Comme des flux intuitifs. Des émergences, rapprochements, fulgurances, plus ou moins pertinentes, plus ou moins convenues.
Dans un monde où l’impression dominante est celle de toutes les pertes, perte de repère, perte de nature, perte d’espoirs et d’espérance, perte de vie, de santé, perte de pouvoir d’achat, perte de sens, etc., certaines voies qui paraîtraient aisément parallèles, sans lien, dramatique ou vaine chacune de son côté, soudain deviennent ensemble signifiantes, et s’éclairent l’une l’autre, fut-ce sombrement.
Voici dans un continent que j’ai quitté il y a six ans les dirigeants se préparer à étouffer dans l’œuf une volonté populaire se manifestant, à travers les élus qu’elle s’est choisis, dans un projet de vote, un référendum.
Voici dans un pays que j’ai quitté il y a quelques semaines les dirigeants, chaque jour moins légitimes quoiqu’élus (pour certains d’entre eux), organiser ce jour un simulacre de vote.
Voici les premiers piétinant une aspiration populaire et nationale, voici les second piétinant une aspiration populaire et nationale.
Les événements ne semblent pas se confondre. Et pourtant il s’agit de la même réaction : le mépris pour tout ce qui vient contrarier le plus violent des désirs, celui de la toute-puissance. Le mépris, en particulier, pour une population qui dit non, et pour ceux qui tentent de la guider vers un avenir possible, mépris se muant en haine, visible ou non.
La haine se fait meurtrière certaines fois en passant par les armes, d’autres fois en laissant mourir celui à qui on a enlevé le pain. Il y a toujours la mort au bout. Au bout du fusil ou au bout de la misère.
En ces temps incertains je m’interroge… Rendront-ils un jour des comptes, ceux-là, qui ravalent l’humanité au rang de barbarie permanente ? Et ceux-ci, qui continue d’espérer contre toute attente, verront-ils un jour le résultat de leurs efforts, récompensé leur sacrifice ? Osons le croire.