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Billet de blog 10 juillet 2014

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Dernière première

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sont-ce nos plaintes ? – non, je ne le puis croire... plutôt la crainte. Car il n'est que cela désormais qui tienne, la crainte. La crainte, ou bien la plainte – mais de qui est craint ; ce n'est plus alors une plainte, c'est un ordre.

Voilà en tout cas que nous avons pu écouter la dernière d'un jour sans lendemain. Et comprendre ce qui en avait valu l'éviction.

Les références à un système d'intermittence pour un travail effectué cinq jours par semaine durant vingt-neuf années ? Nenni. La description d'un chantier, d'un matériel à bout de souffle, ternissant l'image qu'il faudrait laisser paraître ? Non plus.

Ou alors, de manière marginale.

Ce qui a constitué motif de censure, je n'en doute pas – quitte à faire erreur – , c'est le talent. Car voilà, c'était un beau moment de radio. Non pas un moment grandiloquent, ni une prouesse technique, encore moins un événement spectaculaire ou bien une exclusivité inouïe. Simplement un beau moment à ouïr une voix amie, un rien désenchantée et pourtant nous rendant captifs.

Du talent, d'autres en ont sur ces ondes, et parfois d'un tonneau apparenté. Mais ce talent-là est inquiétant. Il refuse les bornes, les jalons, les contraintes. Il refuse la complaisance, au point qu'une entrevue au début de laquelle Alain Veinstein sent que l'interlocuteur n'est venu que pour promouvoir – promouvoir quoi ? lui-même, au fond, le produit qui écrit et qui parle – il sait que le moment est perdu ; ne reste qu'à compter les minutes avec angoisse. Rares sont les poètes qu'on nous laisse entendre, car ils sont dangereux ; ils n'aiment rien moins que les sentiers battus, les discours rabâchés, les sempiternelles rengaines. Il leur faut le suc, le sang, la chair. Face à eux, rares sont ceux qui peuvent tricher, et l'on tremble, aux étages supérieurs, à l'idée du ressentiment des tricheurs pris sur le fait. L'on n'en sait jamais les conséquences. Ainsi est-il de bon ton que tout le monde se compose un visage de circonstance. Sinon, où irait-on ? Jusqu'au théâtre et son double ? L'inquiétant.

Voilà pourquoi chacune des entrevues menées par Alain Veinstein se trouvait être une première ; car il ne la préparait qu'au minimum, dans l'attente désirante d'une surprise. Aimant à être étonné, il nous en prodiguait, des douces tensions, des émotions vives, des joies simples.

Voilà pourquoi cette première dernière se trouve aussi être la dernière des premières.

Puissions-nous en poursuivre ailleurs l'écoute joyeuse...

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