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Billet de blog 14 octobre 2025

Un mois de grèves et de luttes : Septembre 2025

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Titre : 

Résumé : Chaque mois, nous vous proposerons une brève présentation des conflits qui se déroulent ou se sont déroulés dans la période en question, en France et à l’international.

Corps de l’article :

Chaque mois, nous vous proposerons une brève présentation des conflits qui se déroulent ou se sont déroulés dans la période en question, en France mais aussi à l’international.

Nous savons parfaitement que la liste qui suit n’est que partielle. Eh oui ! L’information sur les grèves et les luttes n’est pas la mieux partagée par les médias, il faut aller la chercher. Et pourtant, des grèves, il y en a ! En France, et ailleurs dans le monde, y compris dans des pays que les médias mainstream nous présentent comme les modèles à suivre, États-Unis ou Allemagne, car les salarié.e.s y seraient dociles, pas comme les salarié.e.s français.es "réfractaires"! Si vous avez des informations à nous transmettre à propos de votre grève ou d’une grève dont vous avez connaissance, n’hésitez pas à nous en faire part en nous écrivant à netournonspaslapage@gmail.com

Clôture rédactionnelle de cet article : dimanche 12 octobre 2025

A L’INTERNATIONAL

Etats-Unis

Boeing Défense (avions de chasse) : Depuis le 04/08, quelque 3200 ouvrier.es hautement qualifié.es sont en grève à St Louis (Missouri) et dans l’Illinois, à propos de la révision de leur contrat d’entreprise, rejetant 3 offres successives de la direction, notamment une hausse de 40% ! Ce qui implique une production de F-15, drones, etc. fortement ralentie. Le 10/09 les médias indiquaient qu’un accord semblait être trouvé (avec notamment des hausses de salaires sur 5 ans). Mais le 13/09, une majorité des membres du syndicat IAM District 837 ont jugé que par rapport à ce qu’ont gagné les autres salarié.es de Boeing, en particulier en matière de prime à la signature (à l’arrivée dans un nouvel emploi), et pour les retraites, le compte n’y était pas. La grève s’est donc poursuivie.

Royaume-Uni

Grève massive pour l’obtention de meilleurs salaires et la réduction du temps de travail dans le métro londonien, du dimanche 07/09 au 12/09, paralysant massivement la ville.

Italie

L’Italie connait une forte mobilisation en solidarité avec Gaza. Le 22/09, des dizaines de milliers de personnes manifestaient à travers toute l’Italie pour « dénoncer le génocide » (à Rome : « contre le génocide, bloquons tout ! ») lors d’une journée de mobilisation marquée par des grèves et des blocages à l’appel de plusieurs syndicats, le jour même où 10 nouveaux pays reconnaissaient l’Etat palestinien à l’ONU (mais pas l’Italie). Blocages de dockers à Gênes et Livourne. Ces actions ont eu des suites. Une nouvelle journée de mobilisation nationale sur la question a été décidée pour le 04/10.

Le week-end suivant, les dockers ont envahi le port de Gênes, où s’est aussi tenu un grand meeting regroupant des travailleurs/ses portuaires de toute l’Europe et d’Afrique du Nord. Il en est sorti un appel à une journée de grève générale dans tout le continent européen pour lutter contre le génocide à Gaza.

OUTRE-MER

Grève des agent.es de la Saur en Martinique, depuis le 11/08. Un comité de grève les aide à s’affronter à une direction qui refuse d’appliquer des accords qui leur étaient favorables (avec la « prime de bienvenue » aujourd’hui remise en cause). Les grévistes veulent logiquement le paiement des jours de grève, ce que refuse la direction.

EN FRANCE

Grèves spécifiques

Métallurgie

Saint Gobain PAM

Grève appelée par l’ensemble des organisations syndicales à l’usine Saint Gobain Pont-à-Mousson (54) le 02/09, suivie par presque tou.tes les salarié.es de la boite. La direction veut remettre en cause les avantages propres à l’entreprise, sous prétexte de « décarbonation ».

Aluminium Dunkerque

Grève gagnante le 11/09 dans cette fonderie, contre le manque de personnel et de moyens matériels. La direction a promis une prime, l’amélioration de l’état du matériel, l’augmentation des effectifs et le paiement des heures de grève. Le travail a repris, mais seulement une fois ces engagements mis par écrit.

Autres industries

Saverglass : nous avons déjà parlé dans un précédent compte-rendu d’un plan de licenciements de 139 salarié.es dans cette verrerie du Havre. Les salarié.es sont reparti.es en grève le 16/09, car non seulement la direction veut les virer après avoir bousillé leur santé, non seulement elle a eu le cynisme de leur faire former des « collègues » sans doute appelé.es à piquer leur boulot à Dubaï et au Mexique, mais elle vient de leur proposer une misère en guise d’indemnité de licenciement : 500€ par année d’ancienneté pour la supra-légale. La CGT n’exige pas moins de 4 000€ par annuité.

Hermès : en Franche-Comté il y a eu une grève les 10 et 18/09 dans des usines qui n’en voient jamais : à Seloncourt (25), Héricourt (70) et Allenjoie (25). Le ras-le-bol de l’usine et des conditions de la production de sacs à main de luxe a déclenché le mouvement ; ils et elles ont obtenu de suite les 120€ d’augmentation qui étaient prévus, mais sans date définie.

Neuhauser Folschviller (57) : dans cette usine de boulangerie industrielle, une grève massive doublée d’un ras-le-bol, a touché l’ensemble des équipes le 16/09, alors que certain.es ouvrier.es étaient déjà en grève depuis deux jours. Un piquet de grève a été organisé. La grève touche d’autres sites Neuhauser : Maubeuge (59), Ploërmel (56). L’AG a vite fait remonter les revendications prioritaires : 400€ d’augmentation ; de meilleures conditions de travail ; embauche de tou.tes les intérimaires.

Transports

SNCF

Grève à l’appel de Sud Rail le 01/09 sur les lignes L et J du Transilien (Paris-St Lazare), contre la modification du plan de transport, qui entrainerait la suppression d’un train sur quatre sur ces deux lignes, et pour dénoncer les méfaits causés par l’ouverture à la concurrence et les contraintes de la reprise par une filiale.

Grève réussie le 05/09, dans deux services (RD et TA) du Technicentre Atlantique (Châtillon, 92) contre un projet de réorganisation dont les bases se sont révélées très destructrices ailleurs, pour l’emploi et les conditions de travail.

Energie

Grève reconductible dans l’énergie à partir du 02/09, à l’appel de la CGT-FNME. Premier point d’étape après 4 jours. Les actions sont décidées localement en AG. Avec 2 revendications principales : +9% d’augmentation sur le salaire national de base dans toutes les industries électriques et gazières ; et un « juste prix de l’énergie » avec le retour de la TVA à 5,5% (passée à 20% avec Bayrou). S’y ajoutent deux échelons supplémentaires d’ancienneté pour la retraite, et l’indexation des salaires sur l’inflation.

La journée du 02/09 a été massive : plus de 200 piquets dans toute la France, avec une forte reconduction. Les jours suivants, la mobilisation a essaimé partout dans le pays. La stratégie est différente de ce qui domine dans le paysage social : il s’agit d’une grève sectorielle mais ouverte sur l’extérieur, reconductible, de longue durée s’il le faut. Et dès le début du mois, le lien avec le 10/09 était partout mis en avant.

Cette grève prolongée a conduit à l’obtention d’une réunion avec les patrons le 23/09.

Pour célébrer l’évènement, la CGT Energie 75 organisait une action coup de poing : une centaine de compteurs Linky (électricité) et Gazpar (gaz) étaient déposés devant les sièges des principales industries du secteur. Des compteurs haïs par les énergéticien.nes, parce qu’ils permettent de couper facilement le service aux usager.es, surtout les pauvres.

Pendant la 3e semaine de grève, les énergéticien.nes très énervé.es par le mépris du patronat ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Sur le terminal de Fos-Cavaou (13), la grève reconductible a été votée, et plus personne ne pilote les grues qui permettent de récupérer le méthane liquéfié depuis les bateaux, qui ne peuvent plus accoster.

Santé-social

Hôpitaux

A l’hôpital de Girac, près d’Angoulême (16), les personnels de la maternité, de la pédiatrie et de la néonatologie sont en grève depuis fin juin contre la perte de moyens matériels et de postes. Cette lutte obtient du soutien de la population. Un comité de soutien vient de voir le jour, notamment afin de médiatiser davantage cette grève et de développer les actions pour faire céder la direction.

Ehpad

A Lormont (33), les soignant.es d’un Ehpad ont démarré une grève perlée le 16/09, pour lutter contre le sous-effectif, qui ne permet plus de prendre soin convenablement des résident.es, qui ne sont, par exemple, douché.es que tous les deux ou trois mois !

Culture

Grève reconductible lancée le 10 septembre, dans le sillage de « Bloquons tout » par les salarié.es d’Alto Onsite, boite spécialisée dans la création de contenus et la mise à disposition d’audio-guides pour des monuments comme l’Opéra Garnier, Notre-Dame de Paris, le Panthéon etc. Ces travailleurs/ses précaires luttent contre le bas niveau des salaires et des conditions de travail qui se dégradent.

Après plusieurs vagues de mobilisation ces derniers mois et années, et suite au mouvement « Bloquons Tout », très suivi à l’Opéra de Paris, les salarié.es de l’Opéra se sont mis.es en grève pour une revalorisation salariale, ce qui a conduit à l’annulation de la première représentation de la saison et à la suppression des visites du Palais Garnier le 16/09, tandis que celles et ceux d’Alto Onsite étaient en reconductible depuis le 10. Pour l’instant le directeur de l’Opéra répond par le mépris et veut culpabiliser les grévistes.

Ces derniers mois, nous avons vu les intervenant.es culturel.les de Paris Musées se mobiliser. Ils et elles se sont remis.es en grève à partir du 18/09 contre la casse du service public, pour leur statut et pour augmenter des salaires. Ils et elles sont très qualifié.es : conteurs, artistes plasticiens, guides-conférenciers, et interviennent au Petit-Palais, au Musée Zadkine, etc. Le 30/09, toujours en grève, ils et elles organisaient un rassemblement Boulevard Magenta.

Services

Presse-médias

Au Parisien, des bruits insistants de vente du titre à Bolloré et un plan de 40 suppressions de postes a conduit 72,5% des salarié.es du quotidien à voter, en AG, la grève pour les 25 et 26/09. Le 30/09, rebelote : nouvelle grève de 2 jours, avec une grève des signatures les lundis à partir du 06/10. Les revendications restent les mêmes : respect des engagements de la direction en matière d’embauches, des conditions de travail acceptables, non au remplacement de CDI en contrats précaires (CDD, piges) et refus de la vente à Bolloré.

Nettoyage

Grève reconductible chez Atalian à Meyzieu (banlieue lyonnaise) à partir du 09/09 et dans le cadre du 10. Salaires tirés vers le bas, refus patronal de toute augmentation, non prise en compte de l’ancienneté et de la qualification, management brutal... Les grévistes exigent le remplacement des CDD (16 sur 17) par des CDI. Reconduction en AG le soir.

Grève d’une cinquantaine de salarié.es sous-traitant.es du nettoyage des bâtiments de TotalÉnergies, commencée le 29/09 et renouvelée le lendemain, sur 5 sites de Total à Nanterre et La Défense. A l’origine, le passage, le 01/10, de ces salarié.es de SAMSCI à ONET, qui doit se combiner avec le regroupement en 2026 des activités Total concernées sur un site unique, la tour The Link. Tout cela les inquiète beaucoup pour le maintien de leurs avantages, et leurs conditions de rémunération, que Total remet en cause.

Logistique

Après une première journée de grève le 10/09, les travailleurs/ses de Logifare (filiale de la multinationale Katoen Natie) à Seingbouse (57), une boite qui fait de la prestation de services logistiques notamment à Total, ont fait grève le 15/10 et ont démarré un mouvement de lutte contre la menace de suppressions d’emplois. La direction a été forcée à dévoiler son PSE, mal nommé comme d’habitude.

Médias publics

A Radio France, la lutte menée contre les « réformes » de Sibyle Veil n’est pas parvenue à donner satisfaction sur tout, loin de là, mais la grève commencée le 25/8 a été levée le 01/09. L’intersyndicale se félicite d’un « changement de ton » de la direction, qui semble plus prête au dialogue, et pour certain.es la mobilisation n’était pas suffisante pour continuer.

Éducation

Débrayage surprise d’une grande partie des personnels, le 04/09 au lycée Marianne de Villeneuve-le-Roi, après un vol de plusieurs centaines d’euros et des affaires fouillées en salle de pause des AED. Les personnels dénoncent le manque de moyens matériels de base (clés, casiers sécurisés…), et de sécurité de la structure.

Grève reconductible des ATSEM à Lormont (33) dès le 01/09. Conséquence : 7 des 9 cantines scolaires de la ville à l’arrêt ! C’est pour les conditions de travail : le maire, têtu, veut, malgré le passage à la semaine de 4 jours, et donc des journées plus chargées, les faire travailler aussi le mercredi, et leur faire faire le ménage, ce qui ne fait pas partie de leurs fonctions !

Grève au collège Pablo Neruda à Pierrefitte (93) le 09/09. C’est le début d’une mobilisation pour empêcher une nouvelle dégradation des conditions de travail. Le rectorat veut imposer une nouvelle classe (une 6e), alors même que les moyens sont très insuffisants.

Divers privé

Auto-écoles et permis de conduire

Depuis le 29/09, dans toutes les régions, il faut s’attendre chaque lundi à un mouvement des auto-écoles et des inspecteurs de permis de conduire, qui exigent plus de places à l’examen. Les délais sont insupportables (80 jours). Ils et elles exigent 170 fonctionnaires de plus.

AUTOUR DU 10 SEPTEMBRE

Notons d’abord que, les chiffres de participation (manifs, rassemblements, etc.) donnés ci-dessous sont ceux des organisateurs/trices et/ou des syndicats, pas ceux de la police.

Les préparatifs du 10

Pour s’opposer au gouvernement Bayrou et à son budget d’austérité, les appels pour le 10 septembre comprenaient l’organisation de blocages, mais aussi des appels à la grève. En dehors des centrales, notons qu’une tribune parue dans Politis le 08/09 et signée par quelque 300 syndicalistes de divers secteurs appelait à faire du 10/09 un mouvement autoorganisé pour préparer une vraie grève générale, contre les journées saute-mouton. Remarquons aussi que, rien qu’au mois d’août, près de 12 000 personnes ont participé aux AG de préparation du mouvement dans plus de 150 communes.

Syndicats et entreprises

Certaines centrales (CGT, Solidaires), certaines fédérations (beaucoup de Sud et la FNIC-CGT ou la FNME-CGT par exemple), mais pas toutes – pas les Ports et docks notamment – d’unions départementales (comme la CGT du Nord) ou encore de syndicats d’entreprise appelaient au 10, sans forcément toujours mobiliser beaucoup sur cette date. Les autres centrales (FSU, UNSA, CFE-CGC, CFTC, CFDT) ont complètement ignoré le 10. Toutefois, de nombreuses AG se sont tenues dans les entreprises et les locaux syndicaux. Du côté des enseignant.es, pas d’appel ferme de la profession non plus en faveur du 10/09 : seuls Sud et la CGT y appelaient.

Secteur de l’énergie : en grève depuis le 02/09, avec plus de 30 000 grévistes, il y avait un appel FNME-CGT (140 000 travailleurs/ses) à participer au 10 et 250 piquets de grève annoncés. Cette fédération avait déjà, hasard du calendrier, appelé à la grève reconductible dès le 10/09, date dont la plupart des grévistes attendaient une généralisation de la grève, et son extension notamment aux sous-traitants.

Dans les transports, plusieurs choses à signaler.

A la SNCF, de grosses fédérations syndicales mettaient surtout l’accent sur le 18, mais Sud-Rail appelait à participer massivement au 10, rejoint par la CGT. Les travailleurs/ses du Bourget, après 58 jours de grève, appelaient à remettre ça le 10 avec l’appel de l’intersyndicale de Paris-Nord (Sud, CGT, FO). 24h avant l’échéance, en Région Parisienne, la direction de la SNCF annonçait des perturbations non négligeables sur les lignes transilien H (1 train sur 3), N (1 train sur 2), R (1 train sur 3) et les RER B (1 train sur 2 sur la partie nord), C (1 train sur 2) et D (aucun train sur un tronçon). En province, le trafic TER et celui des trains régionaux devait être perturbé dans certaines régions ainsi que les Intercités, notamment de Paris à Clermont-Ferrand, de Paris à Limoges et Toulouse, de Bordeaux à Marseille, et les trains de nuit ; mais pas de perturbations attendues sur les TGV, Ouigo, Inoui et internationaux.

A la RATP, la plupart des syndicats appelaient au 18, mais la CGT et La Base appelaient au 10. Certains dépôts de bus, confrontés à l’austérité mais aussi à la privatisation du réseau, s’engageaient plus dans la préparation du 10 : en particulier Belliard, Malakoff et Lagny. Mais globalement, vu le positionnement de la majorité des syndicats, à part pour quelques lignes très légèrement perturbées, on s’attendait à un trafic normal.

Dans l’aérien, Sud-Aérien appelait à la grève (et au blocage des aéroports) le 10. La CGT-Air France appelait à la grève les 10 et 18/09. On s’attendait à de grosses perturbations dans certains aéroports, Nice en particulier.

Dans l’éducation, les plus grosses fédérations ne parlaient pas du 10, contrairement à Sud Educ et à la CGT, qui y appelaient.

Dans la santé, l’intersyndicale de l’hôpital Beaujon appelait à la grève le 10 et l’AG l’a décidé unanimement, dans le cadre d’un préavis de grève à compter du 05/09. A l’AP-HP, à l’appel de l’intersyndicale, le personnel hospitalier est entré dans la grève du 10/09 sur la base du refus de participer à l’économie de guerre en faisant de nouveaux sacrifices. Grève décidée en AG et ouverte aux soutiens à l’hôpital Tenon, contre l’austérité et l’injonction à soigner les blessé.es de guerre à venir.

Dans la culture, la mobilisation a aussi eu lieu. A Paris par exemple, il y a eu près de 500 travailleurs/ses de l’art et de la culture en AG le 08/09 pour préparer le 10 : intermittent.es, artistes, auteurs/trices, employé.es des structures culturelles, étudiant.es…

Dans les raffineries, la colère est palpable et la plus grande raffinerie de France, celle de Total près du Havre, a décidé de répondre favorablement à l’appel de « Bloquons tout ! »

Chez Thalès, la CGT appelait nationalement à faire grève à partir du 10/09.

Plus inhabituel : dans le secteur informatique et conseil, le 08/09, 200 travailleurs/ses (surtout jeux vidéo et informatique) – un record –, tout en abordant d’autres sujets, ont mis l’accent en AG à Paris sur la lutte contre la précarité et les conditions de travail (l’intensification). Il a été voté de se lier davantage au mouvement ouvrier, en soutenant le piquet de grève des conducteurs/trices de bus de Belliard, puis les cheminot.es de Paris-Nord.

Dans les facs et les localités

Une vingtaine de facs ont organisé des AG préparatoires du 10/09, souvent la veille (alors que la rentrée n’avait pas encore eu lieu). Le but : préparer les blocages, actions et manifestations du 10. Le 09/09, des AG étaient appelées dans les facs lyonnaises ; une précédente AG avait rassemblé 200 personnes. Ailleurs, notons : Rennes 2 (500) ; Toulouse-Le Mirail (plus de 300); Grenoble (300) ; Sorbonne Université (250) ; Montpellier (200). Mobilisation étudiante préparatoire aussi dans de plus petites villes universitaires: Besançon, Brest, Pau, Rouen, St-Etienne.

A Bordeaux, impulsée par « Indignons-nous », dernière AG le 07/09 à 200. Des secteurs du mouvement ouvrier bordelais (avec l’UD CGT 33) s’apprêtaient à se joindre au mouvement.

A Chambéry (73), l’intersyndicale a appelé à la grève le 10. Le 05/09, une AG regroupait 200 personnes pour préparer la journée : des militant.es syndicalistes et politiques mais aussi des nouvelles têtes.

A Lyon et dans sa banlieue, plusieurs sections syndicales ont appelé à la grève : CGT Renault Trucks ; la FNIC-CGT à la raffinerie de Feyzin ; la CGT Arkema ; dans les transports en commun lyonnais TCL (bus, tramway) en grève massive depuis le 08/09 ; dans la santé aussi. Dans le monde associatif aussi.

A Marseille, la dernière AG de préparation du 10/09 a rassemblé quelque 300 personnes (notamment Gilets jaunes, syndicalistes, militant.es politiques, soutien aux exilé.es, mineur.es non accompagné.es). Avec aussi des AG de quartier permettant l’organisation.

A Montpellier, 400 personnes se sont réunies à la dernière AG d’organisation, avec des Gilets jaunes, quelques syndicalistes Solidaires et CGT, des militant.es de gauche et des mouvements sociaux. Mobilisation particulière du secteur social et médico-social contre l’austérité.

A Montreuil (93) quelques jours avant le 10, une AG de 300 personnes s’est tenue, regroupant travailleurs/ses et habitant.es de la ville, notamment des lycéen.nes. L’idée largement partagée était de construire une mobilisation qui tienne dans la durée.

A Nanterre (92) une AG (la seconde) a réuni, le 07/09, 70 personnes du nord des Hauts-de-Seine, regroupant travailleurs/ses et étudiant.es. Ces dernier.es, ainsi que les chômeurs/ses et les retraité.es ont décidé d’aller soutenir les piquets.

Nantes, grosses AG de préparation, avec des blocages qui se mettaient en place à partir des piquets de grève, et une forte participation populaire.

Dans la petite ville de St Avold (57), 70 personnes (travailleurs/ses, retraité.es, syndicalistes, Gilets jaunes) se sont réunies pour préparer le 10, et prônant la grève générale.

A Toulouse, Culture en Lutte organisait une AG avec des intermittent.es, des étudiant.es et des salarié.es de divers secteurs, notamment la culture, appelant à l’unité avec le mouvement ouvrier, entre autres pour soutenir les piquets des grévistes de l’aéronautique. La dernière AG, le 07/09, regroupait 250 personnes. Et à Toulouse, les travailleurs/ses sociaux/les de l’UCRM appelaient à participer au 10/09 pour lutter contre l’austérité et le racisme.

Le 10 en actions

Finalement, le 10/09, le ministère de l’Intérieur, qui avait déployé 80 000 policiers et gendarmes, recensait 812 actions (550 rassemblements et 262 blocages) et 197 000 participant.es dans le pays ; et 675 personnes interpellées, et 549 gardes à vue. Selon la CGT, il y avait 250 000 personnes pour 200 rassemblements et manifestations. Ces actions faisaient face à quelque 80 000 policiers et gendarmes, et presque toutes les villes ou zones rurales étaient surveillées par drones. Certaines facs (Science Po, Lyon 2, Rennes 2…) étaient fermées pour empêcher la mobilisation étudiante. Des actions ont été menées dans quelque 150 lycées, dont 27 ont été bloqués.

Des blocages et des grèves

Dans toute la France, les actions ont bloqué le périph parisien (à certaines portes) ou des rocades comme à Nantes ou Rennes, mais elles visaient aussi les grandes gares, les universités ou des entreprises. Mais la répression a été instantanée sur presque tous les lieux de blocage, et souvent violente. Des villes de tailles très diverses ont été touchées : Arles (grèves et manif) ; La Ciotat (blocage de l’entrée des chantiers navals) ; Lorient (manif sous la pluie et les gaz) ; Niort (blocage zone commerciale) ; Metz (manif) ; Perpignan (manif) ; Troyes (manif), etc…

Du côté des entreprises en grève, la CGT a comptabilisé 715 actions. Notons les cas suivants.

Dans la chimie et la pharmacie, la raffinerie de Normandie (Total) près du Havre la grève a été suivie à près de 30% ; chez Total-Feyzin (69), elle a touché 40% ; à Grandpuits (77), 15% étaient grévistes. Une grève avec piquet a aussi impacté l’usine Arkema Pierre-Bénite (près de Lyon), complètement à l’arrêt. A Maisons-Alfort (94) : les salarié.es de Sanofi sont en grève illimitée depuis le 4 juillet contre un plan de cession qui menace au moins 452 emplois, et comptaient sur le 10/09 pour relancer le soutien et aider à la mobilisation et au rapport de forces.

Dans les transports, la grève SNCF a été diversement suivie : circulation très perturbée sur les Intercités et les TER (selon la direction). Les lignes C et D du RER étaient touchées. Au technicentre de Châtillon (92), la grève était très forte (plus de 80%). Rien par contre sur les TGV. Dans les transports par bus, notons la grève très massive (plus de 90%) des chauffeurs/ses de Keolis au dépôt de Montesson (78), qui a presque empêché l’ensemble du service.

Aux chantiers navals de St Nazaire, la grève du 10 avait été votée et dès 5h du matin, un piquet était mis en place.

Dans d’autres cas, et dans de petites structures, on relève des grèves, dans la santé par exemple. Dans la Marne, les aides-soignantes et autres salarié.es d’un Ehpad étaient en grève le 10 ; elles ont fait un piquet, sur lequel se sont même rendu.es des patient.es pour les soutenir. Grève avec piquets également devant les hôpitaux de Lyon, notamment Edouard Herriot. L’hôpital Tenon à Paris a tenu un rôle interprofessionnel important, en étant le lieu de rassemblement de quelque 300 personnes, soignant.es et agent.es en grève, mais aussi soutiens issu.es de professions très diverses, tout le monde exprimant à la fois le rejet de l’austérité et celui du militarisme. A l’hôpital Beaujon de Clichy (92), la grève démarrée le 05/09 a été votée à l’unanimité de l’AG pour le 10, à l’appel de l’intersyndicale, contre les promesses non tenues de la direction, contre l’austérité de Bayrou et la casse des services publics.

Dans la culture, la BnF était en grève et le site historique de la BnF-Richelieu était tenu par un piquet de grève, mais les grévistes sont aussi allé.es manifester leur solidarité de classe sur d’autres piquets. Grève bien suivie aussi à l’Opéra de Paris, à propos des salaires, de la sous-traitance et des sous-effectifs, des maux qui affectent tout le secteur de la culture.

On a aussi remarqué des grèves dans le secteur sensible de la logistique. C’est le cas du site Amazon de Brétigny (91), le plus grand centre logistique d’Amazon en Ile-de-France (4 000 salarié.es et 1 000 intérimaires), et où les grévistes ont été rejoint.es sur leur piquet par les manifestant.es de « Bloquons Tout ». A Henriville (57), le centre de gestion logistique Logifaire a aussi fait grève. Les caristes de l’équipe du soir de Geodis Calberson à Gennevilliers (92), qui ont déjà fait une grève (victorieuse) en 2025, ont débrayé à 19h.

Ce qui est notable, c’est la volonté des grévistes de s’ouvrir vers l’extérieur, de faire converger les luttes, d’en appeler aux soutiens et de se lier à elles et eux.

La mobilisation ville par ville

A Angoulême (16), la situation était déjà marquée par la grève de l’hôpital de Girac. Dès 7h du matin, le premier blocage exprimait la solidarité avec cette lutte. La Nationale 10 a été massivement bloquée, après quoi le cortège s’est dirigé vers l’hôpital, et une AG à 500 s’y est tenue, sur le parvis.

Auxerre a vu environ 400 personnes se mobiliser. Une partie sur différentes tâches de popularisation (rencontrer les passant.es, soutenir les salarié.es des services publics…). Une autre partie pour des opérations de blocages, tout en restant mobiles et en passant d’un point à un autre : à Safran avec blocage d’un camion ; puis sur certains ronds-points ; dans un centre commercial ; en arrêtant totalement la circulation sur une route à 2x2 voies ; sur un gros rond-point. Tout cela avant une AG à 19h, sur un autre rond-point.

A Bordeaux, manif de 30 000 personnes, de professions très variées. Des hospitaliers du CHU ont participé, de diverses qualifications et visant à tisser des liens contre le mouvement anti-austérité. Les énergéticien.nes en grève depuis le 02/09 ont représenté également une bonne part de la manifestation. La jeunesse, notamment étudiante, était aussi présente. L’assemblée interfac (2 000 personnes) a été gazée par les flics.

A Caen, le viaduc de Calix est resté bloqué pendant 4 heures.

A Bourg-en-Bresse, on constate le rôle important de la Confédération paysanne, qui s’est emparée d’un carrefour pour y installer une distribution de burgers paysans devant un McDonald’s. L’AG a regroupé 500 personnes, dans une ville de 40 000 habitant.es.

Chambéry a vu des blocages (des cyclistes ralentissaient la circulation, blocage d’un lycée et d’une zone commerciale, blocages de routes, notamment la voie rapide, vite dégagée) alors que beaucoup de commerces étaient restés fermés) ; une grosse manif (près de 6 000) ; et une forte présence de la jeunesse lycéenne et étudiante (qui a organisé une AG). Beaucoup de secteurs du monde du travail représentés (métallos, transports, énergie, éducation, santé…).

A Clermont-Ferrand, d’abord les barrages n’ont pas tenu longtemps face aux flics. Ensuite, une zone d’occupation temporaire (ZOT) avait été créée. Les flics l’ont investie en milieu d’après-midi, alors que plusieurs centaines de personnes attendaient dans le calme une AG. Violence policière contre un manifestant. Colère bruyante des manifestant.es et réponse des flics par tirs de grenades, riposte par jets de pierres et de bâtons.

A Grenoble, très forte mobilisation : plus de 30 000 en manif et 5 000 personnes en AG le soir. 4 points de barrages filtrants aux entrées de la ville. 2 points ont tenu jusqu’à 10h30 et 13h, les autres ont vite été dégagés. Départ pour soutenir les Gilets Jaunes à Crolles (à une vingtaine de km), mobilisé.es depuis 7 ans. Le but : ralentir la circulation. Du côté des participant.es, présence du travail social, de Soitec, de STMicroelectronics et forte mobilisation des jeunes.

A La Rochelle, les manifestant.es ont bloqué la rocade pendant moins d’une heure, ce qui a donné lieu à une arrestation.

Au Havre, la CGT de l’usine Siemens appelé à la grève. La direction de la boite a manœuvré pour casser le mouvement, mettant les salarié.es en chômage partiel et en télétravail, pour les faire rester à la maison. Raté : ils et elles étaient en nombre en AG le matin du 10.

Dans le département du Lot, on a vu des manifestations dans des villes petites ou moyennes comme Cahors, Figeac, Gourdon et Souillac, qui ont regroupé environ 800 personnes autour de diverses actions, dont des barrages filtrants.

A Lyon, la mobilisation a combiné des grèves assez nombreuses (dans la ville et à sa périphérie), des manifs et des blocages. Elle a été marquée aussi par une forte répression. Les points de blocage envisagés n’ont pas été atteints ont vite été repris par les flics, et donc le blocage espéré n’a pas eu lieu. Mais la manif était mportante (13 000 selon les syndicats), très remontée contre Macron et sa politique d’austérité, avec une place Guichard noire de monde à la mi-journée, et des piquets de grève qui ont bien fonctionné, attirant des soutiens.

A Marseille, dès le matin on relevait des grèves et des blocages sur des autoroutes, des ronds-points, devant des lycées ou des entreprises. La journée a pu massivement compter sur la CGT et Solidaires pour construire une grève interprofessionnelle. Les énergéticiens, en nombre, ont joué un grand rôle, rejoints par des cheminot.es, des raffineurs/ses, des agent.es territoriaux/ales, des soignant.es. En grève reconductible, ils et elles ont tenu un piquet pour leur neuvième jour de grève. La manif a regroupé plus de 60 000. A Marseille comme ailleurs, il y a eu des gaz et des arrestations.

A Montpellier, la manifestation a réuni 10 000 personnes. Les barrages avaient été levés manu militari avant cela. Avec Sud Rail, les cheminots avaient monté un piquet de grève dans le centre-ville, appelant à les soutenir sur ces piquets, où 200 personnes se sont retrouvées.

Nantes, forte répression à la fois contre les piquets de grève, les blocages et la manif, qui a regroupé 10 000 personnes en fin de matinée dans le centre-ville, alors que le trafic des tramways et des bus dans l’agglomération était perturbé et que d’autres actions avaient lieu à St Nazaire (tentative de blocage de la gare) et en Vendée (un Leclerc fermé). A Nantes, 150 manifestant.es ont pu rejoindre le piquet de grève de l’incinérateur Valo’Loire, malgré les flics qui voulaient démolir le piquet.

A Paris, notons plusieurs choses. D’abord, les divers blocages qui ont eu lieu sur le Périphérique et ont été dégagés par les flics, tout comme le centre bus de Belliard (Paris 18e). Des lycées parisiens étaient également bloqués, avant d’être débloqués par les flics : Claude-Monet (13e), Lavoisier (5e), Montaigne (6e) et Hélène Boucher (20e). La Gare de Lyon a aussi été envahie par 400 personnes. Ensuite, un cortège a convergé de l’hôpital Tenon vers la place de la République. Les soignant.es de l’hôpital Tenon ont notamment reçu le soutien d’étudiants de Paris I (Panthéon-Sorbonne). A 11h une AG se tenait à la Gare du Nord à l’appel des cheminot.es : plusieurs milliers de personnes s’y sont rendues ; une manif qui a été bloquée et chargée par les flics ; mais une partie des manifestant.es ont quand même pu participer à l’AG. Plus tard, on manifestait vers le Châtelet, en particulier à partir des différents points de blocage. Des heurts assez nourris dans le quartier des Halles. Petit détail plutôt comique mais qui aurait pu être tragique : près du Châtelet, vers 16h, un tir maladroit de grenade lacrymogène semble bien être à l’origine de l’incendie d’un restaurant coréen. En fin de journée, rassemblement Place des Fêtes (XIXe arrondissement) : des milliers de personnes pour une occupation festive (concerts, prises de parole) en partie sous la pluie.

En banlieue parisienne, des initiatives intéressantes ont eu lieu. Par exemple, dans les Hauts-de-Seine. A Châtillon (92), les grévistes du technicentre SNCF ont ouvert leur AG aux soutiens extérieurs, appelant à rejoindre en masse leur piquet dès 10h, pour parler de la grève et des suites. A Nanterre, les flics, nombreux dès 7h, sont parvenus à empêcher un blocus du lycée. Puis une AG s’est tenue aux abords de l’établissement, avec des travailleurs/ses territoriaux/ales, rejoint.es par des étudiant.es, des habitant.es et des lycéen.nes. En début d’après-midi, un rassemblement interprofessionnel s’est tenu sur les marches de la Grande Arche de la Défense. En soirée, les grévistes de Geodis à Gennevilliers ont mis en place leur piquet. Autre exemple, l’Essonne, où la journée a aussi été riche en évènements : tentative de blocage de lycée à Savigny, rond-point bloqué à Orsay, stations-service paralysées à Draveil, manifestation intersyndicale à Evry, en plus de la jonction avec les grévistes d’Amazon-Brétigny.

A Rennes, la mobilisation a réuni 15 000 manifestant.es selon la préfecture avec une AG de plus de 200 personnes. Plusieurs blocages ont eu lieu simultanément, dont celui d’Henri-Fréville, qui a bloqué la circulation de la rocade dans les deux sens pendant 4h. Un dépôt d’Amazon a été bloqué toute la journée.

A St-Avold (57), deux choses à noter : plusieurs dizaines de personnes rassemblées pour répondre à l’appel de la dernière AG ont distribué aux automobilistes des tracts d’information sur le mouvement, malgré un très gros dispositif policier. Plusieurs entreprises participaient dont Continental et un Ehpad, Villa d’Avril, dont les soignantes étaient en grève.

A Saint-Etienne (42), 5000 personnes dans la rue pour soutenir un blocage étudiant, dans une journée marquée par la solidarité avec les travailleurs/ses et le soutien à la Palestine.

A Strasbourg, une manif en ville se terminant par un sit-in place de la République. Un bal des indigné.es est prévu. A 14h, l’AG commence, avec les prises de paroles syndicales, étudiantes, Urgence Palestine. Elle fixe un nouveau rendez-vous devant le commissariat à 17h30 pour exiger la libération des 11 personnes arrêtées, suite au blocage de l’A35 et de plusieurs lycées du centre-ville, avec 7 gardes à vue. Ce rassemblement finira avec une charge de police.

A Toulouse, à l’appel de la CGT, Airbus était en grève (à plusieurs dizaines). Dès 8h, le piquet de grève a reçu plusieurs dizaines de soutiens extérieurs (bibliothécaires et autres secteurs industriels). Très grosse manif (plus de 30 000) sous la pluie. Cortège de tête : non-organisé.es, autonomes, antifascistes. Les syndicats, notamment la CGT, avaient bien mobilisé. Blocage du cortège par des dizaines de fourgons de CRS dans l’après-midi. Dispersion vers 17h, sous les lacrymos, et une AG prévue le lendemain pour parler des suites.

Les suites au 10

A Auxerre, les personnes mobilisées voulaient le rester au moins jusqu’au 18/09, dont une trentaine qui occupait un rond-point dès le 11, bloquant les véhicules. Pour les jours suivants, des tractages et autres actions étaient prévues, avec une AG quotidienne jusqu’au 18 et un texte revendicatif à distribuer à la population.

Beaucoup de secteurs mobilisés le 10 visaient avant tout à faire avancer la lutte d’un cran le 18. C’était par exemple le souhait clairement exprimé par les Keolis à Montesson (78). Autre exemple : à Marseille, les enseignant.es, dès l’AG qui a suivi la manif, et à l’appel de Sud et de la CGT, ont insisté sur le besoin, à la fois, d’élargir les revendications et les mots d’ordre, et de regrouper plus de secteurs pour réussir le 18 et massifier la mobilisation. On y a émis l’idée d’un cahier de doléances, et mis l’accent à la fois sur les caractères reconductible et interprofessionnel de la grève. A Toulouse, c’est en grande partie les mêmes idées qui se sont exprimées après la manif : pour réussir le 18, la mobilisation interprofessionnelle (en particulier ici les bibliothécaires – toujours très mobilisé.es – en lien avec Airbus) est nécessaire, et il faut développer un front de lutte regroupant syndicats, associations et collectifs de divers secteurs.

Le samedi 13/09, Le Figaro trahissait une certaine inquiétude de la bourgeoisie en demandant : « vers une nouvelle journée de mobilisation ce samedi ? », et annonçant des rassemblements ou assemblées populaires dans toutes les grandes agglomérations, avec concentration particulière dans l’ouest du pays, y compris dans des villes moyennes. Le fait que Retailleau (ministre démissionnaire mais toujours violemment en charge de la répression) ait encore mobilisé pratiquement 80 000 flics et gendarmes sur tout le territoire pour la journée du 18 montre bien qu’il y avait certaines appréhensions au niveau du pouvoir, qui misait sur la répression pour éviter un débordement populaire, et une grève qui s’étend.

Au final, si certains secteurs et entreprises se sont mobilisés à la fois le 10 et le 18, d’autres ont fait le choix entre l’une et l’autre journées. Et on a assisté à des participations très variables entre le 10 et le 18, selon les secteurs.

AUTOUR DU 18 SEPTEMBRE

Préparatifs et prévisions

Contrairement à la journée du 10/09, grandement conçue et préparée par la base, et sur laquelle les organisations syndicales avaient exprimé des positions très diverses, celle du 18/09 était l’œuvre de l’ensemble des centrales syndicales : CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA.

La question la plus fréquemment posée était celle-ci : le 18 sera-t-il plus suivi que le 10, ou sera-ce l’inverse ? Majoritairement, la presse annonçait une mobilisation très forte le 18. Et on peut sentir, dans les organes de presse de la bourgeoisie, une certaine appréhension que « la mayonnaise prenne » à l’approche du 18.

Quelques jours avant cette date, on avait déjà une idée de ce qui pouvait advenir dans divers secteurs. Et on pouvait déjà dénombrer plus de 200 lieux de rendez-vous pour manifester dans toute la France. Des prévisions s’exprimaient aussi selon les secteurs professionnels

Transports

A la SNCF, les 4 fédérations qui composent le paysage syndical de la boite appelant à la grève le 18 (CGT, UNSA, Sud, CFDT), on prévoyait de fortes perturbations sur le réseau ferroviaire, mis à part les TGV.

A la RATP, on s’attendait à une forte participation à la grève le 18, largement intersyndicale, alors que celle du 10 ne regroupait que la CGT et La Base. Plus de 80% du personnel de conduite s’était dit gréviste le 18, ce qui conduisait à imaginer une journée noire, avec des lignes fermées, et d’autres en service partiel : trafic normal uniquement sur les lignes de métro automatiques 1, 4 et 14 ; trafic aux heures de pointe uniquement sur les lignes 7, 9, 10 et 13 ; trafic encore plus perturbé sur les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7bis, 8, 11 et 12 ; et plusieurs stations fermées. Pour les bus, le trafic était annoncé comme perturbé, avec possiblement certaines lignes fermées. Côté RER, des perturbations attendues sur les lignes A et C, et de fortes perturbations sur les lignes B, D et E. Mais sur les tramways, la circulation devait être normale, sauf sur les lignes T4, T5, T7, T8 et T10, perturbées.

Dans l’aérien, le SNCTA, syndicat majoritaire (60%) chez les contrôleurs, qui avait appelé à grève le 18/9, l’a reportée faute d’interlocuteur, mais de la remplacer par une action plus longue (3 jours), du 07 au 09/10. Au total on s’attendait à une centaine seulement de contrôleurs/ses mobilisé.es le 18/09. De possibles perturbations étaient cependant prévisibles dans le sud de la France ou à Bâle-Mulhouse. Toutefois, FO, la CFDT et la CGT avaient appelé à la grève chez Air France.

Enfin, le syndicat FO-INV, qui avait déjà appelé à la mobilisation le 10, appelaient les chauffeurs VTC à remettre ça le 18 en se déconnectant des plateformes et en ne prenant pas de courses.

Aéronautique

Par rapport au 10/09, la grève était plus forte le 18 chez Airbus à Toulouse. Plusieurs dizaines de travailleurs/ses tenaient le piquet le matin à Louis Bréguet, avec diffusion de tracts. Mais la situation est plombée par certains syndicats qui font tout pour empêcher la lutte, en déconseillant aux salarié.es de se mobiliser.

Éducation Nationale

Dans le premier et le second degré, on s’attendait aussi à une mobilisation très suivie. A Paris, on escomptait 45% de grévistes et pas moins de 90 écoles fermées. Quant aux collèges et lycées, l’appel intersyndical était renforcé par l’USL, tandis que les syndicats étudiants UNEF, Union étudiante et la CGT Jeunes appelaient tous à la mobilisation ce jour-là.

Santé

Dans ce secteur aussi, la grève avait été appelée par les personnels de certaines structures hospitalières. Mais la grève devait aussi toucher une partie des pharmacies, devant rester fermées pour protester contre la diminution des marges sur les médicaments génériques ; on s’attendait à trouver porte close devant plus de 85% des pharmacies. Et les kinésithérapeutes libéraux avaient également prévu d’être en grève.

Énergie

Les énergéticien.nes, appelé.es à la grève reconductible par la CGT depuis le 02/09, devaient au moins poursuivre leur mouvement jusqu’au 18. Et la CFE-Énergie, pour le 18, avait appelé à débrayer… une heure le 18 ou à aller manifester ! Un préavis de grève ayant été déposé pour le 18, c’est ce qui a été décidé à EDF.

Chimie

La CFDT annonçait une participation soutenue à la grève, avec plus de 150 appels dans des boites telles que Total, Sanofi, Arkema ou Air Liquide.

Fonctionnaires

Ces dernier.es étaient appelé.es à faire grève et à manifester par l’intersyndicale au grand complet, contre la casse découlant des mesures budgétaires, notamment la suppression de 3000 emplois publics et le gel des rémunérations.

Agriculture

Enfin, la Confédération paysanne demandait aux agriculteurs/trices de se mobiliser partout dans le pays le 18/09, contrairement aux autres syndicats agricoles.

Le 18, grèves et manifs

La grève secteur par secteur

SNCF

C’est finalement 1 Intercités sur 2 et 2 TER sur 5 qui ont circulé le 18/09, tandis qu’à Paris, de très fortes perturbations affectaient les RER D et E (1 rame sur 2 et 1 sur 5 sur certains tronçons). Pour les Transilien, sur les lignes H, N R et U il y avait également 1 train sur 2. En province, certaines régions ont été particulièrement affectées : trafic très réduit en Auvergne-Rhône-Alpes, ou en Centre-Val de Loire ou encore en Occitanie (avec 1 TER sur 2). Mais les TGV ont roulé à 90%.

RATP

Dès tôt le matin, la police a joué le vilain rôle qu’on a l’habitude de la voir jouer. Souvent de la même façon le 18 que le 10 ! Certains dépôts de bus étaient tenus par des piquets, rejoints par des soutiens. Dès 5h du matin, les pandores sont intervenus violemment à St Denis (80 à 85% de grévistes), à Créteil, à Lagny, ou encore à Paris-20e. Néanmoins la mobilisation a été forte à la RATP : entre 50% et 80% dans plusieurs dépôts de bus, et le taux de grévistes a atteint les 80% attendus dans le métro et le RER. Le matin du 18, la direction de la RATP reconnaissait que la réalité était conforme aux attentes. La ligne de tram entre la Porte de Vincennes et la Porte de Montreuil a été interrompue.

Traitement des déchets

Dans le centre de traitement de St Ouen, le mouvement a été très suivi : 80% de grévistes et 2 fours à l’arrêt sur 3.

Énergie

La journée de grève a été bien suivie, très forte en particulier dans les terminaux méthaniers et stockages souterrains de gaz naturel, avec notamment le site d’Elengy à Fos-sur-Mer (13) qui refuse toujours l’accostage des bateaux pour décharger le méthane. La grève a occasionné, chez EDF, des baisses de charge d’électricité équivalentes à 4 réacteurs nucléaires, soit 4 000 MW. Des baisses surtout concentrées dans les centrales de Blénod (57) et Martigues (13) pour le gaz ; et Saint-Alban (38), Flamanville (50) et Saint-Laurent (41) pour le nucléaire. La FNME-CGT a dénombré 50 000 grévistes, pour un total de 140 000 salarié.es dans les industries électriques et gazières, et cela même si la direction d’EDF a parlé d’un taux de grévistes de 17% seulement, et la CFE-CGC de plus de 27% chez Enedis.

Éducation nationale

Dans l’ensemble du secteur, on dénombre près de 40% de grévistes. Dans les écoles primaires et maternelles, on en a constaté plus d’un tiers, causant la fermeture de nombreuses écoles et cantines scolaires. Dans le secondaire, le SNES a compté que 45% des professeur.es de collèges et lycées et des CIO participaient à la grève du 18.

Pour le premier degré, la grève a connu un beau succès à Lyon, avec 142 écoles fermées sur 207. En Haute-Garonne, un tiers des écoles se sont retrouvées portes closes. En Guyane, c’était une école sur 4. A Montpellier, 22 écoles sur 113 ne fonctionnaient pas. A Paris, pas de surprise : 45% de grévistes et 90 écoles fermées (sur 626). Là où il n’y avait pas de fermeture, il y a souvent eu un impact réel. Ainsi, à Marseille, la cantine ne fonctionnait pas dans 330 écoles, et 13 à Lyon. A Strasbourg, deux écoles se sont mises en grève pour accuser le manque l’insuffisance du personnel en place et, conséquemment, les mauvaises conditions d’accueil des élèves handicapé.es, et ce avec le soutien des parents : l’école Saint-Jean de Strasbourg et l’école du Hohberg.

Culture

A Paris, le secteur culturel s’est massivement mobilisé. Dès le matin, une AG suivie d’un rassemblement avaient lieu au Grand-Palais, dans lequel pouvaient échanger des grévistes du Grand Palais, de la BnF, du Centre Pompidou, du Louvre, du Palais de la Découverte, de Versailles, et de l’Institut national d’histoire de l’Art. De ce fait, l’accès au Grand-Palais a été rendu compliqué, et idem à la BnF, avec des salles fermées. L’Opéra de Paris était de même fort mobilisé, avec une forte grève des technicien.nes. Quant au musée Eugène-Delacroix, à l’Arc de Triomphe, au Panthéon, aux Archives nationales, à la bibliothèque d’art contemporain de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, ou au Parc national de St Cloud (92), tous ces bâtiments avaient portes closes. Certaines salles du Musée du Louvre étaient fermées, de même pour le Musée d’Orsay. Et, symbole des symboles, les visiteurs de la Tour Eiffel devaient se contenter de la regarder par en bas. Après les réunions et AG du matin, les travailleurs/ses de la culture ont rejoint divers piquets de grève, puis à l’AG de la gare du Nord, et à la manif. A Toulouse, à nouveau, le secteur des bibliothécaires était en force le 18, avec 19 bibliothèques fermées sur 21. Après une AG à plusieurs dizaines, ils et elles ont ensuite participé à la manif.

Santé

Aux hôpitaux parisiens Tenon (20e) et Saint-Antoine (12e), siège de l’AP-HP, les grévistes tenaient des piquets.

Universités

Pour l’Union étudiante, des actions de différents types ont été menées dans 60% des universités, en rapport avec la journée de mobilisation, et 14 blocages de facs ont eu lieu.

Autres

On peut relever, comme le 10/09, des grèves dans des boites ou des secteurs peu habitués à cette forme d’action collective. Notons ainsi le cas d’un espace de vente à d’Emmaüs à la Motte-Servolex (73), resté fermé au public pour cause de grève des salarié.es et de mobilisation des bénévoles, pour qui le rejet de l’austérité gouvernementale s’ajoute à celui des politiques racistes qui s’en prennent aux immigré.es, en particulier sans-papiers. Autre cas remarquable : le 18, les éboueurs sans papiers de l’entreprise NTI à Gennevilliers (92), sous-traitant de Paprec, ont arrêté le travail pour exiger des papiers et un CDI pour toutes et tous, face à une direction raciste et à des conditions de travail déplorables.

La mobilisation ville par ville

Globalement, à la mi-journée, 230 actions ont été recensées aux quatre coins du pays, dont 95 blocages de sites. Le travail de mobilisation a permis d’englober non seulement des grandes villes et des villes moyennes, mais aussi toute une série de très petites villes telles que Roumazières (16) : 2 500 hab. ; Bédarieux (34) : 5 800 hab. ; Louhans (71) : 6 400 hab. ; St Florent du Cher (18) : 6 400 hab. ; Beaugency (45) : 7 800 hab. ; ou Avranches (50) : 10 000 hab. Sur l’ensemble du pays, les organisateurs/trices de la journée annonçaient plus d’un million de manifestant.es.

A Auxerre (89), on a pu relever des blocages, et on a décompté près de 1 700 manifestant.es dans l’Yonne, dont 1 000 à Auxerre, et un rassemblement de 680 personnes à Sens. Après la manif, le collectif Indignons-nous d’Auxerre a tenu une AG puis organisé le blocage d’un pont et des quais. A 17h15 le blocage était levé mais la circulation restait difficile.

A Lyon, le lycée St Exupéry de la Croix-Rousse a fait l’objet d’un blocus, et une tentative de blocage du périphérique lyonnais a eu lieu. La manifestation a été suivie par 20 000 personnes selon la CGT.

A Marseille, la CGT a décompté 120 000 personnes dans les rues. On a vu une manifestante à terre se faire frapper très brutalement par des policiers.

A Montpellier, les travailleurs/ses sociaux/ales ont joué un rôle important dans la mobilisation, avec, dès le matin, un piquet de grève de 100 devant la DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités), où les ont rejoint.es notamment des cheminot.es, des salarié.es de la culture et des étudiant.es. Cela avant le départ en manif.

A Paris, dès 7h, un lycée (Maurice Ravel, 20e) était bloqué par les lycéen.nes. La police, sur place, a envoyé des tirs de LBD et des lacrymos. Plus tard, blocage du lycée Suger à St-Denis (93). Puis d’autres lycéen.nes, souvent délogé.es violemment par les flics. A la mi-journée, 3 lycées parisiens restaient paralysés par l’action lycéenne : Ravel (20e), Turgot (3e) et Hélène Boucher(20e). Les étudiant.es se sont également mobilisés, à Tolbiac (Paris-13e), dont l’entrée a été bloquée. Le cours de Vincennes (à l’est de Paris) a également fait l’objet d’un blocage.

A 11h, rassemblement à l’appel des cheminot.es gare du Nord. Plus de 1 000 personnes se sont regroupées sur le Parvis. Ce point de ralliement interpro a permis de faire dialoguer avec les cheminot.es : des agent.es RATP, des soignant.es (hôpital Tenon), des enseignant.es, des lycéen.nes. Parallèlement, une AG solidaire de Sud-Rail commençait un peu plus tard à la gare de Lyon. A 12h30, partant de là, et conduit.es par le secrétaire général de Sud-Rail des cheminot.es ont pénétré dans le ministère de l’Économie et des Finances avec des fumigènes et des drapeaux, avant d’en ressortir calmement. Un peu plus tard, on a aussi vu des ingénieurs et cadres CGT ainsi que des salarié.es de la Société Générale manifester à La Défense. A la mi-journée aussi, plusieurs dizaines de personnes ont envahi le ministère de la Culture, et ont bloqué ses portes pour interpeller Rachida Dati.

Peu après 14h, la manif s’est élancée à la Bastille, pour se rendre à République puis à Nation, encadrée par un gros dispositif policier. En tête, et afin de sortir du cycle mortifère des journées d’actions isolées, un cortège de plusieurs milliers de manifestant.es appelait au durcissement du mouvement, avec notamment une banderole appelant à la démission de Macron et à la grève générale pour tout bloquer, rassemblant notamment des agent.es RATP, SNCF, des enseignant.es, des soignant.es, des lycéen.nes, des étudiant.es. Un pôle qui s’est d’ailleurs heurté à la répression policière. Des tensions sont apparues vers 16h30 et des bris de verre dans les banques à 17h. Après 17h30, la Brav-M était place de la Nation. A 18h30, les tensions y étaient vives avec des échauffourées entre flics et manifestant.es : lacrymos et coups de matraque. La manif a été dispersée vers 19h15, après avoir regroupé 245 000 manifestant.es selon la CGT. Une heure plus tard, des rassemblements avaient lieu devant les commissariats pour défendre les interpellé.es et les manifestant.es en garde à vue (une trentaine à Paris).

A Toulon, les entrées de ville sur l’A57 et l’A50 ont fait l’objet d’une tentative de blocage.

A Villeneuve d’Ascq (59), un dépôt de bus a été débloqué et les flics ont chargé pour le débloquer.

Les suites au 18

L’intersyndicale réunie le 19 au matin a choisi de fixer un « ultimatum » à Sébastien Lecornu, le « sommant » de répondre à ses revendications par rapport au budget 2026, avec deadline le mercredi 24, sans quoi, les 8 organisations syndicales se sont montrées très menaçantes : elles se retrouveraient rapidement pour décider… d’une autre journée de mobilisation. De quoi terrifier le Premier ministre, même très fragile politiquement ! Il faut préciser que dans cet aéropage syndical, certaines organisations plaidaient clairement pour temporiser (la CFTC notamment). Mais les revendications portées par l’ensemble des centrales touchaient les domaines suivants : abandon de l’ensemble du projet de budget et des projets d’attaque du code du travail ; une taxation des gros patrimoines et des très hauts revenus ; l’ajout de conditions d’obtention aux 211 milliards d’aides aux boites privées ; l’abandon du recul de l’âge de départ en retraite à 64 ans.

Pas de surprise le 24/09 : l’intersyndicale, mécontente de l’absence de « réponse claire » de Lecornu après leur rendez-vous à Matignon, a fait le choix d’une nouvelle journée d’action, le 02/10. Une nouvelle journée sans suite annoncée et préparée à l’avance. Face à cela, beaucoup – certainement plus qu’en 2023 – se disent qu’il faut dépasser la stratégie de ces journées d’action sans plan d’ensemble, et qu’il faut préparer la grève générale. Qu’il faut donc parvenir à reconduire les grèves dans un nombre suffisant d’entreprises et dans des secteurs qui pèsent lourd.

Dans ce contexte, l’assemblée « Bloquons Tout » et l’UL-CGT de Saint-Avold (57) ont lancé un appel pour constituer un pôle pour construire la grève générale. Le 23/09, l’AG de gare du Nord était, pour la 3e fois, un lieu de regroupement de travailleurs/ses de divers secteurs (SNCF, RATP, santé, éducation) ainsi que d’étudiant.es, de lycéen.nes, de Gilets jaunes ou de militant.es pro-palestinien.nes. L’objectif était de débattre des suites à donner au 18/09. Un double souci s’est exprimé : ôter l’initiative des mains de l’intersyndicale nationale, pour la remettre à la base, dans des AG qu’il faut multiplier ; dans ce cadre, bâtir la grève générale, par en bas.

Solidaires 69, sachant que certain.es grévistes du 18, à Lyon et autour de cette ville, resteraient en grève le 19, a voulu les accompagner et tester l’impact de cette reconduction. Bilan : 1) 1000 personnes de Solidaires + 350 personnes réunies à la préfecture de Lyon à 14h pour une manif. 2) un cortège, où s’impliquaient aussi la CGT Educ’Action, la CNT et la CNT-SO, et qui regroupait des enseignant.es grévistes, des enseignant.es chercheurs/ses, des travailleurs/ses des collectivités territoriales, de l’informatique, de l’action sociale ou du secteur associatif. 3) pour la manif, l’élément de comparaison est celle du 18 : 20 000 manifestant.es pour la CGT, 14.000 pour les flics. 4) dans une grosse ONG de 350 personnes, 30 étaient en grève le 18/09 et 10 le 19.

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