Article de circonstance, très court, sur le vif.
Des membres de la société civile et des journalistes burundais s'interrogent sur des faits troublants concernant les nombreuses morts consécutives à l'attaque de camps militaires à Bujumbura et Bujumbura rural vendredi.
Voici quelques uns de ces faits :
- Gaston Sindimwo, vice-président du Burundi, a évacué sa famille du quartier de Nyakabiga avant l'attaque – pour être précis, il l'a déplacée d'un lieu du quartier à un autre ; le premier subit des représailles féroces, le second pas du tout ;
- Nyakabiga a été attaqué par l'armée alors que n'étant pas situé dans une zone « utile » : aucun camp attaqué par les rebelles ne s'y trouve (aucun camp militaire, pour être précis) ;
- beaucoup de morts ont été vus ou photographiés aux mains de la police ou de l'armée, vivants, avant d'être retrouvés morts ;
- beaucoup de cadavres ont été retrouvés les mains liées, ou manifestement tués à bout portant ; leur arrestation n'aurait-elle pas suffi ? ;
- police et armée ont commis des exactions meurtrières au sein de familles dont on peut nettement douter de l'implication dans la rébellion (par exemple, se préparant à aller travailler) ; par contre certains d'entre eux avaient été impliqués dans les manifestations anti-troisième mandat ;
- des témoins rapportent des propos ethnistes tenus par des membres de la force de l'ordre ;
- d'autres rapportent avoir vus des cadavres enterrés par groupe de manière à minimiser leur nombre.
Pour des informations supplémentaires et circonstanciées, deux liens :
- https://www.facebook.com/profile.php?id=100009253659534&fref=nf
il s'agit de la page facebook de Pacifique Nininahazwe, membre éminent de la société civile ayant joué un rôle central dans les manifestations anti troisième mandat, membre du CNARED
article de la RPA, une des radios dont les locaux furent détruits en mai par les forces de l'ordre suite au putsch manqué ; la RPA était, avant cette destruction, un média très écouté au Burundi (comme en témoigne un audit réalisé en 2013 – outre la publicité qui en est faite par presque n'importe quelle personne prise au hasard dans la rue… son jingle résonnait habituellement dans tous les quartiers, à toute heure…)
Il ne s'agit pas ici de conclure hâtivement à une mise en scène machiavélique, comme l'admet possible le journal burkinabé Le Pays (http://lepays.bf/tueries-au-burundi-mise-en-scene-sanglante-ou-reelle-tentative-de-destabilisation/).
Toutefois celui-ci, sans affirmer que ce soit le cas en l'espèce, rappelle que la folie destructrice de divers potentats a pu parfois conduire à de tels excès.
Pour ma part, je choisis la prudence ; mais il m’apparaît utile voire nécessaire de relever certains faits et de les porter à la connaissance de qui peut y trouver matière à réflexion ou analyse.