J'ai rencontré Ferdinand, un proche coursin de mon épouse, il y a six mois environ, chez lui, à Ngozi, une ville de province à cent-cinquante kilomètres de Bujumbura environ.
J'ai appris sa mort ce matin, survenue dans un hôpital à Nairobi, des suites d'une hépatite B.
Il y a deux mois environ, il a ressenti de vives douleurs qui l'ont décidé à rejoindre la capitale pour faire des examens. Il a un peu tardé, comme parfois nous tardons à faire face à la maladie. A son arrivée, les médecins ont été incapables d'établir un diagnostic avec certitude. Il fut question de rejoindre la France, où un hôpital était prêt à l'accueillir ; privilège rare ici,tous ses soins étaient pris en charge par une ONG.
Il remplit donc les formalités de demande visa Schengen, et en fit la demande à l'Ambassade de Belgique, qui représente ici l'Europe pour les visas de courte durée. Vu sa prise en charge totale, je ne doutais pas un instant que le visa lui fut accordé ; mais il n'en fut rien.
L'ONG en question prépara un dossier plus étoffé, et, dans l'attente d'un accord, se décida à l'envoyer au Kenya, pour établir un diagnostic plus certain et débuter les soins.
Il y partit samedi dernier, le 13, et y mourut le 17, ce matin.
Ces quelques faits, déclinés froidement, comme une interrogation. Mais une interrogation sourde, difficilement énonçable. Aurait-il été soigné si, il y a quelques semaines, il s'était rendu en Europe ? Je ne le saurais jamais. Et je ne cesserais jamais de m'interroger.