Est-il encore besoin de présenter le Dr Denis Mukwege, « l'homme qui répare les femmes » ?
Je l'ai rencontré voici quelques mois, lors d'une visite de Députés du Parlement Européen à l'Hôpital Panzi, ce dont j'ai brièvement fait état dans un article à mon retour.
Figure exceptionnelle, Denis Mugwege est le hérault d'un combat qui ne peut se résumer à sa situation locale ; loin de là : il nous le rappelle, l'humanité toute entière est concernée. C'est peu dire qu'une telle rencontre bouleverse ; non seulement Denis Mukwege stupéfie par l'énergie qu'il met à combattre, fascine par une conviction que la froide lucidité n'entame pas, mais aussi émeut par sa simplicité et son humilité. Je fus surpris de découvrir que c'était également un homme de foi, d'une foi lumineuse et engagée (1).
Il m'a fallu du temps pour venir à bout de ce court montage, en raison de soucis techniques (la traduction, en particulier) mais aussi personnels (le départ précipité du Burundi) ainsi que d'un banal manque de temps. Ce qui m'a déterminé à le terminer dans une certaine urgence, c'est de voir se réaliser la crainte que nous avions émise lors de nos discussions, à Panzi : que ce phénomène de violences, en particulier faites aux femmes, se déplace et gagne le Burundi, où – il faut le dire – tout était prêt pour le recevoir : le chaos plus ou moins organisé et les instigateurs. Ceux-ci, ce sont tout particulièrement les FDLR, ex-Interahawme, infiltrés au Burundi par le pouvoir de Pierre Nkurunziza afin de prêter main-forte à sa police, et éventuellement de mener à bien ses manigances ou massacres. Le viol fait partie de leur méthode.
Il m'est apparu urgent de porter à la connaissance du plus grand nombre les témoignages de ce petit film ; c'est une modeste contribution, mais nécessaire.
1-Par une dérive rêveuse, j'ai associé l'évocation de cet engagement dans la foi à l'âpre opposition, si française dans son absurdité initiale, entre le Premier Ministre et le président de l'Observatoire de la Laïcité, au nom de celle-ci. Je ne puis m'empêcher d'être sidéré par la violence de Manuel Valls (naïveté de ma part – il en est si coutumier…) lors de la réunion du CRIF où il s'exprima contre Jean-Louis Bianco, et plus encore par (semble-t-il) l'assentiment des participants à cette réunion. Le parallèle avec Denis Mukwege – on le verra dans ce petit film – est ici saisissant : quelle que fut la fermeté nécessaire, peut-on résister, autrement que par l'ouverture à autrui, à la violence ? J'espère – et je crois – que les membres de la communauté juive qui suivent Manuel Valls dans son égarement ne sont pas représentatifs ; malgré le dégoût, ils seraient bien inspirés de lire attentivement le bientôt centenaire manuel de haine de Adolf Hitler, dont le récent traducteur (dans cette émission) montrait à quel point il était terrifiant de noter les parallèles avec certains propos actuellement tenus ici et là. S'agissant de Manuel Valls, les membres de la communauté juive tentés de le suivre dans sa radicalité anti-musulmane auraient peut-être aussi avantage à se souvenir à la fois des propos tenus par celui-ci à propos des Roms, et du sort, identique à celui de leur communauté, que leur réserva le régime nazi… (Ce dernier point non par provocation, mais afin de témoigner de l'affinité profonde des dérives ; cette violence anti-musulmane est l'autre face – avouable – de l'antisémitisme – non pas que j'en accuse Manuel Valls : il ne s'agit que de rappeler le cousinage des logiques d'exclusion… – Je n'imagine pas non plus qu'à titre personnel le Premier Ministre fut anti-musulman, ce qui importe, en l'occurrence, et qui inquiète, c'est la posture politique, la prise de position officielle.)