Cette chronique vise à prouver que la question des retraites est centrale. Centrale pour le prolétariat, car il s’agit d’avoir une vie digne, de ne pas mourir au travail, et de pouvoir couler des jours heureux en bonne santé. Centrale également pour la bourgeoisie, car l’enjeu financier de la capitalisation est énorme. Nous vous proposons une revue de presse de ce qu’il se passe chaque mois dans Les Echos, le journal économique de référence, afin de mieux comprendre où en est la bourgeoisie dans ses attaques.
Dans les épisodes précédents : Le gouvernement Barnier est en pleine discussion sur le budget 2025. 60 milliards d’économies sont prévus, et les retraité.e.s devront être mis.e.s à contribution. Les thinks tanks faisaient de la surenchère sur l’âge de départ à la retraite (66 ans, 67 ans).
Lundi 4 novembre : En Une : « Antoine Armand veut augmenter le nombre d’heures travaillées »
Mardi 5 novembre : « L’urgence de la pédagogie économique »
Tribune de Pascal Perri
« Comment continuer à dépenser autant avec un temps de travail aussi faible, un départ en retraite à 62 ans et 8 mois (octobre 2024), 5 semaines de congés payés et 11 jours fériés par an ? »
Il est l’auteur de Génération farniente.
Mercredi 6 novembre : « Réforme des retraites et emploi des seniors »
Tribune de Kevin Genna du Cercle des économistes, et responsable modélisation à chaire Transitions économiques, transitions démographiques de Paris-Dauphine.
« Une étude américaine réalisée avant Covid montrait d'ailleurs que des horaires flexibles, une réduction des temps de trajet, une augmentation de la part de social et une baisse de la part d'effort physique et cognitif permettaient d'augmenter le nombre de travailleurs après… 70 ans. »
→ 70 ans, record battu !
Nous n’avons pas pu consulter les numéros des Echos entre le jeudi 7 et le mardi 12 novembre.
Jeudi 14 novembre : « Vers une augmentation du temps de travail pour renflouer la Sécurité sociale » (article)
Les sénateurs aimeraient que les français travaillent 7h de plus par an.
Jeudi 14 novembre : « Les retraités aisés devraient contribuer davantage au redressement des comptes publics. »
Tribune de Xavier Jaravel, professeur à la London School of Economics. Les Echos ne précisent pas qu’il est également membre du Conseil d’Analyse Économique auprès du 1er ministre.
A lire, l’auteur donne des arguments plus violents les uns que les autres.
Vendredi 15 novembre : « La France est à son tour rattrapée par l’hiver démographique » (article)
Vendredi 15 novembre : « Il ne faut pas rêver sur l’effet des politiques publiques pour relancer la natalité » interview de Julien Damon.
Vendredi 15 novembre : Rubrique patrimoine, Dossier spécial placements pour la retraite
Lundi 18 novembre : « Travail : réconcilier France et Français »
Tribune d’Antoine Foucher, Ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, Antoine Foucher est aussi chroniqueur pour Les Echos. Auteur de Le monde de l'après-Covid chez Gallimard, et de Sortir du travail qui ne paie plus, aux éditions de l'Aube.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/travail-reconcilier-france-et-francais-2132105
« La France est le pays qui travaille le moins de l'OCDE : 664 heures par Français, contre 730 par Allemand, 770 par Européen (zone euro) ou 830 par Américain (Etats-Unis) […] Comment s'en sortir ? [en donnant] à chacun la liberté de varier l'intensité de son travail aux différentes périodes de sa vie, pour individualiser l'allongement nécessaire de la durée de travail pendant la vie. »
→ Outre les chiffres absurdes, l’auteur propose de dynamiter le cadre de référence collectif des années de cotisations.
Mercredi 20 novembre : « Et si nos entrepreneurs faisaient grève? »
par Alexis Karklins-Marchay, consultant et essayiste
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/et-si-nos-entrepreneurs-faisaient-greve-2132509
« faire évoluer enfin notre coûteux système de retraites que l'on sait insoutenable à moyen terme. »
A noter que l’auteur fait référence au roman La grève de Ayn Rand, la cheffe de file des libertariens.
Dimanche 24 novembre : Sophie Binet, dirigeante de la CGT :
«J'appelle solennellement tous les députés à respecter leur mandat, à respecter leurs électeurs. Très majoritairement, ils veulent l'abrogation de la réforme des retraites [...] donc il faut respecter cet avis des électeurs, il faut respecter la démocratie et laisser le parlement se prononcer», a déclaré la syndicaliste. Et d’enchaîner en rappelant que selon elle, «si le parlement n'a pas pu se prononcer, c'est à cause du 49-3 mis en place par le gouvernement». Elle juge également qu'«il n'y a aucune démocratie dans le monde où il pourrait y avoir la même situation, c'est-à-dire une réforme imposée malgré une mobilisation de six mois, malgré l'opposition de la quasi-totalité des Français et sans aucun vote au parlement». «L'Assemblée nationale doit pouvoir voter», conclut-elle.
→ Merci à la camarade Sophie Binet pour cette belle prise de position… syndicale ?
Lundi 25 novembre : En Une du Figaro (pour changer) : « Censure, retraites, semaine à haut risque pour Barnier ». Car ce jeudi 28 novembre, c’est la niche « retraites » de la FI, qui compte faire abroger la loi Borne.
Mardi 26 novembre : « Le bal des irresponsables », l’éditorial du journal par Etienne Lefebvre.
« Abroger le passage aux 64 ans coûterait pourtant plus de 15 milliards d’euros à l’horizon 2030 et mettrait un peu plus en péril les finances de la Sécurité Sociale. »
Jeudi 28 novembre : « Retraites : le camp Barnier veut éviter un vote à l’Assemblée » (Article)
Jeudi 28 novembre : « Les syndicats et le patronat ne seront pas consultés avant le début de 2025 » (Article)
Vendredi 29 novembre : « Le Pen fait désormais monter les enchères sur les retraites. » (Article)
Vendredi 29 novembre : « Baisse de la natalité, que faire? »
Tribune de Julien Damon, présenté comme « sociologue ». Il a publié pour la fondation Jacques Delors, l’Institut Montaigne, et la Fondation Jean Jaurès.
Vendredi 29 novembre : « La France dans un délire économique aigu »
Tribune d’Eric Le Boucher (directeur de la rédaction des Echos)
« Marine Le Pen n'arrive pas à se défaire de son populisme basiste du « pouvoir d'achat ». Malgré les réticences visibles de Jordan Bardella contre cette ligne de « politique de la demande », tout dans le projet de Mme Le Pen conduit à affaiblir la production. Le NFP fait bien pire puisque, dans son idéologie rudimentaire pré-marxiste, cet affaiblissement des capitalistes est directement son objectif : plus le profit est bas, meilleur c'est. Délire au carré. La similitude des deux partis populistes se voit dans l'abrogation de la réforme des retraites : continuer à dire aux Français qu'ils peuvent travailler moins est mentir et percer la coque du navire France. »
Bilan du mois de novembre : Il a beaucoup été question lors de cette session de préparation du budget 2025, de faire travailler plus les français. Ainsi on a comptabilisé le nombre d’heures travaillées par mois, le nombre de semaines de congés payés et de jours fériés pour voir où il fallait couper. On a envisagé de baisser les pensions des retraités ‘’riches’’, et on s’est appuyé sur la science pour imaginer nous faire travailler jusqu’à 70 ans ! Un ancien conseiller de Muriel Pénicaud propose même d’exploser tout cadre collectif, chacun pouvant faire varier l’intensité de travail tout au long de la vie.