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Billet de blog 15 février 2015

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Tintin chez les Arpitans

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Illustration 1
Tintin en territoire arpitan, de Thonon à Lyon.

Dans «L’afére Pecârd», album paru en 2007 aux éditions Casterman, Tintin et les autres héros évoluent pour une moitié de l’album dans l'aire linguistique de l'arpitan (autrement mal nommé "francoprovençal"). Les traducteurs/adaptateurs avons tenté, autant que faire se peut, de faire coïncider le plus de monde avec la région concernée.

Bien qu’il soit reconnu que Moulinsart se situe dans le Brabant, ils ont fait parler le petit monde du château en patois lyonnais-forézien, mais Tintin, le héros mythique, parle savoyard, car la Savoie est une des régions arpitanes où les parlers sont le plus vivants et il fallait bien quelqu’un pour la représenter.

En Suisse romande, en particulier dans le canton de Vaud (Nyon, Rolle), les parlers sont assez différents et de Lyon et de la Savoie du Sud, seule Genève se rapproche fortement de ceux de la Savoie du Nord toute proche. L’automobiliste italien qui renverse Haddock page 36 n’est plus de Milan, mais d’Aoste. Enfin les Syldaves et les Bordures parlent un arpitan plus standardisé, où les formes les plus belles et les plus courantes sont mises en valeur.

Car l’arpitan est une langue qui connaît une grande quantité de variétés, surtout phonétiques, mais pas seulement. Aussi, il lui fallait une orthographe supra-dialectale, englobante, comme il en existe pour les autres langue régionales (breton, basque, occitan) ou nationales. La nôtre s’appelle Orthographe de référence B (ORB), elle est comme les autres langues romanes d’inspiration étymologique, morphologique et dérivative. Mais nous allons aussi vous donner quelques formes locales en Graphie de Conflans, qui est purement phonétique. Il faut savoir qu’en arpitan, on trouve fréquemment les fricatives interdentales comme en anglais thing (noté en Conflans sh) et this (noté zh).

Ainsi le verbe “changer”, orthographié en ORB changiér, se prononce chanji à Lyon et dans le Forez, shanzhi, stanzdyé ou tsandzé dans la Savoie, tsandzi ou tsandjé en Suisse romande, tsandzé à Aoste. De la même manière, pour dire “nous chantons”, on dit je chanton à Lyon, on tsante en Haute-Savoie, no tsantin en Savoie, en Suisse romande et à Aoste.

Les consonnes finales ne se prononcent généralement pas, sauf en liaison : los homos (louz omo) les hommes, l’accent tonique se porte sur la dernière syllabe, mais sur l’avant-dernière si celle-ci se termine par -a, -o, -e, -os, -es et quelquefois -ont (chantont ils chantent). Les groupes cll-, gll-, fll- indiquent une prononciation fréquente kly, gly, fly.

Le professeur Tournesol devient Pecârd, rendant ainsi hommage à celui qui inspira Hergé: le savant vaudois Auguste Piccard.

Les aventures de Tintin: L'afére Pecârd – par Hergé, Bruxelles: Casterman, 2007
ISBN : 978-2203009318
Plus d'info ici: arpitania.eu

© Hergé-Moulinsart-Casterman, 2015.

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