LE DÉLUGE EN MARCHE
Regardez c’est Noé, oui Noé sans son arche
Fuyez ce navire, le déluge est en marche
Il navigue à vue, va et vogue et nique aux nues
Éphèbes et nymphes sur ces mers inconnues
Il n’est ni méchant, ni médiocre, ni fêlé
Il mène sa barque, ce voyageur zélé
À bâbord, à tribord, à b... Non, tous à tribord !
Le peuple sur le pont, l’élite dessus bord
Des yeux, des mains, des pieds ; c’est une mer de sang,
Sous le ciel bas, gris et bleu cyan, rouge océan
Quand la terre tremble et rouvre tous les sésames
L’azur, un cimetière où retombent les âmes
Son sal vaisseau des morts. À l’assaut, la flibuste !
Ô Vénus de Millau, Marianne n’a qu’un buste
Un pirate n’est pas un escroc, un pillard
Son corps d’âge tendre mais l’âme d’un vieillard
Qu’il est comique et laid, ce laborieux monarque
Triomphe sans son arc, cet ennuyeux énarque
Coquette et caquette, piaille en coq patriote
Au-dessus de mêlée qui n’était pas très haute
Clopin-clopant, claudique en ce glauque cloaque
Qu’on appelle la Gaulle en cloque où il reclaque
Sur le cordage, en cale, les cages dorées font mirage
Il a rechaussé la marée à l’arrimage
Et ma rime amarrée au gars de la marine
La morve au nez lui sort par trou de la narine
La mort venait par l’air, trop lourd et plein de poisse
Le marin reste à quai sur le port de l’angoisse
Fier sur ses deux pattes, se dresse sur la grève
Hurle au vent contraire, va seul, marche puis crève.