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QUINQUENNAT SOUS QUELQU'UN QUI N'A QUE HAINE ET CANON

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Billet de blog 10 avril 2022

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QUINQUENNAT SOUS QUELQU'UN QUI N'A QUE HAINE ET CANON

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A LA FIN DE L'ENVOI

5ème chapitre du récit rimé des cinq dernières années : Quinquennat sous quelqu'un qui n'a que haine et canon Disponible ici : https://quinaquehaineetcanon.tumblr.com/

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QUINQUENNAT SOUS QUELQU'UN QUI N'A QUE HAINE ET CANON

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À LA FIN DE L’ENVOI...

Que ce juvénile s’attire un Juvénal
Sans duper ni tricher à ce grand jeu vénal
Qu’on lui trouve un bouffon, rimeur, écrivaillon

Pour se mettre dans les pieds d’un François... Villon

Non un de ces cire-noms, plumitifs sans plaies,

Dithyrambe à tyrans, courtisans appelés
Encenseur de censeurs, laudateur idolâtre
Coiffeur de crinière de chevelure en quatre,
Ni batteur de croupe, lécheurs de queues-de-pie,

Jupe-à-terre, robe courte et pisse-copie.

Ne cherchant ni tape au dos, ni bravo, ni bourse

Je taris mon éloge aussitôt à la source
Tire vers du nez au Pinocchio du pinacle,
Ce salaud de salon, cynique de Cénacle

Menteur sans le talent d’un acteur aquilin

(Le rôle de sa vie qu’a joué Coquelin)

Me voici... Cyrano ?... D’occasion, bas étage
Même art, autre rime, même passion, autre âge

Murmure au pied du mur, presqu’en rez-de-jardin
Je versifie comme prose Monsieur Jourdain
Dans son ombre à tâtons, je recherche sa nuque
J’ôte son masque, son air niais et sa perruque
Alors, j’ôte mes gants puis le mouche du coude
À la fin du convoi solennel, je le boude...
(Ses joues ? Des monts roses, tant d’autres fois dardées)

À Edmond Rostand, révérences gardées
Si je suis Cyrano, il est mon Montfleury
Je vomis juste en vrac mes banals mots fleuris
Et si au moins ces vers valent mieux que les miens,
Ces simples mirlitons sont unis par mes liens
Mes rimes riches sont appauvries mais bien libres
Et ne sont pas prêtes à plier sous leurs chibres

Ma plume est tirée de chouette de Minerve.

D’homme de Bergerac, j’ai le nez, pas la verve
Ni feutre, ni cape, - qu’y puis-je ? - j’peine seul
À noircir ma feuille blanche comme un linceul
À lueur d’un néon, mon néant insomniaque
Que je noie seul dans mon encrier d’ammoniaque

D’où je sors mon fusain sous ma côte de maille

Le jour je ferraille, quand la nuit je rimaille

Non qu’il m’intéresse ou bien même me fascine.

Je dois tuer l’ennui, ma vengeance assassine

Alexandrin Le Grand ? Mes vers sont des épées

Mes épitres percent, dans le cœur des poupées

Romain de la rime, César de la césure
Je l’aurai d’un seul tir, je l’aurai à l’usure

Ma plume raye d’un unique trait pour trait

Décoche et décroche, balance son portrait
Il faut la remuer car elle s’engourdit
(Tout ce qu’on entend n’a pas encore été dit)

L’ai laissée dans le cœur de son prédécesseur,

Délinquant détenu, un autre dépeceur...

Mes initiales sont gravées sur sa peau cible

J’étends cette rime au domaine du passible

À pointe d’encre, à pointe de fleuret,
Brise votre glace pour mirer mon reflet

Ma plume et moi rimons à son tout premier jet

Nous nous moquons de vous, car c’est notre rejet !

                                    *
Face à l’édifice, enfant de rien ou presque

J’écris avec mes pieds, esprit chevaleresque,

Mille mesures, cent quatrains ou dix sonnets

Gardien de montagne n’atteint pas les sommets

C’est un roc, c’est un cap, son fort de Brégançon

Habité d’un enfant, que dis-je, un grand garçon

Pille son pavillon puis vide la corbeille

Vole le papillon, pique et pique l’abeille,

Abeille royale ? Sa majesté de mouche
À merde, s’enfuit à la première escarmouche

Drôle de d’Artagnan tout en délicatesse
Je lèse-majesté et darde son altesse
Tirer révérence ? Plutôt mon espadon
Le fait rendre gorge, qu’il implore pardon,
Se repente et rampe, mais surtout qu’il se taise

Lui qui fait d’un exemple, une loi, une thèse.

Avec ma rapière, je tiens ce jeune éphèbe
Le traine dans la nuit, le rejette à la plèbe
Et je le tance par cette salve de stance

Et ne le dispense d’aucune autre sentence
Le tag, le spam, le troll, le skip, le scroll, le stalk,

Qu’il mange sa purée, qu’il en sniffe son talc

J’étrille, disperse puis je porte estocade
À ce vaniteux, fier, gâté, plein de tocade
Ce gosse se gausse, se rehausse du col
Rabaisse sa fonction, toute éclatée au sol,
Ne touche plus terre, plus le monde ; il l’évite.

Sa tête enfle et monte. Qu’il se dégonfle, et vite !

Qu’il choit de sa chaise qu’il prend pour parapet

Par bien des aspects, lui impose le respect

Je lui inculque la politesse. Qu’il calque

Son piédestal sous la forme d’un catafalque

Bref, mon cœur balance entre la craie et le glaive

Je suis ce cancre qui gifle le bon élève

                                  *

Si j’eus du courage - c’est à peine si j’ose -

J’eus pu dire une chose... Oui dire, bien de chose...

Étonné : comment donc, d’un roi Mérovingien

La France passe à un écolier, collégien ?

Admiratif : qu’il en eut fallu du talent

Réussir à n’être rien en ayant autant

Lyrique : mignonne allons donc voir si la merde

S’étale à l’isoloir. Qu’au matin, nul s’y perde

Lucide : on n’aura pas le cul sorti des ronces
Des trous de semences ou des coups de semonces

Méritoire : quel franc-parler, oui quel franc-fief !

Il traite les français de sot... En devient chef.

Agressif : tous les cons sont braves ou méchants

Certains sont présidents, les deux, cas échéants

Béat : ose tout, à ça on le reconnaît
Gros comme au milieu de la figure est ...un nez ?

Enthousiaste : tant de vide remplit d’espoir

L’âne n’a jamais soif mais redemande à boir’

Optimiste : perdu pour perdu, on y gagne

Fataliste : on a donc voté pour un beau bagne

C’est raté cette fois, espère en se leurrant
La défaite en chantant, la victoire en pleurant

Pédant ? Naïf ? Gracieux ? Curieux ? Ou Indulgent :

Tant de bêtise rend peut-être intelligent

Suspicieux : de guerre lasse, pourquoi, de grâce,

Avoir élu, hélas, ce délégué de classe ?

                                *

Du début à la fin : bâton, carotte, fane
Comme en son mandat, il passe du coq à l’âne.

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