LE BÉBÉ BANQUIER
Il est roi de France. De France sans Navarre
Au riche dépensier, le pauvre reste avare
Triste Sire est hanté : l’argent, l’argent, l’argent
Aujourd’hui est trop loin et demain est urgent
Il avale clef du coffre et dit que l’or manque
À quoi peuvent rêver les employés de banque ?
Son acte de décès tant qu’il amasse à temps
Qu’il persiste et signe son plus grand testament
Fossoyeur fastueux, visiteur de cim’tière
Heureux roteur d’euros, vomisseur de misère
Dépeceur d’épave, ripeur sous R.I.P
P’tit pickpocket de gueux, V.R.P d’V.I.P
Et tapin des puissants et pantin de nanti
Populo démenti, intello repenti
Parieur du hasard, croupier croulant sans ride
Assoifeur d’ignorance, imitateur du vide
Valet ventriloque des voleurs de valeur
Suppôt du désastre, p’tit puceau du malheur
Commissaire prisé, p’tit roquet du Touquet
Boursicoteur surfait, friqué tout freluquet
Cracheur d’abondance, luxueux bourriquet
Grand gardien du temple, maître-chanteur d’horloge
Saint sonneur de cloche, tapisseur de la loge
Grand fraudeur fortuné, parodieur de Picsou,
Monnayeur maniéré, mangeur de quatre sous
Fiefé fiduciaire piètre groom d’officine,
Face financière, sinon fière, si fine
Bailleur à billet, pilleur de pilier
D’un seul mot fait grimper le prix d’immobilier
Sa présence tente de faire de son mieux
La massue aux maçons, masseur de vieux monsieur,
Caresse vers l’aine ou bien le rein beau des rois
Monde à l’envers, à l’endroit où Robin des bois
Loue ses services, vend son âme à bon taux
La banque est un couffin, l’Élysée un tombeau.