Cette chronique vise à prouver que la question des retraites est centrale. Centrale pour le prolétariat, car il s’agit d’avoir une vie digne, de ne pas mourir au travail, et de pouvoir couler des jours heureux en bonne santé. Centrale également pour la bourgeoisie, car l’enjeu financier de la capitalisation est énorme. Nous vous proposons une revue de presse de ce qu’il se passe chaque mois dans Les Echos, le journal économique de référence, afin de mieux comprendre où en est la bourgeoisie dans ses attaques.
Dans les épisodes précédents : Il a beaucoup été question lors de cette session de préparation du budget 2025, de faire travailler plus les français. Ainsi on a comptabilisé le nombre d’heures travaillées par mois, le nombre de semaines de congés payés et de jours fériés pour voir où il fallait couper. On a envisagé de baisser les pensions des retraités ‘’riches’’, et on s’est appuyé sur la science pour imaginer nous faire travailler jusqu’à 70 ans ! Un ancien conseiller de Muriel Pénicaud propose même d’exploser tout cadre collectif, chacun pouvant faire varier l’intensité de travail tout au long de la vie. Ainsi depuis 2 mois, Barnier et son équipe travaillent sur un budget, qui inclus de graves attaques contre les droits de la classe travailleuse. Le vote arrive le 4 décembre et… patatra, c’est la censure !
Lundi 2 décembre : « Sécu : Les quatre dossiers qui pourraient faire chuter le gouvernement » (article)
→ « Des retraites qui progresseraient moins vite que les prix »
Le lundi 2 décembre, Barnier passe son budget au 49.3. ce qui autorise l’Assemblée nationale a voter une motion de censure mercredi.
Mardi 3 décembre : « Impôts, retraites, économies, déficit : les cartes vont être rebattues » (article)
« Dans l’éventualité d’une censure du gouvernement Barnier, il est probable qu’une « loi spéciale soit votée au Parlement pour simplement reconduire le budget 2024. »
Mercredi 4 décembre : La motion de censure est adoptée. Ce qui fait tomber le gouvernement Barnier.
Jeudi 5 décembre : Succès de la journée de grève dans la fonction publique.
Jeudi 5 décembre, Les échos dressent un bilan des 3 mois de Barnier comme premier ministre. Le journal insiste sur « il est resté ferme sur la retraite à 64 ans » et rappelle la passe d’arme entre lui et Wauquiez sur la revalorisation des pensions au 1er janvier.
Jeudi 5 décembre : « Ce que l’assurance-retraite pourrait apprendre de l’assurance-maladie »
Tribune d’Antoine Levy, présenté comme enseignant à l’université de Berkeley.
« S'inspirer, dans la lignée de la réforme Delevoye initialement prévue en 2018, de l'universalité du système de santé permettrait de simplifier le système de retraite et de renforcer l'équité entre et au sein des générations. »
→ c’est le retour de la retraite par point
Vendredi 6 décembre : « Réformer les Français ! »
Tribune de Pascal Perri, présenté comme « économiste et géographe », il est l’auteur de Génération farniente.
« Ils veulent tout garder. En dépit des évidences démographiques et économiques, en dépit des perspectives d'effondrement du système de retraite par répartition, les Français ne veulent toujours pas travailler plus. Ils n'ont pas avalé le report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans ! Ils affirment même, sur de simples ressentis, que la quantité d'heures travaillées suffit à financer le modèle social (Elabe, novembre 2024). »
Vendredi 6 décembre : « Destins et fictions démographiques »
Recension de 2 livres de démographie par Julien Damon présenté comme « sociologue ». Il a publié pour la fondation Jacques Delors, l’Institut Montaigne, et la Fondation Jean Jaurès. Il est aussi rédacteur en chef de Constructif, revue éditée par la Fédération Française du Bâtiment.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/destins-et-fictions-demographiques-2136136
Mardi 10 décembre : « Retraites, le hic qui ne passe pas » (article)
Mercredi 11 décembre : « Les retraites vont être revalorisées de 2,2 % en janvier. »
Du fait de la censure, le projet de décaler la revalorisation à juin a été annulé.
Mercredi 11 décembre : « Préserver la réforme des retraites »
L’éditorial des Echos, par Dominique Seux
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/preserver-la-reforme-des-retraites-2137052
« Oui, cette réforme est mal née et mal comprise : on a commencé par la retraite à point, on a continué avec l'âge pivot, on a fini avec la classique borne d'âge. Oui, l'entêtement de la France à refuser toute capitalisation a épuisé le système par répartition. Oui, des ajustements sont nécessaires (pénibilité, femmes ?). »
Vendredi 13 décembre : Nomination de Bayrou
Lundi 16 décembre : « Les dossiers chauds qui attendent Bayrou » (article)
Impôts, agriculteurs, plans sociaux, territoires ultramarins, chômage, filière de l’immobilier neuf et « La question brûlante des retraites »
Lundi 16 décembre : « Le piège de l’immobilisme »
L’éditorial des Echos, par Dominique Seux
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/bayrou-eviter-le-piege-de-limmobilisme-2137907
« La gauche non-LFI pose de lourdes conditions pour ne pas censurer François Bayrou, principalement le retour de l'âge de la retraite à 62 ans et davantage de hausses d'impôt. »
Mardi 17 décembre : « Retraites : Bayrou attendu au tournant » (article)
Mercredi 18 décembre : « Relancer la natalité ? »
Tribune d’Alain Villemeur, directeur scientifique de la chaire « Transitions démographiques, transitions économiques »
https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/relancer-la-natalite-2138395
Se prononce pour le recours à l’immigration.
Vendredi 20 décembre : En Une des Echos : « Réforme des retraites : « reprendre sans suspendre »
→ la question des retraites est au coeur de la feuille de route de Bayrou
→ face aux partis réunis jeudi face à Bayrou, celui-ci donne neuf mois aux partis et syndicats pour faire des propositions. Sinon la réforme continuera d’être appliquée
Vendredi 20 décembre : « Assurance-chômage : François Bayrou avalise l'accord et envoie un signal aux partenaires sociaux »
« La mesure la plus importante de l'accord porte sur la prise en compte des conséquences de la réforme des retraites. Les deux bornes d'âge qui donnent lieu à une indemnisation plus longue seront décalées à compter du 1er janvier de deux ans (55 et 57 ans, contre 53 et 55 ans). L'âge à compter duquel l'allocation du chômeur est maintenue jusqu'à obtention de tous ses trimestres sera porté à 64 ans, progressivement en revanche, en suivant le rythme de décalage de l'âge légal. »
→ Dans le cadre du conclave de février - juin 2025, syndicat et patronat pourraient-ils trouver un accord, ce qui permettrait de ne pas passer par le parlement en miette ?
Dimanche 22 décembre : Retailleau conditionne son maintien dans le prochain gouvernement, au maintien de la loi Borne
Lundi 23 décembre : Nomination du gouvernement Bayrou
Mardi 24 décembre : « Pour la capitalisation des retraites en France »
Tribune de Nicolas Steinberg obscur « conseiller financier », qui a produit de nombreuses tribunes autour de la loi de 2020, nous fait un cadeau de Noël à sa façon...
« Les temps politique et économique sont mûrs pour instaurer progressivement la retraite par capitalisation. […] La mise en place progressive de la capitalisation aurait entraîné la clôture simultanée du système actuel par répartition et sa gestion directe par l’État. »
28 décembre 2024 : Jean Viard repart sur la retraite à point
Bilan du mois de décembre : La chute du gouvernement Barnier, loin de calmer les appétits de la bourgeoisie, fait monter les enchères : la question de la capitalisation et même de la retraite par points reviennent par la grande porte. Bruno Retailleau rappelle qu’il est certes le ministre de la répression, mais que la défense de la loi Borne fait aussi parti de son contrat.