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Trois cent collégiens viennent d'être renvoyés de l'école, et une dizaine d'être arrêtés (RFI précise : 5 filles et 6 garçons de 14 à 19 ans) ; ils risquent jusqu'à dix ans de prison pour outrage à chef d'état.
Leur faute : avoir gribouillé, coloré, troué, dessiné sur des portraits de Son Excellence Pierre Nkurunziza, le très Populaire Président du Burundi.
Les parents sont atterrés, s'attendant à ce qu'on leur demande de rembourser les livrets scolaires sur lesquels se trouvait imprimé le portrait en question, et pas à ce que leur enfant soit envoyé dans les prisons insalubres et surpeuplées du pays.
A Muramvya, des élèves ont protesté contre les arrestations de leurs condisciples ; les représailles ne se sont pas fait attendre et les policiers ont tiré (selon une méthode désormais bien éprouvée), blessant deux élèves.
Ce court billet aurait valu par cette seule annonce ; mais ce qui l'a motivé vient des réactions lues ici et là, sur twitter.
Difficile aujourd'hui de savoir si les comptes twitter sont vrais ou faux (les caciques du pouvoir usant de nombreux faux comptes pour prendre la défense du gouvernement, au premier rang desquels Willy Nyamitwe, responsable de la communication à la Présidence).
Il reste que plusieurs comptes, affichant les visages d'hommes et de femmes d'âge mûr, en tout cas de celui d'être parent, défendent les décisions d'incarcération des collégiens, arguant en particulier du fait que l'âge de responsabilité pénal est fixé à 14 ans.
Tout commentaire me paraît superfétatoire quant à l'état du pays.
Autre point qui mérite toute notre attention (je reproduis ici le billet facebook de Pacifique Nininahazwe, dont j'ai eu déjà l'occasion de mentionner le combat pour la paix) : « Nous recevons, depuis des semaines, des informations inquiétantes sur un trafic de jeunes filles burundaises qui serait organisé par le parti CNDD-FDD. Des filles seraient recrutées dans plusieurs provinces (Bubanza, Cankuzo, Muyinga, Rutana, Gitega...) et seraient envoyées comme domestiques en Arabie Saoudite et en Oman. Une burundaise est morte en avril dernier en Oman à cause de mauvais traitements lui infligés par ses maîtres.
Dans certaines provinces, des filles sont menacées pour avoir refusé cette offre de travail. Certaines filles ont dû improviser un mariage, d'autres ont fui le Burundi pour échapper à des pressions de hauts cadres du CNDD-FDD dans les provinces. [fin de citation]»
Des témoignages filtrent depuis plusieurs années maintenant, mais le trafic semble prendre une ampleur inédite (pour des motifs vraisemblablement financiers).
Ainsi, chaque jour amène du Burundi des nouvelles toujours plus désolantes, et la même interrogation revient, revient, sans cesse : jusques à quand la haine, la bêtise, la médiocrité, la violence et la brutalité feront montre de cette croissance inexorable ?