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Billet de blog 29 juin 2014

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À l’est de l’Elbe, le Luxembourg ?

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La dérive de l’Europe

« France, remets ton Shako
Coquérico, coquérico »
Béranger, Chansons.

En effectuant mon mot fléché du matin, je devais trouver un mot de six lettres sous la définition : marche mal. J’ai hésité un moment entre deux synonymes, Europe ou éclopé. Europe l’a emporté. Etrange et douloureux spectacle, en forme de ballet surréaliste, qui amène les Chefs d’État et de Gouvernement européens à « choisir » l’incarnation parfaite d’une logique libérale et financière pour conduire la Commission. Manière d’insulte à l’écrasante majorité des citoyens qui, par action ou par abstention, ont rejeté un mode de fonctionnement des institutions européennes, et qui ne désespéraient pas de peser démocratiquement sur les choix : on en avait d’ailleurs fait un des arguments essentiels de vente du scrutin ! L’hypocrisie n’ayant pas de limite, voilà que pour justifier leur capitulation, nos représentants à Bruxelles prétendent ne faire qu’obéir à la vox populi, qui a donné la majorité aux conservateurs. Mais quelle majorité pour le PPE ? Voilà un parti qui recule sensiblement, et qui ne dispose que d’une toute relative marge majoritaire : il n’a pour lui que d’être le plus gros des rétrécis. Cette victoire à la Pyrrhus lui donnait, en bonne logique le droit de prétendre à la présidence du Parlement européen : certainement pas d’imposer hégémoniquement sa couleur politique à la Commission. Et pourtant, le trouble double jeu institutionnel a conduit à cette invraisemblable proposition d’un Président de l’assemblée socialiste, et d’un Président de la Commission chef de file du PPE : comment mieux exprimer où se trouve le vrai centre de décision européen ? Ce qu’il y a de particulièrement choquant, et de difficile à faire comprendre aux électeurs, c’est le soutien apporté à Madame Merkel par des responsables d’Exécutif qui s’étaient durant toute la campagne fermement opposés à une candidature Juncker, cet éminent serviteur d’un Luxembourg enclin à faires les poches de ses voisins par sa fiscalité paradisiaque. Pourquoi ne pas simplement s’abstenir ? Pour quelques confettis de marchandage ? Voilà qui à coup sûr va encourager la participation et l’adhésion à l’Europe…

Mais peut-être, tel Paillasse, faut-il mieux rire de nos malheurs et se demander si l’acharnement de Madame (von) Merkel n’aurait pas une petite part d’explication inconsciente. Son enfance et sa jeunesse entre Poméranie et Brandebourg, au royaume historique des fameux Prussiens junkers n’ont-elles pas engendré une résonnance du nom immédiatement sympathique ? À l’est de l’Elbe, le junker, en effet, était au départ un noble peu fortuné au service d’un seigneur plus puissant. Avant de devenir ces grands latifundiaires qui formeront la garde rapprochée des Hohenzollern. On voudra bien nous pardonner cette petite concession homonymique à la poésie, nous savons tous bien que le Luxembourg est à l’Ouest de l’Elbe, qu’il ne comporte aucun latifundiaire. Et que Madame Merkel n’a rien de commun avec Bismarck.

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