Ce qui m'impressionne chez Plenel, c'est que son parti pris est dissimulé derrière un édifice d'indignation argumenté de façon incontestable. La pensée est bien construite mais avec une tâche aveugle dont je n'arrive pas à savoir si elle est volontaire ou pas, la dernière option étant la plus rassurante. Le parti pris dont je parle est son engagement sans faille derrière les puissances occidentales contre la Russie, érigée en mal absolu, à l'instar de tous les médias occidentaux. Cette loyauté envers les États-Unis doit elle demeurer sans aucune limite, sans aucune espèce de réticence? Comme si la mise au pas de toutes les tentatives de non alignement au capitalisme en Amérique centrale et du sud par les Etats Unis dans la deuxième moitié du XX siècle n'avait tout simplement pas eu lieu? Comme si la guerre inique pour le pétrole en Irak et ses millions de morts non plus? Comme si l'invasion de l'Ukraine par la Russie se résumait à une guerre entre deux pays étrangers sans aucune intervention de belligérants extérieurs à ces deux pays dans la genèse du conflit. Comme si l'Ukraine n'avait finalement rien à voir avec la Russie puisqu'elle avait épousé comme un seul homme les valeurs démocratiques et porteuses de liberté des puissances occidentales si tant est qu'on puisse parler de puissance stricto sensu des autres pays que les Etats - Unis? Pourquoi un tel manque de sens des nuances chez un journaliste étiqueté de gauche et fondateur d'un média dont la vocation première est son indépendance?Voilà un mystère qui m'intrigue depuis le début sa couverture, et celle du journal, de l'invasion russe. Quand Vance dénonce le manque de liberté d'expression eu Europe, est ce si choquant? Le manque de liberté d'expression se limite t-il à la répression brutale des opposants comme elle se fait en Russie ou existent-il des formes plus subtiles mais pas moins efficaces d'entrave à cette liberté? Maintenant que le jeu américain se dévoile de façon plus limpide, que les faux semblants commencent à tomber et que le soutien américain n'a plus l'air aussi désintéressé et noble, et celui de Trump n'en est qu'une facette, le logiciel de communication doit être revu et les rédactions journalistique ont l'air un peu prises de panique. Alors, on jette toutes ses forces dans la diabolisation de Trump- mais à quoi sert-il de diaboliser le diable?- comme si Trump n'était pas le pur produit, l'apothéose de cette Amérique de la prospérité et de la liberté?
Billet de blog 20 février 2025
Un parti-pris si lancinant
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le parti-pris de Médiapart pour les États-Unis et ses affidés occidentaux interroge. Face à une stratégie américaine devenue plus transparente, la diabolisation de Donald Trump sera t-elle suffisante pour sortir de la contradiction?
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