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Billet de blog 28 novembre 2015

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Sarah Roubato au pays des gugusses

Pas qu'elle ait besoin d'être défendue la môme. Vraiment pas. Mais bon, rien à faire, ça donne envie de pousser un coup de gueule. Sourire au lèvres. Pas simple, mais faisable.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bon. Faut s'exprimer clairement, paraît. Pour être compris. Pour vérifier que ce soit bien conçu, je veux dire, ce qu'on énonce. Vieille recette.

Tellement de gens qui parlent pour ne rien dire. Oui, mais s'ils le disent bien, pourquoi pas. Faut admettre.

Moi je sais pas. Je parle peut-être bien pour ne rien dire, aussi. Comme les autres. Tant.

Quoique, attention, j'en ai des choses à dire. Pleins. Des paniers. A pleurer.

Bon, pleurer, on s'en lasse, qu'on me dit, ou plutôt non, c'est moi qui me dit, parce qu'au fond, à la fin des fins, on en vient à penser ce qu'on croit que les autres pensent. C'est peut-être ça qu'ils veulent, les autres. Allez savoir.

Savoir, justement, faudrait, tiens, savoir, de quels autres on parle. Mais quelle affaire ! Pas gagné. Parce qu'il y a les autres qui pavent l'enfer de leurs bonnes intentions, et les autres qui vous veulent du bien, plus ou moins. Pas facile de faire la différence. Pas toujours.

En tout état de cause, selon l'expression, c'est pas le moment de s'esclaffer, hein, pas le moment. Mal choisi quoi. Parce qu'entre les soucis personnels et ceux du monde… Je ne sais pas pour vous, mais moi, en plus de ceux du monde, j'ai les miens. J'en ai même quelques uns. Pas vous les narrer par le menu, pas le moment non plus, sûr, ça… Mais je serais pas étonné si vous aussi vous aviez les vôtres. Pas étonné, non…

Donc pas le moment de s'esclaffer bruyamment... mais voilà je m'esclaffe quand même. Je m'esbaudis, quoi. Je me marre.

Pas le moment, d'accord. Mais y'a de quoi, pourtant. Sûr.

Un de ces derniers matin comme tous les matins je mets mes lunettes et je lis. Les nouvelles. Ou les anciennes, les réchauffées. Pas s'illusionner, c'est les mêmes. Qu'on ressert. Celle-là à mon avis elle a déjà servi plus d'une fois : quatre-vingt dix et quelques pour cent des français sont bien contents que les comiques qui les gouvernent prolongent l'état d'urgence. En soi, c'est marrant non, de prolonger l'urgence (quel que soit son état) ? Moi je trouve ça poilant. Les quatre-vingt dix ou plus, là, ils s'accordent aussi sur le rétablissement des contrôles aux frontières. Plébiscite, on appelle ça. Un grand moment d'ivresse partagée quoi. Tous ensemble, in what sort. Ça fait pas plaisir ? Rappel des bons souvenirs. Ou des moins bons. La liste est longue.

Donne pas mal envie d'hiberner tout ça. De se carapater. La voilà l'éternelle compromission : tais-toi, ou parle ! Si tu te tais, tu t'accordes ; si tu t'éloignes du tumulte, te trouves un petit coin peinard, idem, tu joues le jeu. Et si tu parles, tu parles, Charles. Efficace : t'es pas d'accord et tu le dis. Si c'est pour se faire compisser, merci, non. J'ai donné. Peu, mais suffisamment.

Pas que l'envie m'en manque, de faire un bras d'honneur bien arrondi bien vigoureux à ces va-t-en-guerre misérables, ça non… Serais plutôt du genre à encourager ceux qui voient plus loin, les pisse-froids, ceux à qui on la fait pas, ceux qui rentrent pas dans le rang, ceux qui compromettent la paix à venir, ceux qui je-m-en-foutisme-face-au-danger-qu-il-faut-quand-même-prendre-au-sérieux-quoi-foutre. Qui viennent mettre leur nez là où il faut pas en somme. Là où c'est interdit, sous peine de… tant de choses à vrai dire...

J'en ai vu, dans cette officine, je les ai vu, un paquet, oui. Les officiels, qui sont payés pour, et ceux qui s'invitent : à jacter, exprimer leur point de vue, montrer leur présence sous une forme ou une autre. Exemple. Sarah Roubato. On veut faire sa maligne ? Pas QUE les terrasses ? Aussi le reste ? La liste est longue, et belle : grand tralala sur la bonté ordinaire, le partage, la conscience de soi et des autres, et j'en passe… Bon, j'opine. Pire : avec une emmerdeuse de cet acabit, je vois mal comment être en désaccord. Je veux dire, sur le fond. Pas mal de rigolos lui répondent comme ils peuvent, mais des qui savent pas lire. Parce que si on prend la peine de lire, on peut bien se lamenter qu'elle est naïve la pauvre gosse, mais pas qu'elle se gourre. Non, elle a raison, rien à faire. Et de quelle manière qu'à peine plus tôt elle te remonte les bretelles au Ministre, celui des têtes et jambes, remisé aux Affaires Barbaresques. Le pauvre petit gars qui fait ce qu'il peut avec les veaux. Il vient les rassurer, les veaux. Nous autres. Les mêmes qu'avaient rien à craindre de Tchernobyl, naguère. C'est épatant ces frontières naturelles quand même, force l'admiration. Tout un héritage, ça. Cette fois, suffit d'exterminer trente mille allumés et fermez le ban. Ah oui, y'a de quoi se marrer. Vraiment. Trente mille. Et assuré, ça repousse pas. Quand c'est fini, y'en a plus. La belle affaire. Ce qu'on peut nous faire gober, c'est hilarant.

Et la môme, là, elle accepte pas. Pas la seule, remarque. Y'en a d'autres. Encore eux. Toujours les mêmes. Prends le Jean Moulin, l'Entrici : ah non moi je vote contre, qu'y dit. Résultat : reste plus qu'à se balancer par la fenêtre, rapport au boucher lyonnais. Parce qu'attention la jeunesse émérite, on vous aura prévenu : vous pouvez renauder, barguigner, rendre les billets, mais faut quand même les payer.

Je dis ça, mais bon, ce que j'en ai à faire…

Non, pas si simple, quoi. C'est qu'elle a raison, et qu'en face, ils ont tort. Rien à faire. Ils ont tort ceux qui ouvrent leur braguette guerrière, les grands mâles façon cervidés du fond des bois… C'est qu'ils y rêvent, aussi, à la kalach ; eux aussi ils feraient bien un clip gangsta avec grosse caisse et jolies pépées siliconées. Et je parle pas de ceux qui viennent faire des leçons à la môme, les pitoyables. Enfin si j'en parle, encore, j'en parle parce que lassé. C'est que la lecture, c'est comme l'écriture, un art. Le vieil argentin avait tapé dans le mille là-dessus : pas simple d'être un bon lecteur, foutre.

Voilà qu'avec tout ça, je me suis mis dedans. Comprendre : parler pour ne rien dire. Même pas un mot d'excuse. Oh si peut-être. C'est que je l'aime bien, moi, le laïus de la môme. Elle donne envie, non ? Envie de conspuer les ceusses qui viennent l'emmerder. Parce qu'ils m'emmerdent aussi, faut préciser. Y'a déjà assez des médiocres qui tiennent la baguette et qui éructent sans rien comprendre à ce qui se passe, sauf qu'ils rêvent de demeurer jusqu'à la tombe le cul assis dans le Louis XIII qu'ils occupent ou mieux si possible, qui se lavent anticipativement les mains des carnages à venir… Pas vu pas pris, hein ? Ceux-là, rien à faire, on n'y échappe pas, et depuis longtemps. Le père de mon père, et son père, jusque loin, on a vu ça. Mais les autres, là, qu'ont rien à gagner sinon à exprimer leur misérable existence… On peut bien s'en passer, quoi…

Que j'en fasse partie, de la bande, des misérables en question, possible, bien sûr. Je te l'accorde. Pas une raison, toutefois, pour me la fermer. Raison pour l'ouvrir plutôt, parce que voilà, il y en a une de raison, pas croire, c'est que quand tu dis non, j'ai envie de dire oui. Pas pour te faire chier, non, pas ça. Juste dans l'espoir que ça t'aidera un peu. Et les autres aussi. A y voir clair dans ce brouillard. Ceux qui passeront par ici, au hasard Balthazar. Juste envie de gueuler un peu quoi, pour la forme, envie de dire quelque chose du genre : on a assez d’emmerdeurs de catégorie supérieure sur le dos, pas la peine d'en rajouter de petit calibre ! Qu'on me traite de donneur de leçon, je veux bien, j'assume, pas le choix. Mais surtout, à retenir : qu'on soit pas du même avis que les rares qu'essaient de faire fonctionner leur cervelle, j'y vois pas de problème, pas le moindre, au contraire, j'encourage… à condition quand même d'avoir quelque chose à allonger. En premier lieu : lire. Comme dit plus haut. Je me répète, mais ça en vaut la peine. Point numéro deux : l'invective, je me la réserve, puisque j'ai rien à dire, donc pas d'invective, du solide, du constructif, du débat, vrai, costaud, lui rentrer dans les plumes, mais à son niveau. C'est comme à la boxe, quoi : faut respecter les règles. Se mettre à hauteur de l'adversaire, ou c'est le tapis. Et des fois tout le monde y va au tapis.

Tant qu'à faire, autant éviter.

Parce que là, au tapis, ça saigne. Pas qu'un peu.

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