Dans son dernier opus, Didier Porte s'en prend à Emmanuel Macron, qui pourrait, à son avis, avoir mal compris le désir de liberté d'une partie de la population française.
Selon l'humoriste, celle-ci serait au moins autant désireuse d'une liberté attachée à ses loisirs, en l'occurrence à celui de fumer une herbe non plus scandaleuse mais « libérée », que de celle du travail dominical.
Voire...
J'ai pour ma part un doute.
Ne pourrions-nous tous faire une grossière erreur d'appréciation ? Les loisirs, comment ne pas le voir depuis l'avant-guerre, ont amolli le peuple, l'ont privé de son identité, de sa passion industrieuse ; ne faut-il pas admettre que les plus lucides d'entre nous, s'apercevant de cette déliquescence ou bien en ayant une soudaine intuition, nous montrent le chemin à suivre, celui du travail sans compter ?
A y bien réfléchir, c'est non seulement concevable, mais susceptible d'être développé.
Ainsi, à l'écoute matinale de Jean Peyrelevade, gauchiste distingué, sur je ne sais plus quelle radio d'information, j'ai appris que pour se permette la solidarité nécessaire à la dignité de chacun, la France se devait d'être en forme, sur le plan économique s'entend. Et par conséquent qu'il fallait poursuive les réformes sans sourciller ni barguigner, ainsi que l'eût entendu Manuel Valls, à écouter Jean Peyrelevade, s'il n'était contrarié par un Président de la République timoré.
Timorés, oui, voilà ce que nous sommes ! Arriérés !
Libérer le travail, ce serait libérer les énergies de chacun, ses capacités créatrices et décisionnaires, sortir enfin de l'oppression capitaliste du divertissement et du consumérisme !
A vrai dire, le travail dominical est sans doute le moindre de nos désirs libératoires, une première et timide étape. Il est crucial de revenir sur les multiples lois régressives du siècle dernier, particulièrement obscurantiste. Ainsi, qui ne rêverait de travailler de nuit, désormais selon son bon vouloir et sans interdit ni limite ? Qui ne rêverait de s'épanouir à l’usine ou au bureau en travaillant douze, quatorze heures d'affilée ?
Réfléchissons ; et même plus avant. Osons.
La liberté absolue, sans conteste, celle qui porte au plus haut l'idéal humaniste, ne serait-ce pas, tout bonnement, l'esclavage ? Ecoutons le cœur de nos concitoyens – non pas leurs mots – mais leur cœur, leur appel le plus profond à la liberté... Brisons nos pensées toutes faites, d'arrière-garde ; n'entendons-nous pas alors ce cri : esclave ! Devenir esclave !
Voilà en quoi Emmanuel Macron est un visionnaire, héraut de l'émancipation !
La liberté n'aura pas de plus grande victoire que de nous donner d'être esclave ! Brisons enfin le carcan des illusions, libérons l'esclavage, soyons libres et esclaves !