dégradation des conditions de travail, pour relever le complément indemnitaire annuel et la participation de l’employeur aux contrats d’assurance, des titres-restaurant, un régime indemnitaire transparent et équitable, et pour un vrai dialogue social.
Vitry (94) Police Municipale
Le 23/6, grève des 12 policiers municipaux contre le harcèlement moral de leur chef et de son adjoint, qui devait se prolonger les jours suivants.
Toulouse
Contre les coupes budgétaires 2025 voulues par la mairie et le conseil départemental, la Coordination contre l’austérité, qui a déjà obtenu une diminution des coupes par la lutte, appelait à un rassemblement, le 20/6, au Capitole, pour aller plus loin. Les bibliothécaires de la ville, qui ont aussi organisé des rencontres en juin avec les usager.es, étaient présent.es.
A la médiathèque Cabanis de cette ville, contre une série d’attaques racistes et islamophobes visant notamment le personnel, mais à laquelle la direction ne répond pas concrètement, une équipe a fait grève le 25/6.
Culture
Bibliothécaires BNF
A la BNF, les agent.es sont mécontent.es. En grève, le 7/6, ils et elles occupaient le hall du site François Mitterrand pour lutter contre la précarité et la diminution du nombre de postes, et pour sensibiliser le public au sort des vacataires.
Bibliothèques Paris
Grève massive, à l’appel d’une intersyndicale, le 20/6 contre le projet PlaP2 concocté par la mairie : un plan d’austérité visant à regrouper grandes et petites structures et à uniformiser les horaires par souci économie et pour faire travailler plus les agent.es. Suite prévue le 1/7.
Paris-Musées
Cet établissement gère la majorité des musées parisiens, et les travailleurs luttent depuis des semaines contre la mise en place de badgeuses, la flexibilisation et la dégradation des conditions de travail. Un comité de grève est en place depuis le 30/4. Début juin, les grévistes sont parti.es en reconductible, avec un piquet de grève au Petit Palais qui a permis de faire débrayer une partie de l'équipe de surveillance qui s’est jointe au mouvement. Des tracts ont été distribués au public, et une partie des collections permanentes ont dû fermer.
A Paris, les agent.es des catacombes se sont mis.es en grève reconductible début juin et, bloquant le site plus de 2 semaines, ont obtenu des revendications le 20/6 : l’embauche de 3 nouveaux agents, une indemnité de pénibilité relevée de 300€, des CDD prolongés. Mais les grévistes vont continuer à lutter avec leurs collègues des autres structures de Paris-Musées.
Le 23/6, ce sont les intervenant.es culturel.les de Paris-Musées qui étaient en grève pour dénoncer la précarisation de leur emploi et leur rémunération (salaire bloqué depuis 17 ans avec 13€ net de l’heure pour des Bac+5). Ils et elles veulent une rémunération en lien avec leur qualification, avec prise en compte de l’expérience et de l’ancienneté, la même évolution de carrière que les cadres de catégorie A à travail équivalent. Ils et elles tiennent à conserver l’autonomie de leur travail, nécessaire à leur métier.
Le Louvre
Le 16/6, grève surprise des agent.es d’accueil contre le surtourisme (surfréquentation et sous-effectifs – 200 emplois équivalents temps plein perdus en 15 ans) et la dégradation des conditions de travail, rendant le musée inaccessible pendant plusieurs heures.
Éducation nationale
A Évry-Courcouronnes, les profs du collège Montesquieu se disent épuisé.es. En grève le 5/6, ils et elles exigent le classement de leur bahut en REP+. L’indice IPS de celui-ci le justifierait et les moyens REP+ aideraient à mieux lutter contre les actes de violence dans l’établissement. Ils et elles menacent de ne pas faire la rentrée si ça ne change pas.
Lycée Touchard-Washington au Mans (72) : grève et manifestation contre un proviseur toxique et harceleur, qui sévit depuis 7 ans. Enseignant.es et personnels du lycée, lycéen.nes étaient uni.es le 10/6 devant le lycée pour exiger que ça s’arrête.
Collège Anatole-France de Gerzat (63) : avec 97% de grévistes le 19/6 pour dire non aux classes surchargées, les personnels ont obtenu l’ouverture d’une classe de 5e et d’une classe de 3e supplémentaires en septembre.
Collège Aimé Césaire (Paris-18) : dans cet établissement REP, les personnels en grève illimitée depuis le 11/6 contre la suppression d’une classe de 6e à la rentrée, se disent prêts à tenir pendant la période des examens. Ils et elles semblent avoir le soutien des parents.
Enseignants-Gaza : le 17/6, les principaux syndicats de l’Éducation (SNES, FO, CGT, Sud) appelaient à faire grève et à manifester en France contre la vague de répression du pouvoir visant à faire taire la solidarité avec Gaza, notamment autour de la sanction infligée à l’enseignante de Sens pour une minute de silence. A Paris quelque 200 personnes étaient rassemblées aux abords du ministère.