Le 14 janvier 2025, durant 1 heure 25 minutes de palabres, François Bayrou a tenté de ménager la chèvre et le chou, donnant une liste à la Prévert de tous ses ministères avec bien des applaudissements surtout à droite, buvant beaucoup d’eau, répétant parfois son texte dans un état supérieur comme s’il faisait faire une dictée à des élèves.
Ainsi le nouveau premier ministre a d’abord longuement parlé du déficit public et de façon assez choquante. En effet, pour celles et ceux qui ont pris soin d’écouter son propos avec attention, sans doute ont ils relevé qu’avec quelques subterfuges François Bayrou a carrément minimiser le montant de l’augmentation du déficit public creusé par Emmanuel Macron (1200 milliards en 7 ans seulement) indiquant amusé et avec beaucoup d’aplomb à la représentation nationale je le cite « … à la fin du second mandat de François Mitterrand en 1995… plus de 30 points d’endettement en 14 ans… et depuis 2017, Emmanuel Macron 12 points… je n’en fais pas un motif d’accusation et je connais les raisons, François Mitterrand c’était l’alternance il fallait que les français y trouvent leur compte, Emmanuel Macron coup sur coup une cascade de crises... ». Or, cette réalité dépeinte par M. Bayrou a été tronquée pour nous tromper. En effet, il ne peut lui avoir échappé que François Mitterrand a - durant toute sa présidence - creusé le déficit public de 500 milliards d’€uros en 14 ans alors qu’Emmanuel Macron lui c’est un gigantesque cratère de 1200 milliards qu’il a réalisé avec ses amis en 7 ans seulement. Il y a bien là une énorme différence que le nouveau premier ministre a voulu masquer et on comprend aisément à quelles fins.
Et puis l’autre grosse différence entre ces deux hommes c’est que François Mitterrand a fait évoluer positivement notre modèle social et culturel avec notamment :
* l’abolition de la peine de mort,
* la création du Revenu Minimum d’Insertion en 1988 (car avant cela il n’y avait rien d’autre pour ceux qui n’avaient plus rien du tout pour vivre),
* la 5ème semaine de congés payés,
* le passage de l’âge du départ à la retraite de 65 à 60 ans,
* dès 1982 la création de l’Impôt sur les Grandes Fortunes,
* le lancement d’un programme de grands travaux d’architecture et d’urbanisme jamais égalé en France depuis l’après guerre permettant encore à ce jour à notre pays de se cultiver et d’avoir un rayonnement dans le monde grâce à la Pyramide du Louvre, la Grande Bibliothèque Nationale de France, l’Arche de la Défense, le Musée d’Orsay, la Villette, l’Institut du Monde Arabe, l’Opéra Bastille….
Emmanuel Macron lui c’est
* la suppression de l’ISF dès son arrivée qui n’a jamais été compensé par l’IFI (cela les chiffres le prouvent),
* l’allongement de l’âge du départ à la retraite,
* le creusement des inégalités...
L’excuse de la crise COVID pour lui ne tient pas car l’Allemagne elle aussi a du l’affronter mais pourtant son déficit public n’est pas à hauteur de celui de la France qui a explosé grâce au « quoi qu’il en coûte » avec les clés du camion démocratie représentative qui lui avaient été données grâce à l’état d’urgence proclamé. Alors oui la responsabilité de la position de notre pays au bord du précipice c’est bien Monsieur Macron et ses amis qui doivent l’assumer pleinement et eux seuls contrairement à ce qu’à déclaré le nouveau premier ministre le 14 janvier 2025 !
Et puis à 51 minutes, François Bayrou a soudain parlé (mais très rapidement 2’35) « d’un mouvement qui s’est manifesté sur des ronds points il y a 6 ans » et qu’il a reconnu avoir « négligé » sans toutefois faire amende honorable sur le fait que ce mouvement et ces personnes ont été malmenées, matées, violentées, éborgnées même par la force publique et il faut voir le film « un pays qui se tient sage » pour comprendre cet acharnement, ce déchaînement de violences contre tous ces invisibles devenus soudain visibles mais de façon si éphémère. Le premier ministre a simplement indiqué un vœu pieu qu’il fallait « abattre le mur qui existe entre les uns et les autres » et pour ces personnes a t’il dit qui « ont dénoncé l’état qu’ils ressentaient de notre société et cet état c’était la division du pays entre ceux qui compte et ceux qui ne comptent pas » indiquant que les cahiers de doléances suite au mouvement des gilets jaunes allaient être exhumés mais sans donner toutefois aucune précision ni sur la forme, ni sur des délais.
Enfin, dans les 5 dernières minutes du discours, soudain un emballement avec la confirmation à l'Assemblée Nationale du « remboursement intégral des fauteuils roulants dès 2025 » et là je n’ai pas compris car n’est-ce pas la représentation nationale qui a pu décider cela et sinon alors qui d’autre ; lui ? un roi ?
Et puis juste avant de conclure, le nouveau premier ministre « ajoute que parmi les personnes qui souffrent de précarité il y a les étudiants en situation de précarité en particulier lorsqu'ils ont l'obligation de se loger dans des grandes villes où les loyers dépassent les moyens de leurs familles c'est pourquoi la carte universitaire et le réseau des universités sont non seulement une question académique mais également une grande question sociale nous lancerons en parallèle la construction de 15 000 logements par an pendant 3 ans en mobilisant le foncier de l'Etat ». Le problème du coût du logement trop cher ce n’est pas que pour les étudiant-e-s et il suffit de voir les prix des loyers comparés au SMIC pour se dire qu’il y a un problème beaucoup plus profond rendant impossible aujourd’hui l’accès au logement pour tellement de personnes. Il a éludé également ces personnes qui sont les nouveaux rentiers de ce système ayant acheté des logements qu’ils louent à prix d’or aujourd’hui pour se faire des fin de mois agréables mais en rendant une vie impossible à tellement d’autres congénères ; voilà bien un modèle de société auquel ce gouvernement ne touchera évidemment pas.